Le monde des gamers est un univers plutôt réputé comme masculin dans l'imaginaire collectif, lieu béni de la violence, des courses de voiture et des armes à gogo. Pourtant, près de la moitié des gamers se révèlent être des gameuses (Source Enterbrain 2012) !

Les filles, ont elles pour autant réussi à trouver leur place dans cette industrie passionnante qu'est le jeu vidéo ? Vaste question à laquelle nous tenterons d'apporter une réponse, totalement imparfaite, subjective et non exhaustive.

 

NON, LES GAMEUSES NE SONT PAS DES BABES

Il ne s'agit pas de traiter dans cet article du cas des babes, ces « stripteaseuses édulcorées » qui arpentent les salons E3, Gamescom, Paris Games Week, dans leur costume de Catwoman, Lara Croft, Red ou tout autre personnage hyper-sexué à forte poitrine. 

Ces salons présentent au chaland une drôle de vision de la femme, mi femme, mi personnage d'Heroic Fantasy. D'ailleurs, ces pauvres babes adulées par le joueur chauffé à blanc par toutes les créations vidéo-ludiques présentées lors de salons du jeu ne sont souvent que des comédiennes en devenir, qui n'ont jamais touché un pad de leur vie, et pour qui l'E3 est un calvaire car elle doivent poser en photo des centaines de fois pendant des heures interminables...

Les gamers eux-mêmes dénoncent parfois l'utilisation outrancière de babes dans le marketing de jeux dans lesquels ces figures féminines n'ont parfois absolument pas leur place. Généralement conscients de la grossière manœuvre se cachant derrière l'utilisation de ces bimbos, la plupart des joueurs ne veulent pas qu'on les prenne pour des décérébrés 

 

Cette distinction faite entre les babes et les gameuses, les vraies, passons au cas de ces dernières, directement concernées par cet article.

 

LES GAMEUSES, CES FILLES NORMALES

Il y a encore quelques années de cela, dans l'imaginaire collectif, les gameuses se classaient systématiquement parmi deux familles bien distinctes : on se situait soit dans la catégorie des « bombes » soit du côté des « wannabe gamers rebelles» moches/insipides à tendance asexuée.

Mais depuis quelques années, la féminisation progressive de la population gameuse bouleverse quelque peu ces idées reçues et ce, notamment depuis l'arrivée de la Wii en 2004. Ainsi est née l'arrivée de la fille normale dans le monde des jeux vidéo. Ni belle ni laide, ni copine ni « biatch », juste une collègue qui a les mêmes passions, les mêmes talents ou skills à Warcraft, qui parfois font partie de guildes féminines ou se cachent sous la cuirasse testostéronée de son avatar de jeu.

Équipe féminine de Counter Strike à la GA 2008. 

 

LE JEU VIDEO, BASTION DU MACHISME ORDINAIRE ?

Les jeux vidéo ne sont en effet pas épargnés par les problèmes sociétaux, et notamment par le manque de respect de certains gamers envers les femmes. Ainsi, malgré des performances et des scores n'ayant rien à envier à ceux de leurs homologues masculins, certaines joueuses confient qu'elles n'osent parfois pas parler pendant une partie de COD de peur de se faire rabaisser ou d'être la cible de commentaires salaces de la part de certains membres masculins en ligne. Une étude a d'ailleurs été publiée récemment sur Gamasutra, montrant que les joueuses seraient trois fois plus touchées par le harcèlement verbal que les joueurs.Et oui, même parmi les joueurs, le machisme a la vie dure... Bien heureusement, tous les hommes ne sont pas de cet avis et certains gamers, à l'image de Wartek, dénoncent ce genre de comportement. Il a notamment mis en ligne une vidéo où il commente le gameplay d'Elecktra de Girlzingame et déclare « Je trouve ça bête de rabaisser une fille parce que c'est une fille », un commentaire qui en dit long sur l'état des relations hommes/femmes dans les jeux, et notamment parmi les jeunes.

 

ET DANS LES SOCIÉTÉS DE JEUX VIDEO, C'EST COMMENT ?

De la même manière, au sein de l'entreprise, le cliché est encore coriace : les filles sont au marketing, les garçons au développement. Cela aussi a tendance à changer puisque de plus en plus d'éléments féminins viennent grossir les rangs des étudiants dans les métiers spécifiques aux jeux vidéo.

L'arrivée de filles dans les équipes de développement qui en résulte (parmi les équipes de graphistes, de développeurs, mais également de producers), a permis d'apporter de la diversité et de la créativité au sein de l'industrie du jeu vidéo. On pourra citer comme exemple le succès de Jade Raymond, qui a réussi avec brio à dépasser son statut de « belle gosse » et est désormais d'avantage respectée pour son charisme et pour les blockbusters qu'elle a contribué à créer (Assassin's Creed notamment). Il en est de même pour la directrice de studio Audrey Leprince, executive producer de l'excellent jeu de stratégie en temps réel « End War » et actuellement patronne du studio Game Bakers.

Une collègue me racontait une anecdote cocasse, assez révélatrice des relations et des problèmes de communication hommes/femmes dans notre industrie : « Je travaillais sur un jeu parodique dans lequel une fille prenait des fessées dans un jeu de rythme. (ndlr : Leisure Suit Larry: Magna Cum Laude). Je m'occupais des animations. Un jour, le producer est venu tout gêné me demander de remplacer la main par une cravache ! Et il est parti en courant ! :) Il m'avait dit ça si rapidement que j'avais à peine compris ce qu'il voulait. Ce sont les programmeurs avec qui je travaillais, qui m'avaient "traduit" sa demande. »

 

ET HELICEUM DANS TOUT ÇA ?

A l'inverse, nous pouvons toutes témoigner d'un immense respect - qui n'est pas dénué parfois d'incompréhension ou de crainte - envers la gent féminine. Les réunions font preuve de beaucoup moins de rivalité lorsqu'une femme émet une opinion. Le point de vue des filles d'Heliceum, notamment casual ou 'grand public', est souvent respecté car complémentaire avec celui de nos dev ou de nos GD, tous gamers assidus.

Chez Heliceum, chacune de nous a eu un parcours différent et plusieurs formations peuvent mener à l'industrie du jeu vidéo. Nos graphistes 2D/3D Lu, Aurélie et Laëtitia sont issues de formations diverses (BTS communication visuelle, Beaux Arts,) avec des premières expériences dans le domaine de l'architecture, de l'édition ou encore du webdesign. Côté marketing, Anne, Charline et moi-même sortons toutes trois d'écoles de commerce. Quant à Nathalie, notre Office Manager (et Tata Rachel préférée), elle était auparavant attachée de presse.

 Finalement, quelque soit notre horizon, que l'on soit femme ou homme, gamer ou casual, il fait vraiment bon bosser dans cette industrie remplie de talents, de passion et de créativité...

Gabrielle