Le jeu vidéo c'était mieux avant? Difficile de le croire étant donné la quantité astronomique de titres de qualités qui ont débarqués sur nos consoles durant cette année 2010, un flux quasiment constant de jeux plus ou moins audacieux qui ont ruinés le portefeuille de nombreux joueurs tandis que d'autres se résignaient à ne plus pouvoir suivre le rythme et attendaient une période d'accalmie pour poser la main sur les titres mis de côté. Entre déceptions et surprises, entre titres conventionnels et œuvres ambitieuses, le jeu vidéo a plus que jamais montré sa volonté d'élargir son public afin que chaque individu y trouve son compte. Voici donc pour ma part un classement totalement subjectif des cinq meilleurs jeux de l'année 2010.

 

 

1. Mass Effect 2

mass effect 2 fan art

 Ce second opus de la saga déjà légendaire de Mass Effect aura fait couler beaucoup d'encre pour sa dimension grand public bien plus prononcée que son illustre prédécesseur, se traduisant par une focalisation sur l'action et une grande simplification du système d'évolution et de l'inventaire. Pourtant en dépit de ses défauts et d'une ambiance moins fascinante que celle du premier volet, ce nouveau jeu de Bioware parvient à se hisser au sommet des jeux de l'année 2010 grâce à ses qualités quelques peu occultées: une belle évolution dans le système de dialogues et la mise en scène générale du jeu, des personnages davantage charismatiques et surtout le sentiment de continuité admirable de la quête de Shepard par la reprise de la sauvegarde du premier volet.

Ainsi non seulement l'univers de Mass Effect peut se vanter d'être l'un des plus riches de la science fiction tous supports confondus pouvant s'afficher fièrement à côté de Dune de Frank Herbert ou le Starwars de l'oncle Lucas, mais de surcroit ce n'est pas un univers dans lequel le joueur est simplement plongé, c'est une aventure dans lequel il agit véritablement et se forge sa propre saga. Bioware a ainsi une fois de plus prouvé leur extraordinaire talent pour offrir au joueur l'interaction et l'immersion qu'il souhaite dans un formidable univers.

 

 

  2. Red Dead Redemption

red dead redemption

En son temps, GTA 4 avait prouvé la volonté de Rockstar d'évoluer vers un propos plus mature dans ses œuvres. Ce qui était considéré comme l'exemple typique du jeu vidéo violent et provocant ayant donné une place inattendue à l'aspect narratif du jeu, privilégiant les personnages et l'intrigue au détriment même d'un certain plaisir de jeu. Red Dead Redemption se situe dans la continuité de cette évolution remarquable et se veut la retranscription fidèle de la naissance de l'Amérique portant un culte à la violence et aux armes. Mais au delà de la reproduction impressionnante du jeu, la qualité de son histoire se concluant d'ailleurs sur un final qui restera dans les mémoires, Red Dead Redemption constitue également l'un des plus grands sentiments de liberté qui ait pu voir le jour dans un jeu vidéo. Rarement une expérience virtuelle aura donné une telle impression de liberté dans un univers cohérent, vivant et crédible. Red Dead Redemption n'est pas qu'un grand jeu de Western mais bien une belle et grande démonstration du potentiel de liberté et d'immersion dans un « bac à sable ».

 

   3. Castlevania Lords Of Shadow

castlevania

Ce Castlevania aura pour sa part fait couler beaucoup d'encre pour déterminer si oui ou non il méritait justement son titre de Castlevania. Quelque soit la réponse à cette question (le débat restant ouvert et compréhensible) ce Lords Of Shadow demeure une grande quête épique pour vaincre le mal, une aventure à la dimension titanesque voir biblique. S'appuyant sur des illustres exemples, de Prince Of Persia à God Of War en passant par Shadow Of The Collossus, le jeu étonne par la richesse de son contenu prouvant une fois de plus que la qualité visuelle des jeux n'est pas incompatible avec une durée de vie conséquente (une excuse trop souvent utilisée pour les jeux actuels) . Mais le titre impose surtout le respect pour la qualité extraordinaire de son esthétique, rarement une œuvre aura accordé autant de soin à son atmosphère et son ambiance.

