Connaissez-vous cette citation de Jacques Brel, également prononcée par Bill Murray (en VO) dans "Un jour sans fin" du regretté Harold Ramis ?

"La fille que j'aimera sera comme bon vin qui se bonifiera un peu chaque matin"

(oui, que "j'aimera" !)

Hé bien c'est métaphoriquement sur Tales of Symphonia que je vais appliquer cette citation, car je souhaite vous faire partager aujourd'hui mes toutes premières impressions sur Tales of Symphonia Chronicles, sur PS3, après trois heures de jeu.

Tales of Symphonia est sorti sur Gamecube en août 2003 au Japon, et après plus d'un an, chez nous en novembre 2004. Dès sa sortie européenne, je l'a acquis en ne sachant qu'une chose : la série "Tales of" était une licence très appréciée au Japon, et c'était la première fois que nous allions pouvoir y toucher. Inutile de vous dire que ce jeu a été le commencement d'une nouvelle addiction, et c'est depuis ce jour que je suis à l'affût du moindre épisode sorti en Europe (hé oui, seulement ceux-là), à l'exception de Dawn of the new world. Ca m'a fait rater les perles que sont Tales of Destiny 1 et 2, surtout.

Bref, Tales of Symphonia a eu un impact auquel je ne m'attendais pas : et je suis devenu fan. Pourtant, Symphonia n'est pas mon épisode préféré, mais là, c'est plus une question de goût que de recensement de ses qualités et défauts, bien sûr.

Cela dit, pouvoir y rejouer aujourd'hui dans des conditions confortables, c'est comme revoir un film qu'on avait adoré étant enfant, et le redécouvrir aujourd'hui avec plus de recul, mais un amour intact.

Que vaut-il, alors ?

Après trois heures de jeu, donc, mon ressentiment est très positif, malgré quelques petits couacs (rien de bien grave, vous verrez !).

Le point sur l'opening du jeu

Comme vous vous en doutez, dès le début, nous avons le choix entre Tales of Symphonia premier du nom, et Dawn of the new world, sa suite (que je ne connais pas, donc). J'ai donc commencé par Tales of Symphonia, et là, première claque monumentale, je m'explique :

Les versions américaine et européenne du jeu nous avaient purement et simplement changé le générique d'intro japonais, Starry Heavens interprété par Day after Tomorrow, pour le remplacer par une musique qui se voulait un peu épique.

Ce n'était qu'après et sur Internet que j'avais découvert ce superbe générique, mais les choses sont allées plus loin : une version PS2 est sortie exclusivement au Japon, et ils avaient choisi de mettre un tout nouveau générique (chanté, comme Starry Heavens). Problème, il semblait que la version Chronicles sur PS3 reprenait la version PS2 pour bénéficier de son contenu exclusif.

MAIS, ils ont eu la joyeuse bonne idée de, non seulement, remettre le superbe générique Starry Heavens, mais en plus, nous avons droit à une toute nouvelle version orchestrale du plus bel effet, toujours chantée par le même groupe. Un magnifique moment !

Une réalisation solide...pour l'époque !

Je ne vais pas faire un test complet du jeu, d'une part parce que, comme je l'ai dit, il s'agit là de mes premières impressions, et d'autre part, je vais surtout parler de ce que peut apporter cette nouvelle version.

C'est pourquoi, mentionnons tout de suite la chose qui fâche : la réalisation. Alors certes, à l'époque de la Gamecube, et même après le passage de Final Fantasy X par la PS2, hé bien ce Tales of était très beau. Mais forcément, dix ans après, les textures ont pas mal vieilli, et cela, malgré l'effort du passage à la HD. Mais attention, nous avons là un résultat tout à fait respectable, et les personnages ont bénéficié d'un léger petit lifting, histoire d'être présentables sur notre chère PS3.

Oui, on sent que le jeu a dix ans, même retravaillé...

Pourtant, même si le niveau de la réalisation ne peut même pas espérer une digne appréciation de la part du joueur exigeant que nous tendons à devenir, toute la force de ce Tales of, comme beaucoup d'autres, est de proposer non seulement une variété de lieux colorés et exotiques, mais aussi de parvenir à les enchanter.

...Mais le charisme des personnages nous fait oublier l'âge des textures

La bande-son

Et c'est là que le principe d'immersion entre en jeu : l'enchantement ne se fait pas qu'à travers les yeux (je le redis tout de même : des yeux nostalgiques), mais à travers sa musique. Et là, Tales of Symphonia est exceptionnel ! Une fois n'est pas coutume, c'est Motoi Sakuraba qui est derrière cette petite perle de bande originale, le compositeur attitré des Tales of.

Nous voguons au long de douces berceuses, nous envolons avec ce qui s'apparente pas mal à du New age, et combattons au rythme de musiques entraînantes. Non, cette BO est particulièrement bien travaillée, même si là encore, je ne puis parler que de celle de Symphonia, ne connaissant pas -je ne le dirai jamais assez, Dawn of the new world (néanmoins, même si d'après ce que j'ai pu lire et entendre, les musiques sont un cran en dessous, on a toujours le même Motoi Sukaraba aux commandes).

Et pour accompagner la musique, Namco Bandai a eu la miraculeuse initiative de proposer les voix japonaises (ne pas oublier de configurer les voix dès le menu, parce que par défaut, vous aurez les voix anglaises). Grâce à cela, je redécouvre un Tales of avec un nouveau regard (pardon, de nouvelles oreilles), et cela ne fait que me rappeler à quel point le seiyuu (le doublage japonais) est un art : les acteurs sont à fond, comme toujours, ils vous donnent l'impression de jouer le rôle de leur vie.

