Voilà. Trois mois ont passé. Ce serait mentir que de dire que je ne les ai pas sentis. Ne croyez pas pour autant que ce fut un calvaire !

Je me revois au début de ce stage, jeune bleu avec ses idées préconçues sur l'externat, et qui voulait en faire le moins possible. Je me vois maintenant, externe un peu plus expérimenté qui veut toujours en faire le moins possible, mais qui a fait le deuil de ce vœu pieu.

Ce stage m'a appris énormément. Déjà, sur le plan théorique : quasiment tous les items de l'ECN concernant l'orthopédie ont été abordés, ce qui me fait gagner un temps fou en m'économisant de dizaines d'heures sur une spécialité qui ne se conçoit bien que sur le tas.
Sur mon orientation future ; ce stage fut passionnant, mais m'a confirmé ce que je pressentais : la chirurgie n'est pas faite pour moi. Rester debout pendant des heures, être dépendant du brancardier qui met du temps à descendre la malade, de l'infirmière en vadrouille, de l'anesthésiste qui endort le patient à son rythme, l'externe incapable de faire le peu de chose qu'on lui demande correctement (attention, je force le trait, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué)... Non, non, non. Je veux être indépendant, tributaire de mes seules erreurs et pas de celles des autres maillons de la chaîne placés avant moi. Dès le départ, j'avais cette envie de liberté. Elle ne m'a pas quitté depuis.

Mais malgré cette légère aversion pour la chirurgie, je suis heureux d'avoir pu me confronter à de véritables chirurgiens. Parfois bourrus, parfois lourds, ceux que j'ai côtoyé en orthopédie avaient toujours cette flamme, cette envie de partager leur passion. Je vais même tenter une comparaison osée : un chirurgien ortho est comme une fleur. Si tu veux en apprendre le meilleur, il faut savoir la cueillir. Et j'ai souvent su comment les aborder ; leur franchise exige des réponses honnêtes et sans trop d'ambages. C'est un point que j'ai en commun avec eux, et cela m'a grandement facilité le contact.

Mais outre le contact avec les autres, j'ai appris plus de choses sur moi en trois mois qu'en deux ans. Sur des plans plus personnels que je ne peux exprimer ici. Mais c'était tellement inattendu que je me sentais obligé d'en faire mention.

J'en profite d'ailleurs pour délivrer quelques remerciements. D'abord, mes co-externes, pour leur bonne humeur et leur sympathie de tous les instants. J'ai eu de la chance de tomber sur vous pour une première fois. Mes internes, pour leur proximité et leur compréhension. Mes chefs, pour leur franchise et leur volonté inaliénable de transmettre. Et vous, pour m'avoir suivi pendant tout ce temps et m'avoir donné la force de retranscrire ici mes journées, pas toujours passionnantes.

Je ne suis sans doute pas fait pour être chirurgien, mais plus que jamais, je suis certain d'être là où je devrais être.

Encore une fois, merci à vous, et à demain pour de nouvelles aventures. Enfin, aventures, on se comprend, vous saisissez la nuance, maintenant...

(Et merci à Emmanuel pour la photo...)