Etendard du renouveau sur PSP en cette fin d'année aux yeux de beaucoup de joueurs, l'intérêt de cette adaptation de LittleBigPlanet est néanmoins remise en question en lui opposant une version Playstation 3 beaucoup plus aboutie. Sans inter-connexion entre les consoles, les interrogations soulevées s'en trouvent alors légitimées. Du coup, cet opus a-t-il de quoi justifier son existence ?

 

En grande majorité, le titre (comme son aîné) tire son épingle du jeu du concept ainsi mis en avant. Reniant toute appartenance aux challenges des la vraie plate-forme, son dessein officiel est l'entraînement et l'alimentation de la créativité et des créations communautaires. Dégagé alors de tous les impératifs traditionnels du genre, éblouissant son monde d'un concept original et novateur, il ne peut donc que s'imposer. Plus rejeton que successeur, ce volet PSP bénéficie aussi de cette immunité qui poussent les axes de la plupart des tests à vérifier la qualité de conversion, plutôt que son intérêt. Très peu donc osent remettre en cause ce principe sur la portable de Sony. Et pourtant, les arguments avancés sont pour le moins piquants.

 

Certes, pour jouer le jeu du plus grand nombre, le faible écart avoué entre les deux versions permet de saluer la prouesse technique qui a permis d'intégrer un jeu aussi riche aux contraintes technique du support portable. Suivant le même concept de progression solo en vue de débloquer un flot d'objets bonus propices à la réduction de frustration créatrice, les nouveaux niveaux proposent une aventure inédite. Même plus courte, inspirée de la version PS3, aux graphismes moins aboutis et aux rouages simplifiés par des spécificités limitées, la fidèlité de l'univers prédomine sur les exigences. Il est sans aucun doute impossible de renier cette mouture. Et d'ailleurs, malgré son humble taille, elle viendrait même donner quelques leçons à son aînée sur quelques aspects comme l'intérêt du mode solo justement.

 

Or, cette référence dores et déjà consacrée est pourtant remise en cause par une minorité. Outil de création communautaire, le jeu est pris en défaut à la racine même de ce qui le définit. Fidèle jusque dans une maniabilité toujours aussi laborieuse, imprécise et crispante (l'adjectif "lunaire" étant à la fois employé pour qualifier et justifier cet aspect, nous nous en passerons volontier), c'est avant tout l'amputation de la partie coopération qui nuit et trahit le concept d'origine. Car, si l'expérience en ligne reste efficace, elle n'en demeure plus qu'une simple liste de niveaux créés pour être téléchargés et parcourus seul. L'idée même de partage en est alors réduite à sa plus simple expression. Il ne s'agit plus de partager une expérience, mais simplement des niveaux. Ainsi, cette maniabilité si peu creusée a désormais bien du mal à se faire pardonner, là où la coopération l'effaçait quelque peu.

 

A la lumière des critiques fondées, il s'avère que les avis les plus positifs récompensent la prouesse technique de l'adaptation et encensent la puissance d'une Playstation Portable pas suffisamment exploitée jusqu'à présent. Or, nous serions plus en clin à rejoindre les avis de la fronde qui pointent du doigt cette sorte d'infidélité à l'aspect communautaire qu'est l'abandon de la coopération. L'ensemble du titre se déroulant alors en solitaire, il trahit le concept d'un jeu qui, outre la réussite technique, ne propose plus qu'une expérience originale pavée de défauts récurrents que plus rien n'excuse ou n'atténue. Le seul intérêt qui trouve alors grâce pour un tel titre ne concerne que les joueurs qui n'auraient pas encore goûté à la saveur d'un LittleBigPlanet sur Playstation 3. Quoi que, quand bien même ils seraient tentés, ils auraient mieux à faire de préférer la version de salon si tant est qu'ils possèdent la console.