La loi des séries est une règle d'or dans les jeux vidéo. Soumise à différentes variantes, les joueurs peuvent ainsi profiter de certaines licences à la fréquence régulée en fonction du succès rencontré ou des projets développés. Ainsi, il s'est écoulé près de dix années avant que Rebellion ne puisse à nouveau renouer avec sa franchise préférée, celle d'Aliens vs Predator. Avec un développement au goût de challenge, l'équipe s'est vue accordée la confiance de Sega et de milliers de fans quant à l'adaptation d'une suite qui soit au moins à la mesure de l'expérience qu'il nous avait été permis de goûter sur PC avec Aliens vs Predator 2 (réalisé par Monolith cela dit en 2001). Tout semblait bien parti en tous les cas...

 

 

Aliens vs Predator avait beau avoir le vent en poupe à l'annonce de son retour sur le devant de la scène, l'ombre d'un doute planait tout de même au-dessus de son avenir. Très vite confirmé par l'accueil glacial qui lui a été réservé par la presse, le titre s'est littéralement vu passé au crible à la grande incompréhension de certains joueurs. Il est vrai que l'ensemble des notes accordées ne correspond pas forcément au discours qui sont tenus, lesquels penchent d'ailleurs vers de bons moments passés. Fidèle aux perspectives de la série, amorçant des gameplays différents proposant des expériences variées, tout le monde a su apprécier l'effort fourni pour développer une personnalité propre à chaque espèce représentée. Or, l'unanimité des reproches pointe du doigt un éventail de défauts dont la source se révèle finalement être un manque évident de persévérance. Les imperfections et autres imprécisions rendent l'aventure monotone. Répétitive à l'image des mêmes décors parcourus (sous différents angles),  il faut aussi subir un scénario léger qui tentent quelques recoupements inter-espèces, une IA assez pauvre et un gameplay jouissif, mais qui manque de finesse. Les prétentions sont présentes avec un univers qui colle parfaitement avec celui des films et une ambiance sonore qui bénéficie d'une excellente rentranscription. Mais finalement, tous s'emploient à dire que le tour des possibilités est très vite fait, même si le plaisir reste au rendez-vous malgré tout. Le jeu propose peut-être ce qu'il y a de pire en montrant de quoi il aurait pu être capable. Mais l'irrégularité chronique dont souffre le jeu alimente la frustration de voir cette série au potentiel si unique se transformer en un simple FPS classique. A mesure de la progression, c'est une perte de motivation qui se fait sentir. Et plutôt que de se révéler exceptionnel, Aliens vs Predator s'en réduit à n'être que sympathique et conventionnel. Seul le multijoueur tire son épingle du jeu avec des modes inédits et intéressants.

 

Il est difficile de ne pas être d'accord avec cet ensemble de reproches, même si certaines notes adressées restent tout de même sévères. Par contre, personne n'a relevé ce qui semble être la réelle source de ce manque d'ambition. Si tous ont su noter l'inspiration cinématographique, ils ont également oublié de se souvenir de la qualité lamentable de ces adaptations. Prenant alors ce faible niveau de qualité comme base de réflexion, était-il vraiment surprenant que le résultat soit aussi limité, notamment en ce qui concerne le scénario et la mise en scène ? Le problème essentiel de cet opus est qu'il ne prend en compte la référence ultime que par le biais de son gameplay. Et l'amorce est bonne. Commencer en Marines, l'arme au poing, au rythme des échos de votre radar vous replonge immédiatement dans l'ambiance oppressante digne de la saga (et d'un certain Alien Trilogy sur PS-One en ce qui me concerne). Mais tout cela disparaît très vite avec l'acquisition d'armes plus puissantes et de niveaux plus aérés, moins étroits. Qui plus est, le gameplay s'avère être franchement décevant pour qui a connu le dernier volet en date. Cela traduit parfaitement bien la portée du jeu. Dans la campagne de l'alien, là où un Aliens vs Predator 2 vous faisait débuter dans la peau d'un facehugger, vous débutez ici dans celle d'un xénomorphe accompli sous prétexte d'expérimentation. Autant dire que l'immersion en prend un sérieux coup. Et le problème est qu'il est général aux trois espèces. Des bases sont mises en place pour ne plus être respectées par la suite et devenir un simple carnage sans subitilité ou une sorte de routine trop peu étoffée. Nous pourrions être en présence d'un de ces exemples qui étaillerait alors la thèse de ceux qui destinent la place des FPS uniquement sur PC. En tous les cas, cette licence devrait y être cantonnée. Car Aliens vs Predator ne se contente que d'aborder en surface un concept nettement plus approfondi a posteriori.

 

Aliens vs Predator reste un jeu agréable à jouer. Il faut toutefois noter une différence d'appréciation qui distinguera les novices de ceux qui ont connu l'expérience PC. Les premiers ne trouveront rien à redire, se contentant de ce qui leur est proposé comme l'aboutissement d'un fantasme et s'insurgeant des notes accordées. Les seconds seront très vite déçus, confrontés à cette frustration ds limites imposées. A final, c'est Aliens vs Predator 2 qui profitera peut-être plus de cette expérience, puisqu'elle donne horriblement envie de se replonger dans l'univers d'autrefois, preuve que les évolutions graphiques ne font pas tout dans un jeu vidéo. Et si les bleus ont savouré la next gen, ils ne reviendront jamais de l'expérience proposée par Monolith et Sierra à l'époque. En tous les cas, une suite étant apparemment en projet, il ne nous reste plus qu'à espérer que Rebellion prenne note des doléances formulées pour nous servir un prochain épisode sublimé.