Hier, j'ai retrouvé dans la grand placard de mes parents, tous mes vieux magazines d'Amstrad Cent pour Cent. Ils dataient de la fin des années 80, début années 90. Je ne les avais pas lu depuis des lustres. A la simple vu de leurs superbes couvertures, tant de souvenirs me sont revenus en tête. Ah nostalgie, quand tu nous tiens !

L'Amstrad est sans aucun doute la machine pour laquelle j'ai le plus de tendresse. Ce n'était pourtant pas ma première - le Vectrex étant arrivé avant - mais c'est elle qui m'aura vraiment fait découvrir mes premières grandes joies vidéo-ludiques. Un jour, je m'écrirais une petite chronique qui lui sera dédiée, même que ça s'appellera "Amstrad My Love", tiens !

Mais revenons à mes précieux magazines. Amstrad Cent pour Cent fut lui aussi mon premier vrai amour de magazine papier. Je me souviens du jour où mon père m'a ramené le numéro 2 : la couverture était étrange, avec un barbare armé d'une immense épée, ce qui n'avait aucun rapport avec les jeux vidéo. Des couleurs bleues, orange... un logo immense. Le choc, quoi ! Avant lui, j'avais dû avoir quelques numéros de Tilt, dont l'austérité et le côté froid ne m'ont jamais entièrement conquis. Ce n'était vraiment pas le même monde. L'intérieur était plein de dessins étranges, mais fascinants, et les textes étaient souvent drôles. J'ai relu ce magazine des dizaines de fois, fantasmant sur chacune des photos de jeux qui promettaient monts et merveilles. Tiens, je me souviens aussi d'une news expliquant qu'une jeune fille avait gagné un abonnement à vie au magazine. Je crois qu'elle avait gagné ce droit en étant la première à leur écrire. La chance !

Pourtant, je dû attendre plus d'un an avant de devenir un lecteur assidu du mag. Le numéro 18 devint donc mon second numéro, et il ne serait pas le dernier. Encore une fois, la couverture était assez étrange, mais je me souviens surtout de l'intérieur qui était dédié au grand film qui venait de sortir aux USA et qu'on attendait de pied ferme en France : le Batman de Tim Burton. Je crois que je ne connaissais ce personnage qu'au travers la série des années 60 avec Adam West. Bim, bam, boum ! Et c'est grâce à Cent pour Cent que je me suis intéressé aux comics et que j'ai découvert des personnages comme Daredevil ou des auteurs comme Franck Miller. Peu après, j'étais même allé m'acheté une revue Batman : c'était Souriez (The Killing Joke) d'Alan Moore. Tu parles d'un choc ! J'ai toujours ce numéro, bien que l'âge l'ait passablement endommagé.

Car Cent pour Cent c'était aussi ça : un  esprit rock'n roll avec des sujets qui traitaient de la musique non commerciale, des comics qui n'intéressaient que quelques personnes underground et plein de trucs dans ce genre. Ces pages n'étaient, honnêtement, pas mes favorites à l'époque, mais sans que je m'en rendent compte, elles m'ont profondément marquées et influencées. Je regardais bizarrement les vignettes présentées, et c'est seulement des années plus tard, lorsque je découvris quelques comics par moi-même, que je me suis rendu compte que mon cher Cent pour Cent en avait parlé bien des années auparavant. Les Watchmen, Batman Dark Knight, Acquablue... Ils avaient bon goûts...

 

 

Les couvertures étaient toujours très belles. Sauf vers la fin où la nouvelle maquette ne rendait plus vraiment honneur aux superbes dessins, sans rapport avec les jeux, mais qui donnaient tant de personnalité à la revue. A l'intérieur, je me souviens des caricatures des testeurs : il y avait Poum, Matt Murdock (qui n'était autre que Patrick Giordano, un des grands pilier de Player One), Robby... Puis, il y avait ce personnage inventé, Poke, qui présentait des grands listings en basic, et qui était inspiré de Monsieur Spock, pardi ! Au bout d'un moment, il eut carrément une BD consacrée à son personnage, dans laquelle il se perdait dans le temps. J'aimais beaucoup. Je réutilisais le personnage pour rendre un devoir au collège, ce qui me permit de gagner un concours de dessin avec le journal La Marseillaise ! Un premier prix qui me valut entre autre une croisière pour la Tunisie ! Le plus marrant, c'est que ma prof de dessin, une femme un peu taré soit dit au passage, ne m'avait mis qu'un petit 13/20 pour ma belle planche. Je vous dis pas comme elle était vexée de me voir remporter le concours avec mon Poke... Au lieu de me récompenser, elle m'avait même dit "Mouais, ils n'ont jugé que la forme, pas le fond." Et moi qui pensait que ça lui ferait plaisir d'avoir un élève qui gagne un concours ! Enfin bref, au moins j'ai eu la chance d'être reconnu de mon vivant !

