Généralement, le cinéma de survie et moi c’est pas une très belle histoire d’amour. J’ai l’impression de voir tout le temps la même chose. C’est avec reculons que je décide, de donner sa chance parce que le fait de savoir que c’est tourné en Islande me donnait de perspectives de paysages sympa à regarder et Mads Mikkelsen qui à lui tout seul peut me faire regarde n’importe quelle film.

N’ayons pas peur des mots c’est une très grande performance de l’acteur danois qui n’a pas beaucoup l’occasion de parler dans le film, à part pour crier quand il souffre. Mads Mikkelsen est le point fort du film, il n’a pas besoin de parler dans Artic, car ses expressions faciales nous permettent de voir ce qu’il ressent. Il n’y a pas que ses expressions faciales qui sont de hautes qualités, Mads Mikkelsen est Overgård . Dans ses gestes, on a l’impression d’être dans quelque chose qu’il a vécu et c’est limite vrai, car les conditions de tournage en Islande étaient compliqués avec les tempêtes de neiges à 30-40 noeudsdes routes bloquées ou une météo qui peut atteindre facilement les -70 degrés. Sa performance est encore plus remarquable quand on est au courant des conditions. En regardant Artic il a vraiment donné de sa personne et il est très marquant avec une réalisation qui le met toujours au centre.

Avec Artic on a tendance à dire que c’est une personne contre la nature . Il ne faut pas oublier le rôle important de la musique composé par Joseph Trapanese (The Greatest Showman) accompagne Mads Mikkelsen, en alternant les musiques calmes du début de film et des musiques un peu plus stressante et intense quand ça ce complique.

Quand on voit Artic, il y a comme cette sensation de voir un documentaire. Du moins, il y a cette démarche. Cette démarche elle est au niveau de la photographie. Ce n’est pas surprenant sachant que c’est Tomas Orn Tomasson qui a toujours eu cette volonté de produire et de faire des documentaires. Il nous explique même qu’il a choisi de tourner le film avec une ArriMini et des lentilles anamorphiques cookes ce qui nous permet d’avoir de très belles images. Malheureusement Joe Penna utilise très peu ces belles images en ce concentrant uniquement sur Mads Mikkelsen ou toutes les cinq secondes il sera au centre des plans. L’acteur en impose tellement pendant 1h30 qu’on comprend malgré tout ce choix.

C’est le premier long métrage pour le réalisateur Brésilien et c’est plutôt prometteur. Avant Artic on peut dire que Joe Penna était une petite star sur youtube qui faisait de la musique et des courts métrages sur Youtube. Il a 400 millions de vues et 3 millions d’abonnés sur sa chaine. Il ne gérait pas cette chaîne tout seul puisqu’il bossait avec Ryan Morison qui est aussi co-scénariste du film.

On a tendance à avoir des films de survie qui ont le même schéma, j’ai limite envie de dire que seul l’environnement est différent. Dans Artic, on ne voit pas l’accident. Il n’y a pas de narration sur le personnage qu’on va suivre. C’est-à-dire qu’on n’a pas la fameuse photo de famille avec sa femme et ses enfants (un classique dans ce genre de film) ou des fameux flashback bien utilisé dans ce genre de film pour essayer qu’on s’attache au personnage. Toujours sur la narration du personnage, on n’a pas un personnage qui a des réflexions sur le sens de la vie ou s’il est sur un chemin de la rédemption. On est loin de tout ça, l’essentiel pour John Penna c’est de montrer un homme qui survit.

L’innovation vient du récit, de comment il raconte l’histoire d’un homme qui survit. Le parti pris de John Pena et de Ryan Morison est plutôt surprenant. Tout d’abord, on n’a pas de gros éléments spatio-temporel nous permettant de voir depuis combien de temps, il est seul face à la nature en attendant des secours. Néanmoins, le fait de voir qu’il a déjà sa routine, qu’il a déjà son habitat de survie c’est-à-dire dormir dans l’avion et qu’il a déjà conçu un mécanisme pour pêcher ou manger nous fait dire que le plus dur est passé.

Ce qui est atypique dans ce film, c’est que généralement le personnage qu’on suit va tout de suite bouger en attendant de trouver quelqu’un ou espérer croiser en chemin des secours. Ici, on a limite un personnage qui a beaucoup de logique et qu’il est conscient qu’il faudrait un miracle même si dans ses yeux on voit qu’il a de l’espoir. Pour qu’il sorte de cet endroit remplis de danger.

Le film prendra un tournant intéressant, quand il va rencontrer une autre personne qui est gravement blessé. C’est à ce moment qu’on comprend ou en veut en venir le film. À travers la difficulté de survivre, on peut toujours être altruiste et sauver une personne pour x ou y raison. Cela devient même touchant de voir Mads Mikkelsen risquer sa vie pour sauver cette personne, car il a vu qu’elle avait une famille. Alors qu’au début on voyait un personnage sûr de lui, qui semblait avoir fait le plus difficile, et vers la moitié du film c’est une personne touchante qui au et à mesure que le film avance va être en grande difficulté physique, mais il a tellement cette envie de sauver cette personne qu’il dépasse ses limites. En voyant ce courage, on aimerait bien avoir le même courage que lui et on espère qu’il arrivera ce que le film ne nous révélera pas avec une fin plutôt ouverte qui est bien pensé.

Réalisateur : Joe Penna

Scénaristes : Joe Penna et Ryan Morrison

Casting : Mads Mikkelsen (récemment dans Polar et prochainement dans Chaos Walking en 2020) Marie Thelma Smáradóttir (récemment dans la série Fangar) et Tintrinai Thikhasuk

Compositeur : Joseph Trapanese (récemment dans Robin des bois,version 2018)

Date : 6 Février 2019