On va parler un peu anime sur ce blog avec une nouvelle rubrique : Anime Errant, où je donnerais mon avis sur les séries qui m'ont semblé valables chaque saison. Rien d'exhaustif donc, juste des impressions perso au fil de mes errances dans la prod japonaise.

Aujourd'hui : Shingeki no Kyojin - L'Attaque des Titans


Norandino et Lucina découverts par l'Ogre, œuvre de Giovanni Lanfranco

J'attendais, j'attendais... de voir si ça valait le coup de regarder Shingeki no Kyojin, L'attaque des Titans, anime adapté du manga d'Hajime Isayama. C'est un peu le gros phénomène de cette première moitié d'année, mais pourquoi un tel succès ? Après quelques épisodes, pour ceux qui n'ont pas suivi le manga, les avis sont mitigés. Certains sont à fond, d'autres râlent sur les longueurs. Il semble que la réa ait un peu mal maîtrisé son rythme.

Shingeki no Kyojin propose un monde fantastique où les humains sont regroupés dans une grande zone découpée en secteurs protégés de grands murs. Dehors, des ogres géants rodent, les Eoten, et tentent toujours de pénétrer dans les enceintes pour se nourrir des humains. Ces derniers sont quasiment sans défense : ils savent peu de choses de leur ennemi, seulement comment les tuer, et le matériel spécialisé reste peu efficace (bien qu'impressionnant pour le peuple). Les unités de combats se font la plupart du temps décimer. Arrive un trio de jeunes personnages, victime d'une attaque éclair sur une ville de la bordure extérieure de l'enceinte, où un Eoten très particulier, immense, a percé la muraille. Il s'avère que l'un de ces trois ados se découvre un pouvoir bien spécial...

Sur bien des aspects, Shingeki no Kyojin est un shonen assez banal, mais efficace. Sa violence fait penser à Gantz, et certains regrettent un niveau de censure par rapport au manga. Pour un anime, c'est quasiment normal, et surtout, ce n'est pas vraiment un problème : le plus réussi reste les réactions des personnages face à l'horreur qu'ils vivent. Leurs visages, leur mutisme, leurs expressions d'horreur, les états proches de la folie... Tout cela est très bien rendu dans l'anime et c'est ce qui me semble le plus important.
Cela reflète bien aussi l'extrême brutalité et rapidité avec lesquelles les événements se déroulent. Quand l'heure du massacre arrive, elle ne tourne pas autour du pot. Et bien entendu, l'auteur distille savamment des morts « importantes » parmi le carnage anonyme. L'ambiance est tellement lourde que toute tentative d'humour (il doit y en avoir une ou deux sur l'ensemble de la saison) tombe spectaculairement à plat. Un anime où l'on ne peut même pas placer un gag, ce n'est pas fréquent !

Donc oui, il y a quelques longueurs dans ces 13 premiers épisodes, et pas toujours des moments utiles (informatifs, explicatifs ou créateur de tension), mais l'action ne déçoit jamais. Le design du matériel (grappins, lames) apporte beaucoup à la maturité de cet anime (alors que celui des personnages est assez plat et classique), mais les vraies vedettes restent les Eotens, parfaitement grotesques et effrayants. Ils sont vraiment conçus et dessinés, jusque dans la texture de leur peau, comme les ogres dans les illustrations de vieux contes, ou dans des tableaux de la mythologie classique comme vu ci-dessus.Cette vision moderne de l'ogre (en version invasion zombe un peu) est originale et place Shingeki no Kyojin à part.

L'humanité finira-t-elle dans l'estomac d'un Eoten ? Qui sont-ils vraiment, ces ogres ? Le scénario global, qui avance lentement, reste intrigant. On ne peut espérer qu'il forme un tout cohérent et intéressant. En attendant, on apprécie la dure loi de la nature à chaque Attaque des Titans : « C'est qui lui déjà ? » « Bah on s'en fout, il va crever. »