Je suis resté fidèle très longtemps au magazine. J'ai pourtant arrêté de le prendre vers la fin, car l'Amstrad était presque mort et que le magazine ne proposait pratiquement plus que des listings. Il n'y avait presque plus de jeux qui sortaient, et le mag devenait franchement maigrichon. Le pire c'est qu'il était passé de mensuel à bimestriel... puis trimestriel ! Et pourtant, il devenait toujours plus rikiki. Et puis un jour, en passant chez mon libraire : le choc. Se tenait devant moi le dernier numéro de Cent pour Cent. Deux crocodiles sur la couverture, la mascotte de la marque, et cette phrase "Nous nous sommes tant aimés". Ça y est, après 49 numéros et cinq ans d’existence, le mag tirait sa révérence. Et il faisait ça en octobre, le mois de mon anniversaire en plus. J'achetais naturellement le numéro, ému et triste. A l'intérieur ? Pas un seul test. Il n'y avait plus un seul jeu qui sortait, et c'est bien ce qu'on nous expliquait à l'intérieur : l'Amstrad était mort et le magazine n'avaient plus de raison de continuer.

Il faut savoir qu'une partie de l'équipe a continué dans le magazine culte Player One, premier magazine entièrement consacré aux consoles. Cent pour Cent en faisait d'ailleurs la pub chaque mois. Les couvertures étaient du même style que Cent pour Cent, et je me souviens entre autre de la couverture du numéro 1, signée par le dessinateur de la série Acquablue, Olivier Vatine. Mais curieusement, je n'ai jamais acheté un seul numéro de Player One. Jamais. Et pourtant j'en ai acheté des magazines à l'époque ! Je ne m'étais d'ailleurs pas rendu compte qu'il s'agissait de mes vieux potes qui continuaient ailleurs. Je n'étais peut pas très console non plus - j'ai toujours trouvé que les micro-ordinateurs avaient un truc que les consoles n'avaient pas - et j'étais devenu un lecteur assidu du non moins mythique Joystick (depuis le numéro 1 mensuel), puis par extension de Joypad (numéro 1 aussi, avec sa couverture de Streets of Rage). Aujourd'hui, je regrette un peu d'avoir manqué le coche avec Player One qui semble avoir marqué tant de gens, mais c'est ainsi. Ceci dit, ils avaient la réputation d'être un peu trop Pro-Nintendo, et moi qui suis plutôt un Segaphile, pas sûr que j'aurais vraiment accroché.

 

 Pub d'une de mes compil fétiche sur CPC. Dragon Ninja et Robocop auront bien tourné chez moi !

 

Mes Cent pour Cent je les ai aimé, chéri... et tellement maltraité aussi. J'ai découpé tellement de pages que j'en ai fait de la charpie. Je collais les images sur mes... hum hum... copies de disquettes, dans mon agenda, je les utilisais pour mes fanzines... Oui mais à quel prix ? Un massacre, je vous dis. Aussi hier, quand j'ai vu ça, je me suis dit "Ah quoi bon" ? J'ai feuilleté une dernière fois mes précieux mags, je me suis rappelé encore bien des souvenirs, et je les ai jeté à la poubelle, non sans avoir découpé encore quelques pubs et les plus belles couvertures que je garderais précieusement dans un classeur. J'ai quand même gardé 3 numéros qui étaient pratiquement intacts (étrange !) et surtout le dernier numéro. N'empêche, c'est dur de les voir finir à la benne.

Car, je peux vous dire que pour moi, ça n'a pas été si simple. Mais il faut parfois savoir tourner la page comme on dit, surtout quand elle est toute découpée. Et puis, même si ce n'est pas tout à fait pareil, je pourrais toujours me replonger dans mes mag fétiches grâce au site de mon pote Fredo, Abandoware Magazines, où plein de revues de jeux de l'époque sont entièrement scannées pour notre plus grand plaisir. Tous les numéros de Cent pour Cent sont présents, avec toutes les pages intactes.

Bref, ce n'est qu'un au revoir. Et encore merci pour toutes ces belles années, l'équipe. Votre dernière accroche était tellement vraie : Nous nous sommes tant aimés...