Comme on l'a vu précédemment, Nintendo se trouve actuellement dans une phase de transition entre deux générations de machines, celles du duo Wii/DS, qui lui a assuré une fortune considérable, et celle de la doublette 3DS/Wii U, sensée faire sa fortune future. Il est donc logique que les résultats de la marque se trouvent pénalisés à court terme. Or, ce passage de témoin est bien plus difficile à négocier que prévu, en raison du retard à l'allumage de la 3DS. 710 000 unités de la portable seulement ont trouvé preneurs d'avril à juin, soit à peine 250 000 par marché majeur (Japon, USA, Europe). Bien que la période ne s'y prête pas vraiment, Nintendo aurait dû en vendre près de quatre fois plus.

 

 

Excès de confiance et mauvaise stratégie de lancement. La 3DS va coûter cher à Nintendo

 

 

Dès lors, on comprend mieux pourquoi la firme de Kyoto a pris la décision d'une baisse de prix de cette ampleur, s'exposant du même coup à une plongée vertigineuse de ses marges (la 3DS sera d'ailleurs vendue à perte). Sur ce premier trimestre fiscal, les revenus du groupe japonais ont chuté de moitié en rythme annuel, à 93.92 milliards de yens (847 millions d'euros), pour une perte de 25.5 milliards (230 millions d'euros), sensiblement équivalente à celle du T1 2010/11. La 3DS, qui devait être le principal relais de croissance de l'industrie en 2011, a été largement supplantée par la Wii (1.56 million d'unités écoulées) et la DS (1.44 million), lesquelles sont pourtant à court de forme.

Du côté des jeux, le constat est sensiblement similaire, avec seulement 4.53 millions de titres 3DS écoulés, contre 12.1 millions de jeux DS, et 13.4 millions de jeux Wii. Fort de ces mauvais résultats, Nintendo a revu de 82% à la baisse ses prévisions de bénéfices annuels, à 20 milliards de yens (180 millions d'euros). Satoru Iwata a d'ores et déjà annoncé assumer la pleine responsabilité du mauvais démarrage de la 3DS, et diminuera sa rémunération de 50%. La valorisation boursière de Nintendo a quant à elle fondu de 20% en quelques heures, faisant (virtuellement) perdre à l'ex-CEO Hiroshi Yamauchi, actionnaire de la compagnie à hauteur de 10%, près d'un demi-milliard de dollars.