A propos du doublage, de manière plus générale

Je me permets d'ailleurs une petite remarque : Il faut rappeler qu'au Japon, les doubleurs sont de véritables stars, mais ils restent aussi très professionnels. Ainsi, le doubleur d'un personnage de manga va aller jusqu'au bout et doubler son personnage dans les jeux vidéo et, ce dont les japonais sont très fans, les drama ! Et je trouve qu'en France, nous avons d'excellents doubleurs, qui de plus en plus, se penchent également sur le doublage du jeu vidéo (tiens, le premier qui me vient à l'esprit, c'est Guillaume Orsat, doubleur de Pete Gallagher dans Newport Beach, de Nathan Fillon dans Castle et Booker DeWitt dans Bioshock Infinite).

Bref, revenons au jeu.

Le système de combat

La série Tales of a sa marque de fabrique, le Linear Motion Battle System, qui rend les combats extrêmement dynamique et en temps réel. Pour moi, Tales of Xillia est celui qui lui fait le plus honneur, bien qu'il nous donne facilement une impression de puissance, et je suis de ceux qui en attendent beaucoup des systèmes de combat, j'entends par là le contenu et le contenant, et à ce sujet, Tales of Symphonia s'en sort bien encore aujourd'hui, et il est étonnant de voir que dès cette époque, il était déjà aussi élaboré :

- Les menus sont très clairs et intuitifs (dommage qu'ils aient conservé ce vieux curseur pixélisé, on est dans l'ère de la HD bon sang),

- Les combats, bien que fluides, ne sont pas aussi bourrins que ceux de Tales of Xillia, et je dirais même que Graces et Vesperia. Et c'est là que je reconnais mes lacunes, lacunes imposées quelque part par les développeur d'aujourd'hui : le jeu n'est pas aussi facile que ses petits frères, loin de là, et c'est presqu'un plaisir en ce sens que je n'ai pas attendu une dizaine d'heures de jeu pour toucher à la stratégie d'équipe, contrairement aux épisodes récents, qui sont, disons-le, un petit parcours de santé (surtout Xillia).

Les Tales of sont une référence en matière de combats, et Tales of Symphonia applique ce principe, sans surprise.

- Et la stratégie, que permet-elle ? Comme pour tous les épisodes, c'est très simple, il s'agit de donner des priorités à l'IA de notre équipe : tel personnage restreindra sa magie en dessous de 25, 50 ou 75%, soignera en priorité ceux qui subissent de gros dégâts, etc. En ce sens, ayant passé de très (très) longues heures sur Xillia, dont le système de combat mise sur les binômes, je me suis mitonné une petite stratégie avec un personnage qui attaque les mêmes ennemis que moi, un autre est soigneur et un spécialisé en attaques magiques. Il convient toutefois de relever que trois stratégies par défaut sont proposées (économie, défense, soutien), et doivent pouvoir suffir à ceux qui ont la flemme de modeler leur plan d'attaque.

- Ensuite, comme pour les autres épisodes, chaque personnage dispose d'attaques qui usent de PM, les Artes, avec bien entendu des mystic artes à débloquer. Petit coup de coeur sur cet épisode, les artes s'apprennent en plein combat. Par exemple, vous affronter un boss, ou même un simple ennemi sur la World Map, et d'un coup, un ralenti nous annonce que le héros apprend un arte, et ce dernier l'utilise de suite. Cela nous donne tout de suite un petit aperçu de la nouvelle attaque et, dans le feu de l'action, on s'y croit !

- Toujours pour le combat, on retrouve le classique système de titre attribué au personnage, au fil de l'aventure, qui lui confère des avantages sur la force, la vie, la magie, etc.

- Un système de Capacités EX, qui propose de combiner des gemmes afin de conférer des bonus de combat.

- La cuisine, qui a toujours eu un rôle important dans les Tales of, est bien là, et si les héros disposent des ingrédients nécessaires, il leur est possible, à la fin du combat, de cuisiner des plats qui leur permettront de récupérer des PV ou autres.

Comme vous pouvez le voir, le système de combat est à la fois très simple à prendre en main, mais il propose de nombreuses possibilités, d'où l'importance du contenu et du contenant.

Pinaillons un peu

Hé oui, j'ai relevé deux petits défauts (tout petits) :

- Le premier, c'est l'impossibilité d'accéder à l'écran du choix de jeux. Je ne dis pas que je compte alterner sans cesse entre Symphonia et sa suite, mais il s'agit d'une compilation, et c'est dommage de devoir quitter le jeu et le relancer (bon, en fait, je voulais voir l'opening de Dawn of the new world).

- Et le second, un peu plus pénible : l'impossibilité de passer les cinématiques : ancienne génération oblige, on doit se taper patiemment les cinématiques. Comme l'a dit un testeur spécialiste des Tales of sur un autre site que je ne citerai pas, la première fois, ce n'est pas grave, mais en New Game +, ou même pour la chasse aux trophés, cela peut devenir gênant. Bref, ça n'aurait rien coûté d'ajouter un Skip. Dommage.

Conclusion

A qui s'adresse ce jeu ? Premièrement, aux fans des Tales of (jusque là, ça va). Aux amateurs de J-RPG, je pense que je ne prendrai pas de risque en leur conseillant cette petite perle, et j'irai même plus loin : même si vous avez joué à l'original sur Gamecube, n'hésitez pas à replonger.

L'histoire est très belle, les personnages attachants, et la musique arrive à sublimer le jeu au point de le rendre intemporel.

Juste pour prévenir, il est tout de même plus dur que les derniers épisodes. Est-ce un mal ? A vous de le décider, moi j'ai choisi la symphonie :)

Bien à vous.