 Malheureusement ce soucis du détail visuel ne trouve pas écho dans l'aspect narratif du jeu, quelque peu mis de côté et qui trouve malheureusement sa conclusion dans un dénouement bâclé, ridicule et incohérent, rappelant que pour la majorité des jeux vidéos, un effort dans l'écriture et le scénario est encore à faire pour rivaliser avec les médias concurrents. Malgré ces quelques réprimandes, le jeu n'en demeure pas moins une belle invitation à l'aventure et la magie, le tout agrémenté d'une difficulté sacrément robuste et assez inhabituelle dans cette génération de consoles, ce qui mérite d'être souligné.

 

      4. Assassin's Creed Brotherhood

assassin's creed brotherhood

"Honte à cet Assassin's Creed 2.5! Où est Assassin's Creed 3?"  Tels étaient les mots qui revenaient le plus souvent à l'annonce de ce Brotherhood et ils étaient compréhensibles étant donné que le dénouement d'Assassin's Creed 2 n'appelait guère à une suite. Pourtant en ces temps où Ubisoft vit des heures sombres, il n'est guère dans leur intérêt de bâcler leur licence culte et même si cet opus est indiscutablement un spin off plus qu'un véritable volet, c'est un très bon spin off auquel le joueur a affaire. Les excellents éléments de gameplay mis en place dans Assassin's Creed 2 sont ici poursuivis voir améliorés, le jeu fait toujours preuve d'une variété remarquable et confirme le fait que les quêtes répétitives du premier opus ne seront plus qu'un lointain souvenir dans la série. La gestion commerciale du second opus, intéressante mais sous exploitée à l'époque, prend ici une place bien plus importante en s'appliquant à la ville entière de Rome, de telle sorte que l'argent ne cesse d'être utilisé dans le jeu. Enfin, les quêtes annexes sont incroyablement nombreuses et surtout d'excellente qualité, conférant au titre une grande durée de vie.

 Les quêtes annexes sont d'ailleurs tellement réussies qu'elles ont visiblement été privilégiées à l'aventure principale, malheureusement en retrait dans cet opus. Les missions proposées sont finalement moins intéressantes que les missions secondaires et le recrutement des assassins, grandement mis en avant dans la promotion du jeu, est finalement trop simpliste et assez facultatif. Mais surtout l'aspect narratif du jeu est loin de faire honneur à la série en proposant une histoire assez médiocre et peu mise en avant. Et ce n'est pas le cliffhanger final qui va nous faire croire que le jeu avait véritablement quelque chose de plus à raconter après Assassin's Creed 2, remettant grandement en question l'utilité narrative de ce Brotherhood dans la série. Malgré tout même si Assassin's Creed Brotherhood ne demeure qu'un spin off, c'est à nouveau une belle plongée dans l'Histoire offerte par Ubisoft, une reconstitution historique impressionnante et une mine d'or pour le tourisme Italien. Si vous avez dans votre famille ou votre entourage des personnes étudiant l'Histoire de l'art, je vous suggère de leur faire une visite virtuelle de Rome, c'est l'un des petits plaisirs collectifs inattendus que peut parfois nous offrir le jeu vidéo.

 

    5. Bioshock 2

bioshock 2

Ce Bioshock 2 aura grandement été décrié pour son manque d'innovation et de prise de risques, le tout associé à une durée de vie plus faible que son prédécesseur malheureusement pas compensé par un mode multijoueur sympathique mais assez anecdotique. Pourtant s'il est vrai que ses défauts existent et empêchent le titre d'atteindre l'excellence, il convient de rendre hommage aux qualités de ce second opus qui parvient à maintenir le niveau de qualité instauré par le premier opus, en terme de narration, immersion et qualité d'écriture. Et ce n'est pas une mince prouesse dans la mesure où le premier Bioshock a inscrit son empreinte dans l'histoire des jeux vidéos et que cette suite avait toutes les chances de rester dans son ombre. Bioshock 2 trouve même son identité en se focalisant beaucoup plus sur l'émotion que son prédécesseur livrant un récit plus touchant et sentimental tout en restant fidèle et cohérent avec l'univers.

 Bioshock Infinite semble visiblement vouloir jouer la carte de la révolution et il n'est pas insensé de placer beaucoup d'espoirs dans ce futur volet, néanmoins il ne faut pas pour autant renier ce second opus qui fait honneur à cette série qui a su instaurer un niveau remarquable de maturité et d'intelligence dans l'univers des jeux vidéos.

