Tout salaire mérite travail. 

Yvon Gattaz

 

 

 

 

 

Shigeru Miyamoto est sans conteste l'un des plus beaux exemples de réussite de l'industrie du jeu vidéo. Le papa de Mario fait partie de ces pionniers de cet ex-nouveau média qui a connu la gloire. Tous n'ont certes pas eu cette chance mais d'autres y sont quand même parvenus (Bobby Kotick, Gabe Newell ...).

Mais ces quelques brillantes carrières professionnelles ont le mérite de s'être forgées en étant accompagnées de pléthores de personnes. Et ces personnes, ce sont toutes celles et ceux qui travaillent dans le secteur vidéoludique. Car oui, aujourd'hui le jeu vidéo est un véritable business à lui tout seul. Loin des débuts stigmatisés qu'ont pu connaître l'Atari 2600 ou le Commodore 64, l'industrie du jeu vidéo est aujourd'hui un secteur représentant 2,7 milliards d'euros de CA en France et qui emploit 5 000 personnes (dont 68% de CDI). Ce n'est donc plus une niche mais un vrai marché ...

Le succès de grosses licences comme Call Of Duty (voir Call Of Duty : 500 millions de dollars en 24h) ou Halo (voir Halo 4 : 220 millions de dollars en 24h), la diversification du marché via le snack gaming sur smartphones, les subventions d'Etats, ou encore la guerre des consoles entre les constructeurs sont autant de faits marquants qui montrent que ce secteur d'activité est en pleine mutation et en pleine croissance. Et pas de croissance sans emplois.

Et finalement, c'est grâce à des personnages comme Miyamoto qu'aujourd'hui le rêve est permis de travailler au sein de cet univers. Mais tout ce petit monde, qui travaille d'arrache-pied pour notre plaisir vidéoludique, est-il rémunéré convenablement ? Etat des lieux dans 3,2,1 ... 0.

 

 

 

100 patates ?!

On peut exercer bien des métiers dans le jeu vidéo. Tout le monde ne doit pas être programmeur pour réussir. On n'est plus obligé de bouffer du code pour se démarquer et se faire une carrière vidéoludique. Aujourd'hui, à l'heure de l'Internet moderne et du marketing viral, les techniques de vente et de production ont aussi envahi le monde du jeu vidéo.

En effet, tout le monde sera d'accord pour dire que Call Of Duty : Black Ops II n'est objectivement pas le jeu le plus beau, le plus fun et le plus réussi du genre (bien qu'il soit quand même très bien). Pourtant, Activision Blizzard a déployé sa force de frappe marketing aussi massive soit-elle pour continuer d'entretenir le buzz autour de ce jeu. Mieux encore, l'éditeur a fait de cette licence une vraie marque à part entière, attendue chaque année comme le messie par des millions de fans. World Of Warcraft et Diablo font également partie de ces jeux phénomènes. Des jeux encore signés Activision Blizzard tiens donc. Blizzard, Blizzard, vous avez dit Blizzard ?

Mais pour que le marketing fasse vendre, il ne suffit pas de matraquer les écrans TV de publicité. Il faut aussi du monde derrière toutes ces idées et ces créations. Et, comme le dit l'adage, tout travail mérite salaire.

Petit tour d'horizon donc sur les salaires du jeu vidéo.

 

 

Les métiers transverses

 

Les métiers techniques

 

Les métiers du design 

 

Les métiers de l'image et du son

 

Les métiers de la production

Le salaire mis en évidence est la moyenne du secteur, celui en italique entre parenthèses est le salaire minimum ou maximum constaté

 

 

Ainsi, on peut remarquer qu'il n'est pas si facile de gagner des montagnes d'argent dans l'industrie du jeu vidéo. Certes, il y a de belles moyennes de salaires, mais pour faire partie de ce qu'on appelle poliment les CSP+, il faut à minima être directeur ou chef de projet.

En comparaison avec des métiers dans l'industrie lourde ou pharmaceutique, l'industrie du jeu vidéo a encore beaucoup de retard en termes de rémunération. Mais ne nous méprenons pas, nous ne parlons de même taille de marché et de même maturité. Egalement, la population travaillant dans le domaine est majoritairement une population jeune qui, elle, n'a pas les mêmes exigences que les travailleurs plus agés.

Cependant n'oublions pas une chose : le jeu vidéo reste un métier où il faut des employés qualifiés. Et nul ne saurait tarder que le fossé se comblera plus vite qu'on le croit ... Ne dit-on pas que la rémunération est moins importante que la passion du quotidien ?

 

 

 

Les entreprises et leur positionnement géographique

Après avoir parlé argent sonnant et trébuchant, j'ai trouvé d'autres éléments plus ou moins corrélés avec les salaires qui sont très intéressant.

En effet, le premier synthétise la localisation des entreprises par zones géographiques. Personne ne sera surpris de voir l'Ile-De-France en tête bien sûr. Mais ce qui me choque personnellement, c'est la concentration très marquée sur les alentours de Paris.

En clair, si vous souhaitez travailler dans ce milieu et que vous ne souhaitez pas déménager vers la capitale, vous réduisez de plus de la moitié vos chances de réussite. Assez effarant quand on sait que cette région ne concentre que 19% de la population française ...

 

 

 

Egalement, 60% des entreprises sont des petites structures de moins de 20 personnes. Jeux pour smartphones, développements sur du online gaming sur Facebook ou en flash sur Internet, l'image de la grosse maison d'édition du type d'Ubisoft est loin d'être un standard dans le jeu vidéo en France.

 

 

Enfin, et j'en aurais terminé avec cet article, 3/4 des entreprises ont moins de 10 ans d'ancienneté. Cette statistique montre bien à quel point ce nouveau marché est encore jeune. Outre la belle vitalité affichée du secteur et l'attrait qu'il suscite, ce tableau corrobore les dires de beaucoup sur la maturité encore balbutiante du jeu vidéo. Mais cela est bien normal après tout. Autant aller demander à un gamin de 9 ans de choisir son orientation après le lycée ...
 

 

 

 

Voilà, j'espère que ce petit article aura apporté les informations suffisantes de base à ceux qui sont intéressés par travailler dans cet univers-là. Le monde du jeu vidéo n'en est qu'à ses débuts, c'est un secteur d'avenir en mutation permanente. Rien ne prédit que l'entreprise dans laquelle vous serez ne sera pas demain leader sur son segment d'activité si elle réinvente les standards du métier. Mais rien ne prédit non plus qu'elle ne subira pas de grosses difficultés si la culture du changement ne fait pas partie de ses principes. 
 
 
 
Pour ceux qui souhaitent approfondir ce sujet, le site du SNJV (Syndicat National du Jeu Vidéo), dont j'ai puisé les tableaux de cet article, est plutôt bien foutu pour découvrir la face cachée de ce marché ... clairement pas comme les autres.