Difficile de ne pas se rendre compte de la problématique du crunch dans le jeu vidéo assez omniprésente. Pratiquement tous les deux-trois mois on a un article qui parle de conditions de développement catastrophique et c’est une bonne chose que le consommateur soit au courant de comment est construit ce qu’il achète. Tout en parlant de la création de jeux vidéo, Game Spectrum évoque surtout la problématique du crunch dans le jeux vidéo.

La culture du crunch

Ce qui est toujours bien dans les vidéos de Game Spectrum, qui sont plutôt devenus des documentaires c’est qu’on n’est jamais perdu avec le sujet, on comprend rapidement de quoi va nous parler le documentaire tout en nous rappelant les faits. C’est une bonne idée de rappeler les différentes affaires ou il est question de conditions de travail dans le jeu vidéo.

La question c’est de savoir pourquoi il y a du crunch, pourquoi c’est limite devenu « normal » de cruncher à quel point que les développeurs se retrouvent avec des semaines de travail de 6070h ce qui est une charge de travail surhumaine. La réponse est qu’il y a un soucis de structuration de l’industrie du jeu vidéo qui pour moi a besoin de grandir, à besoin de se structurer, qui doit protéger ses talents au lieu de les tuer, de les faire partir pour une question de transmission du savoir, pour une question de stabilisation, on a besoin de stabilité pour faire avancer cette industrie qu’on aime tant.

Ce qui n’arrange pas les développeurs qui luttent pour de meilleures conditions de travail, c’est quand les grands patrons ou les éditeurs utilisent le crunch pour glorifier un jeu. Je m’en souviens ou j’avais lu une interview de Dan Houser l’un des cofondateurs de Rock Star sur Vulture qui expliquait sans pression qu’il y avait des semaines de plus de 100h. Quand j’ai lu cette phrase j’ai bondi de ma chaise tellement que ce n’était pas normal, surtout que c’était plusieurs semaines de crunch. Game Spectrum parle de la glorification du crunch en nous parlant du documentaire Indi Game : The Movie qui suit le parcours des développement indépendants de jeux vidéo. Je n’ai pas encore vu le documentaire, mais de ce que j’ai compris, ce documentaire montre que le crunch est très présent chez les indépendants, mais que le but du documentaire et de se servir du crunch pour raconter des histoires positifs, car il y a du succès à la fin. Ce genre d’oeuvre peut être dangereuse, car cela peut pousser des jeunes à faire pareil, à vivre la même histoire.

Le changement a déjà commencé

Tout n’est pas noir dans le documentaire, Game Spectrum le dit lu-même dans le documentaire que les temps sont en train de changer. J’ai tendance à dire qu’en 2019 on peut dire que dans l’industrie il y a des changements, grâce aux initiatives de la STJV en France ou Game Workers Unite permettant aux personnes travaillant dans cette industrie de défendre leurs intérêts, d’avoir ce contrepouvoir. On est au début de l’effacement de la culture du crunch qui vont permettre plus tard de garder les talents qui resteront dans le milieu, car l’environnement de travail est sain et ils pourront trouver cette stabilité.

Le documentaire salut aussi le travail des indépendants en parlant notamment de ce que fais Motion Twin qu’on connaît très bien pour Dead Cells. L’exemple Dead Cells est très intéressant, car c’est un studio qui ne fonctionne pas de la même façon. C’est une société coopérative et participative (SCOP) pour être rapide, car le documentaire l’expliquera mieux que moi, mais en gros la détention du capital et le pouvoir des décisions reviennent aux salariés. C’est un retour à la démocratie ce qui permet d’avoir un développement sain et ainsi d’éviter le crunch et j’espère que d’autre boites vont prendre l’exemple de Motion Twin, un studio composé de 11 personnes ou le plus important c’est de faire un jeu, pas de gagner de l’argent ou tout le monde a son mot à dire pour faire le meilleur jeu possible.

Le soucis c’est qu’une SCOP n’est pas adapté pour les grosses boites, le documentaire prend l’exemple Ubisoft qui est un très bon exemple car pour un jeu Ubisoft c’est au minimum 3-4 Studios avec énormément de monde dans les studios. Le documentaire nous amène une réflexion intéressante nous demandant si on a vraiment besoin d’avoir de gros jeux ambitieux mais beaucoup trop ambitieux par rapport à la taille du studio. Le documentaire se demande aussi si ce serait pas plus sain pour nous, pour l’industrie d’avoir des projets qui ont l’ambition de la taille du studio, ou l’argent ne domine pas et que le jeu a eu le temps ce faire sans période obligatoire de crunch. J’ai tendance à dire oui, car les faits ont montré que les productions indépendantes qui ont l’ambition de la taille de l’équipe sont d’excellents jeux comme Minit ou Dead Cells.

Enfin il y a la question du rôle de joueur la-dedans, car on est impliqué dans cette culture du crunch quand on râle que le jeu va être retardé, quand veut absolument un trailer à l’E3 ce qui oblige les studios à crunch pour nous faire plaisir. Quand comme moi on lit des articles, qu’on est sensible par rapport aux questions du crunch et que parfois on est dégoûté de cette industrie qui tuent ces talents on se demande ce qu’on peut faire. La réponse du documentaire est très bien, contrairement aux gens qui pensent que la solution brutal qui est le boycott est la meilleure solution, le mieux c’est de relayer les articles, c’est de soutenir les développeurs sur internet. Je pense aussi que c’est la meilleure solution, car le boycott n’a aucun impact quand on n’est pas beaucoup et ça fera plus de mal aux développeurs, car le jeu est déjà fait et cela ne va absolument rien changer alors que l’autre solution qui est plus une solution de partage est la meilleure solution, car cela aura un poids, plus l’article est partagé, plus on va en parler et ça va faire bouger les choses, voilà ce qu’on peut faire en tant que joueur, il faut partager, il faut soutenir les développeurs pour un meilleur jeu vidéo du demain et pour finir je pense qu’on est sur la bonne voie pour un changement positif.

 

J’ai oublié de le dire, mais il faut de suite aller voir ce documentaire et jeter un coup d’oeil aux différentes vidéos de Game Spectrum qui fait au passage un excellent boulot. Pour ce qui est du documentaire, j’ai trouvé qu’ils expliquent très bien les problèmes dans la création d’un jeux vidéo. Tout est très bien expliqué que même quelqu’un qui sera moins dans le jeu vidéo comprendra les soucis de cette industrie tout en comprenant qu’il y a des changements. Maintenant il faut continuer d’avancer.

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