 

Mais aussi...

 

Limbo

limbo

 Une expérience bien déconcertante que celle de ce Limbo qui prouve que l'art de la sobriété peut également être appliqué à un jeu vidéo. Par son choix de recourir à une grande simplicité sur le plan visuel mais également dans les possibilités d'action du héros, les développeurs offrent une aventure à la fois poétique et troublante où la violence exacerbée de cet univers macabre contraste avec la simplicité apparente du jeu. En dépit de l'absence quasi totale de narration qui pourra dérouter plus d'un joueur notamment à travers un dénouement d'une brutalité consternante, il convient de rendre hommage à la créativité et l'ingéniosité des énigmes qui parviennent à se renouveler au fil du jeu malgré les faibles possibilités d'action du héros. Voilà en tout cas une immersion peu commune dans un monde déroutant, un jeu qui va au bout de son concept et ne pourra de ce fait trouver l'unanimité, mais tout de même quel étrange sentiment.

 

Naruto Shippuden Ultimate Ninja Storm 2

naruto

L'efficacité de son système de combat et la qualité exceptionnelle de sa réalisation sont les deux seuls grands atouts de ce Naruto Shippuden Ultimate Ninja Storm 2 au titre décidément bien long. Pour le reste, le manque d'exploration, des raccourcis contestables dans l'intrigue et surtout un grand manque de variété dans l'aventure atténuent la qualité de ce titre et le réservent à ceux qui ont déjà lu l'excellent manga (ou regarder l'animé mitigé). Les développeurs ont sans doute été un peu trop ambitieux en voulant exploiter une si vaste période du manga et auraient gagner à privilégier la qualité à la quantité. Quoiqu'il en soit, si le jeu reste excellent grâce à ses deux grands atouts, il est à déconseiller aux néophytes du manga et il y a encore beaucoup de choses à améliorer pour le troisième opus avant que la série puisse prétendre au titre d'adaptation ultime.

 

Darksiders

darksiders

 Zelda au pays de l'apocalypse biblique, il fallait le voir pour le croire. Le jeu se montre pourtant à la hauteur de son illustre aîné en proposant des énigmes intelligentes, une grande richesse dans son gameplay tout en demeurant accessible, le tout bénéficiant d'un design inspiré très influencé par les comics books américains. Malheureusement, l'absence quasi totale de quêtes annexes ainsi que l'aspect beat them all mitigé du jeu viennent ternir le tableau mais ces quelques défauts seront peut être corrigés dans la future suite qui nous proposera d'incarner d'autres chevaliers de l'Apocalypse.

 

Les déceptions 2010

 

Alan Wake

alan wake

 Autant être clair, ce n'est pas les défaillances de son gameplay qui ont fait de cet Alan Wake une déception. Je fais en effet parti des joueurs qui attachent plus d'importance au travail effectué sur l'atmosphère et l'immersion du joueur dans un univers qu'au gameplay lui même, pour cette raison des titres tels que Brutal Legend, Prince Of Persia 2008, The Darkness et Bioshock 2 déjà mentionné ont trouvé un meilleur accueil de ma part que pour le reste du public. Malheureusement c'est bien dans son atmosphère et son intrigue qu'Alan Wake fait preuve de lacunes regrettables. Le scénariste du jeu a vraisemblablement compris de ce qui faisait le charme des romans de Stephen King et tel un bon élève a essayé de retranscrire ses éléments mais en oubliant d'y apporter sa propre personnalité.

De plus, j'ai eu le sentiment désagréable que de nombreuses personnes, qu'il s'agisse de testeurs ou des joueurs, parlaient des influences de Stephen King, David Lynch ou Lost sans avoir aucune connaissance concrète de ce dont il s'agissait répétant un peu naïvement ce qu'ils entendaient autour d'eux. En premier lieu, les romans du King se caractérisent souvent par l'impuissance des protagonistes face aux phénomènes paranormaux qu'ils affrontent, de ce fait l'action tient un rôle minoritaire dans ses œuvres, la fuite de la peur étant souvent le réflexe principal de ses héros. Dans la même logique, c'est quasiment un miracle si un seul coup de feu se fait entendre dans les récits du grand cinéaste David Lynch. De ce fait, la surenchère d'action d'Alan Wake nuit d'ores et déjà à son atmosphère, le jeu aurait grandement gagné à adopter une approche plus intimiste et réaliste, ce qui aurait été davantage cohérent vis à vis de son univers.

