Mardi dernier, 08:00:00 AM. Je vais faire mon petit tour hebdomadaire sur le site du cinéma de
quartier comme diraient certains. Et là, que vois-je ? L'avant-première de la dernière composition de Monsieur Tarantino nommée Les Huit Salopards ou The Hateful Eight pour les plus british d'entre nous !
J'en avais entendu parler il y a déjà un petit moment de ce film, mais je l'avais relativement vite
mis de côté dans mes pensées...
Puis bon, étant fan des oeuvres du monsieur en question et réduction cinéday en sus, je me suis
senti obligé de me transporter jusqu'au ciné pour déguster un moment cinématographique en
compagnie du paternel (lui aussi plutôt adepte de Tarantino).

Maintenant, que penser de ces huit salopards ?

Ce que l'on veut Michel, puisque comme tu le sais, les goûts et couleurs : c'est personnel !
Donc la question du jour sera plutôt la suivante :

Qu'est-ce que j'ai pensé de ces huits salopards ?

Ma réponse gravitera autour de huit mots, pour rendre un petit hommage au titre si goûteux du film.

DEPAYSEMENT

Les paysages constituent à eux seuls un élément fondateur de ces deux heures d'intimité... La neige est ancrée dans le sol, il n'y a pas d'issue. C'est vraiment ce que j'ai ressenti devant ces belles images des Rocheuses (lieu du tournage). J'irais presque jusqu'à dire que le spectateur éprouve une sensation d'étouffement... Vous me répondrez que c'est "un peu normal" pour un huis clos mais je vous rétorquerais que la sensation était presque plus forte lors des scènes extérieures où la sensation de liberté devrait pourtant s'imposer. Bon, je veux bien vous admettre que je suis étrange par moments...
  
BRUTALITE

Si le dépaysement est au goût du film, une petite chose nous rappelle à l'ordre et nous dit :
"Merde, t'es devant un Tarantino mec !". Je me refuse de vous ôter le plaisir lié à la découverte
des quelques scènes de cruauté et de brutalité du long métrage puisque lorsqu'on se déplace pour voir une aventure du monsieur en question, c'est généralement qu'on aime ce type de scènes...
Néanmoins, je vous dirais que l'esprit de Django ou de Kill Bill est en notre compagnie, avec une
petite touche très Western. Je ne sais pas si vous voyez l'idée... Un moment de calme, de grand
calme, et d'un coup : tout le monde dégaine son pêteux et ça part en confettis !
Ajoutez à cela la persistance de la tempête hivernale, vous comprendrez rapidement que la brutalité s'est une fois de plus dressée entre (et contre) cette ribambelle de bonhommes (oui...Daisy étant considérée comme une chose, nous ne sommes pas à ça près).

PROFONDEUR

Nous finissions la "strophe" précédente sur Daisy Domergue...bah comment faire l'impasse sur
l'actrice Jennifer Jason Leigh incarnant ce personnage hors du commun ! Dès que j'ai eu le mot
"profondeur" en tête, c'est la "jolie" Daisy qui me venait à l'esprit en premier. Un professeur
de culture générale nous rabâchait systématiquement que l'onomastique était une discipline très importante pour saisir les subtilités d'une oeuvre. Plus le temps passe, plus je réalise que ce cher monsieur avait raison ! La vilaine Daisy à un prénom délicieusement couplé à ses actes et son caractère. J'évoquais la profondeur...vous serez stupéfait devant la beauté des plans sur ses yeux, quel regard ! D'une manière générale, les personnages ne manquent pas de subtilité et ont tous des personnalités marquées. 

CONTINUITE

Certains dirons que c'est dans les vieux pots que l'on fait la meilleure soupe. Je ne suis pas
vraiment d'accord avec cette expression, enfin généralement... Ici, force est d'admettre que M.
Tarantino a bien agi en s'entourant d'un joli lot de comédiens habitués à collaborer avec lui.
De Samuel L. Jackson (Pulp Fiction ou Django Unchained) à Kurt Russell (Boulevard de la mort),
la continuité est à l'ordre du jour et cela fonctionne vraiment bien. Ce qui se comprend puisque
une partie du casting avait déjà joué ensemble sur les précédentes oeuvres de notre génie adoré !        

CONFIANCE

Ah... Voilà un point intéressant, laissez-moi vous dire pourquoi ! "Oui ou non ? Dois-je lui faire
confiance ? Tic tac Tic tac (le temps passe...)" Cette situation, on peut la retrouver constamment pendant la séance, et c'est tout simplement ce qui fait le sel du film. Tarantino a voulu travailler ce sentiment complexe qui nous tourmente tous plus ou moins, la confiance.
Et finalement, le genre Western est le théâtre absolu pour jouer avec le spectateur. Ce personnage est-il sincère, bon, cruel ? Ces questions, vous vous les poserez plus d'une fois...et vous n'aurez jamais la bonne réponse du premier coup !  

MINUTIE

Le sens du détail, tout le monde ne l'a pas mais certains l'ont, pour sûr chef. Ambiance flingue
sous la table, plancher vieillissant et café douteux... Je crois ne pas avoir besoin d'en dire plus
et je n'ai réellement pas envi de vous révéler quoi que ce soit. Sachez simplement que "minutie" est un mot faisant corps avec le film ! 

RUSTICITE

Rusticité, un autre terme bien choisi pour causer de nos huit salopards. Je pense évidemment aux
environnements du tournage, avec en tête de liste la bonne vieille mercerie de Minnie...
Comprendront ceux qui pourrront...les autres : qu'attendez-vous pour vous jeter au ciné après tout
ce que j'ai dit ! Le mobilier, le lieu du tournage et son côté sauvage, les personnages. Tous
ces éléments nous ramènent vers mon sous-titre !   

AUTHENTICITE

J'ai évidemment gardé le meilleur pour la fin... Authenticité, ok, mais pourquoi ? Parce que Ultra
Panavision 70mm, cela va de soi. La restitution des intérieurs comme celle des paysages enneigés est tout bonnement incroyable ! Nous faisons parti de la scène, nous sommes impliqués dans les longues discussions entre les protagonistes, c'est intimiste à souhait et j'adore ceci.
De plus, cette touch "authentique" (vintage dans un sens) est ici bien pensée et bien perçue, pas comme la barbe de Delahousse (coup de gueule de la semaine...).

En fin de compte, je ne peux que vous recommander d'aller voir la huitième pépite de ce grand réalisateur, scénariste, producteur, artiste tout simplement. Pendant plus de deux heures, j'étais devant un film différent des gros blockbusters habituels, la sensation est toujours à part, propre à Tarantino. Et au fond, ne serait-ce pas la clé du succès de ses productions ?