On ne l'attendait pas tellement ce disque, enfin je ne l'attendais pas spécialement, n'ayant pas eu d'expérience auditive approfondie sur le groupe en question. C'est l'occasion d'en avoir une avec ce troisième long format des bisontins. Un bloc de quarante minutes, animé d'une puissance démesurée, dévale une pente vertigineuse et prodigieusement accidentée. La chute est contrôlée, un synthé sci-fi l'accompagne de son début à sa fin. Les guitares sont le fruit d'un mariage polygame entre Breach, Converge et Neurosis. Le hurleur vomit tout ce qu'il peut tant qu'il en reste sur sa glotte, avec précision et musicalité toutefois. Le frappeur, bien que sensiblement étouffé parfois, apporte un groove persistant sur tout l'objet, chaque morceau proposant des structures post-hardcore métallisées, légèrement alambiquées, propres au quintet. Voici la valeur ajoutée d'Asidefromaday, une déflagration quasi-permanente, mesurée, réfléchie, posée.  De ce fait, sur ce Chasing Shadows, le travail de production semble avoir été particulièrement minutieux, le résultat n'en est que plus éblouissant. Sept titres survolés par cet étrange et fameux synthé dont la greffe aux compositions fut décidément une brillante idée, tant cet instrument - et surtout la sonorité qu'il génère - donne à l'ensemble un souffle épique tout à fait inédit, le monumental Wolf's Tears Are Falling Stars en tête.

En cet album résident une mélancolie et un désespoir constants, pas bien dépaysant pour du post-hardcore me direz-vous, seulement ces émotions inhérentes au genre sont ici complètement justifiées, portées par une communion instrumentale infaillible. Tout le monde va dans la même direction, les plans s'enchaînent avec une fluidité déconcertante. Il sera d'ailleurs inconcevable pour certains (dont celui qui écrit ces lignes) de lancer le disque sans se le farcir entièrement.

Chasing Shadows est un monolithe d'émotions texturées, agencées par des musiciens inspirés de bout en bout. Et malgré cette impression de se manger un gros parpaing bien compact en plein faciès, chaque morceau, qu'il dure quatre ou huit minutes, est chargé ras la gueule de variations et d'ambiances surprenantes. Asidefromaday signe un troisième effort long ingénieux et ambitieux, profitant de l'intégration du synthé analogique pour emmener l'auditeur adepte de lourdeur mélodique vers de plus cosmiques contrées, toujours ombragées.

 

Tracklist :

  1. Process Of Static Movement
  2. Death, Ruins&Corpses
  3. Wolf's Tears Are Falling Stars
  4. Through The Eye Of The Beholder
  5. Black Sun
  6. Endless Prophecy
  7. Chasing Shadows

 

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