De surcroit, les rebondissements de l'intrigue ne méritent même pas le titre de cliffhanger tant ils sont prévisibles, notamment à cause des pages et des émissions de télévision disséminées un peu partout dans les niveaux qui auraient pu être une idée intéressante si elles ne révélaient déjà pas tout de l'intrigue bien avant même que les rebondissements aient lieu. Alan Wake n'est ainsi pas un mauvais jeu mais c'est un titre qui n'arrive pas à la cheville de ses influences et a fait preuve de trop de prétention en mettant son atmosphère et son histoire au premier plan. Même la série des Max Payne de Remedy était bien plus convaincante en terme d'ambiance et de scénario, l'échec commercial de cet Alan Wake n'est ainsi pas réellement injuste et je n'attend l'annonce d'une suite qu'avec un faible intérêt.

 

Final Fantasy XIII

final fantasy XIII

 

Tant de choses ont déjà été dites sur ce troisième volet de la légendaire saga de RPG Japonais qu'il semble difficile de ne pas se répéter. Pourtant le plus grand défaut de FFXIII ne vient pas de son aspect linéaire poussé au paroxysme qu'il aurait été possible de pardonner mais du fait que j'ai enchainé ce jeu après avoir fini Mass Effect 2. Car malgré son univers fortement américanisé qui pourrait en déplaire en certains, le titre de Bioware proposait des dialogues et une narration véritablement matures et autant dire que basculer directement après avec FFXIII revient presque à revenir à la cour de maternelle en contemplant ces personnages tellement stéréotypes, des scènes d'une naïveté et d'un intérêt affligeant qui semblent déjà avoir été vus un millier de fois dans les jeux vidéos Japonais, voir les mangas et animés.

Ainsi de la même manière que Resident Evil 5 avait en son temps symbolisé les difficultés des jeux vidéos Japonais à convaincre sur cette génération de consoles, Final Fantasy XIII est caractéristique des problèmes rencontrés par les RPG Japonais qui au lieu de s'acharner tant à vouloir faire évoluer la forme de leur jeu (de part le gameplay, le système de combat, d'exploration) devraient enfin prendre conscience de la nécessité urgente de faire évoluer le fond et de proposer des univers véritablement matures et adultes. Car pourtant l'univers de ce FFXIII est loin d'être dénué d'intérêt et propose des thématiques intéressantes telle que la question de la destinée, l'intolérance et la divinité mais malheureusement ce potentiel est mal exploité et atténué par les stéréotypes innombrables qui parsèment l'intrigue, de telle sorte que le jeu véhicule peu d'émotion et ne permet pas au joueur de se plonger dans cet univers. L'efficacité de son système de combat et la qualité exceptionnelle de sa réalisation suffisent à amener le joueur jusqu'à la fin du jeu (tiens ça me rappelle un autre jeu?) mais il n'en gardera qu'un faible souvenir. Tant que les RPG Japonais s'acharneront à cibler un jeune public et refuseront de sortir de leurs grands clichés et codes récurrents, alors ils ne pourront plus convaincre face à leurs concurrents qui font indéniablement preuve de davantage d'originalité et de maturité.

deus ex artwork

 

Et c'est sur ces belles paroles que cet article va s'achever, une année 2010 décidément bien remplie qui aura démontré que la passion pour les jeux vidéos demeure plus que jamais vivace. Et je n'ai même pas parlé des nombreux jeux mis de côté durant cette année qu'il me reste encore à essayer: Fable 3, Heavy Rain, Enslaved, Majin and the forbidden kingdom. Et il me suffit de voir la liste des jeux prévus en 2011 pour me résoudre à admettre qu'il est bel et bien difficile de suivre le rythme et que cela va nous inciter plus que jamais à être particulièrement sélectif dans le raz de marée de bons jeux qui nous attend. D'ici là, je vous souhaite à tous une excellente année 2011. A la prochaine les gars.

PS: si vous voulez également connaître mon bilan de l'année 2010 en ce qui concerne le cinéma, c'est par içi que cela se passe:  https://royaumedesreves.blogs.allocine.fr/royaumedesreves-292534-bilan_de_lannee_2010.htm