Vaste sujet que la narration et je vais me contenter de l'effleurer ici pour donner mon humble avis.

Comme je le précisais dans l'article sur le jeu Assassin's Creed II, jouer pour moi est une expérience cinématographique. Le personnage que je joue est une partie de moi forcément, mais c'est aussi un personnage dans une histoire et c'est autant cette aventure qui m'intéresse que le sentiment d'être ce personnage.

Une question de point de vue

La narration passe d'abord par l'image et donc par la mise en scène et le point de vue du personnage. Je ferais ici une grosse généralité en opposant les jeux en vue subjectif et les jeux en vue objective.

La vue subjective montre ce que le personnage voit. Ce qui peut paraître un système pour impliquer le joueur a l'effet inverse sur moi. Afin de m'identifier à un personnage, j'ai besoin de le voir et si possible de le personnifier par son visage, son corps et ses habits. Cette vue subjective ne me permet donc pas d'entrer dans l'aventure malgré le fait qu'on vit ce que le héros vit et qu'il n'y ai pas de changement de point de vue.

La vue objective permet donc de voir son personnage. Et ce personnage reflète les choix qu'on a fait pour incarner le héros de l'aventure. Le sexe, le visage, le corps, l'équipement, c'est notre choix et on le voit. De plus, les cutscenes et les dialogues peuvent devenir plus cinématographique en s'affranchissant du point de vue unique du personnage. Action plus intense, mise en scène plus dynamique, bref plus cinématographique.

      

Gameplay ou pas

La narration passe aussi par le gameplay. En voilà un sujet controversé qui devient rapidement : est-ce un jeu ou pas ? Vous l'aurez sans doute compris, j'apprécie les jeux narratifs qui peuvent avoir plus ou moins de gameplay. Le gameplay n'est pas pour moi une fin en soi dans un jeu. Je comprends tout à fait, les joueurs préférant du challenge et un gameplay bien rodé plutôt qu'un "film interactif". Sont-il malgré tout plus joueur que moi ?

Oui, j'aime les jeux de Quantic Dream. Heavy Rain est un des rares jeux qui a réussi à me tirer une larme (oui, moi l'ours barbu et tatoué). J'avais décidé de jouer un père prêt à tous pour sauver son fils. Peut-être est-ce la personnification du père idéal ou le fait que nous ne pouvions déjà pas avoir d'enfant avec ma compagne, mais cette expérience m'a pris aux tripes et ne m'a pas relâcher avant la fin. Ce fut un de mes plus beaux rôles et j'ai essayé de le jouer le mieux possible. Oui, le jouer... comme dans jeu... jeu vidéo !

     

Un soupçon de QTE

Quitte à parler de "film interactif", glissons gentiment vers le QTE. Je ne suis pas complètement réfractaire au QTE. Mais, il ne dois pas tomber comme un cheveu sur la soupe (ou un poil de barbe dans mon cas :-)

Une suite de QTE dans une "vidéo" permet de dynamiser l'action, de la rendre plus cinématographique. Ce qui serait difficile à faire avec un gameplay plus classique.

Par contre, un QTE seul au milieu d'une cutscene a quelque chose d'incompréhensible. J'ai l'habitude de poser la manette durant ces scènes et voir débouler une touche en plein milieu de l'écran (qui si on la loupe nous conduit à une mort certaine) a quelque chose de frustrant, voir de rageant.

Pourtant, ce type de QTE ne m'a pas dérangé dans Mass Effect. Cela se produit lors des dialogues, on a donc la manette en main et nous permet d'interagir plus spécifiquement avec l'autre personnage. Et balancer un coup de poing à un mec horripilant, ça n'a pas de prix.

     

The end

Mon avis n'engage bien sûr que moi. Je voudrais juste que les joueurs arrêtent de se prendre la tête sur un jeu et sa narration, sur ce qui est un jeu ou ne l'est pas. Apprécions juste notre passion de la façon que l'on aime et soyons ouverts.

Article paru sur mon blog "officiel".