Le 27 septembre 2010 :

Le temps s'est rafraîchi... C'est l'automne ! Pour fêter ça, une grosse journée.

Au programme : PCR. Explications. Lors du stade précoce d'une ostéonécrose de la tête fémorale, il a apparemment été observé que la ponction de moelle osseuse puis la réinjection des cellules souches contenues dans cette même moelle avait des effets bénéfiques sur l'affection et retardaient la pose d'une prothèse.

Comment faire ? On plante un trocart dans chaque aile iliaque et on pompe le sang de la moelle... Geste anodin, mais tout de même mon premier au bloc. Pourtant, à la septième seringue remplie, je crois que j'ai cessé d'être ému...
Une fois une quantité suffisante prélevée, Roman, l'interne qui m'a guidé cette matinée, m'offre le café. Une quarantaine de minute plus tard, on y retourne et il réinjecte les cellules souches filtrées en laboratoire dans la tête fémorale. Quelques points de sutures, et c'est terminé.

S'en suivent deux rapides syndromes du canal carpien, l'un avec, l'autre sans caméra avec Jll., le chef qui m'aboie toujours dessus. L'opération consiste simplement à couper une partie des ligaments coupables pour desserrer le pauvre nerf.

Ce n'est pas fini ! Après cela, j'assiste une ligamentoplastie de ligament croisé antérieur du genou. La première étape est le prélèvement d'une partie du tendon rotulien qui servira à fabriquer un nouvel LCA et sera ensuite greffé à l'intérieur de l'articulation du genou. J'étais totalement à l'ouest, n'ayant pas révisé mon anatomie... Et j'ai fini à 14h. Hmmm...

Le 29 septembre 2010 :

Première rencontre avec le Dr Laval, fraîchement revenu de l'Exposition Universelle de Shanghai. Je l'ai assisté pour une PTG difficile, mais faite correctement. La patiente souffrait d'une arthrose ; son genou était rempli d'ostéophytes, on aurait dit un sac de billes...Une infirmière a dû m'apporter un tabouret pour que j'évite de me briser le dos, vu la différence de taille que j'ai avec ce dernier...
Puis, malheureusement, rien d'autre, à cause d'un nombre excessif de patients dans la salle de réveil.
Et on m'a volé ma barre céréale que j'avais mis dans le frigo, je suis vert de rage...

Le 30 septembre 2010 :

Cours sur les traumatismes de la cheville.

Petit rappel anatomique :

 


Schéma sommaire de la cheville gauche vue de dos.

1 : tibia (qui forme la malléole interne) ; 2 : fibula (ex péroné, qui forme la malléole externe) ; 3 : talus ; 4 : calcanéum (os du talon) ; en vert : ligament fibulo-tibial postérieur.

On classe les fractures de la cheville selon leur mécanisme lésionnel. Il y en a trois pour la cheville : l'abduction forcée, la rotation externe forcée et l'adduction du pied. Elles ont chacune plusieurs stades, mais je me contenterai d'évoquer ce qu'on me demande de savoir, c'est-à-dire les stades les plus graves les plus communs.

 

  1. Abduction forcée (30% des fractures)
  2. Dans ce cas-là, les fractures seront sus-tubérositaires : c'est-à-dire que la fibula cassera au-dessus du ligament fibulo-tibial. De plus, on aura une rupture de la malléole interne et des ligaments fibulo-tibiaux antérieur et postérieur. L'articulation sera dans un tel état que le talus et le tibia ne se toucheront plus : c'est ce qu'on appelle le diastasis.

  3. Rotation externe forcée (65% des fractures)
  4. Ici, les fractures seront inter-tubérositaires : la fibula cassera obliquement, mais en regard du ligament fibulo-tibial, qui se rompra lui aussi. Mais il arrive que la fibula, au lieu de casser à ce niveau, casse bien plus haut, au niveau du col de la fibula (fracture de Maisonneuve). C'est une urgence absolue, vu qu'une branche du nerf sciatique (qui innerve une bonne partie de la jambe et du pied) passe à ce niveau, et risque donc d'être lésée.

    (fracture de Maisonneuve)

    Dans les deux cas, la malléole interne se fracturera aussi, mais la cheville sera assez stable pour ne pas se désarticuler complètement.

  5. Adduction forcée (5% des fractures)
  6. Les fractures de la fibula seront sous tubérositaires. La malléole interne se cassera aussi, mais le ligament fibulo-tibial restera intact.

Après un examen physique et un bilan d'imagerie en bonne et due forme, on traite le patient :

  • Si la fracture est non déplacée, ou si le patient n'est pas en état de se faire opérer, on réduit sa fracture au bloc sous anesthésie générale et sous contrôle scopique, et on lui confectionne un plâtre cruro-pédieux qu'il portera 6 semaines, puis une botte plâtrée qu'il gardera 6 semaines [NDL : oui, c'est long...]. Sans oublier de prescrire des radios régulières pour contrôler la bonne évolution de la consolidation.
  • Si la fracture est déplacée, deux choix : ostéosynthèse à foyer ouvert (vis, plaques) ou ostéosynthèse à foyer fermé (fixateur externe).
  • - Si la fracture est ouverte mais refermable, et que la blessure a moins de 6 heures, on préfèrera la méthode à foyer ouvert, suivie de 4 semaines d'immobilisation.
    - Si la fracture est ouverte mais non refermable sans greffe de peau, ou que la blessure est à l'air libre depuis plus de 6 heures, ou que la fracture est complexe façon puzzle, on choisira la méthode à foyer fermé, suivie de 6 semaines d'immobilisation.

Enfin, les complications : l'arthrose tibio-talienne, un syndrome algodystrophique, un déplacement secondaire dû à une mauvaise réduction, une nécrose cutanée, un cal vicieux...

Et je pense en avoir fait le tour.

Le 01 octobre 2010 :

Cours sur le rachis. En gros, on a juste appris à détecter à la radio un rachis anormal. C'est le genre de traumatisme qui ne survient qu'en cas d'accident ou tentative de suicide, alors le seul bon conseil que je peux vous donner est de bien regarder avant de traverser une rue et de parler régulièrement à vos amis.

Voilà, fin du résumé de cette semaine. Pour tout vous dire, j'en ai pas mal bavé avec la simplification du cours, et je ne sais même pas si j'ai réussi à le rendre plus clair ; si ça vous ennuie ou si vous trouvez cela trop mal fait, n'hésitez pas à me le dire, je m'arrêterais aussitôt.

Demain, le bilan de garde #2 ! Portez-vous bien...

Source : La plupart des dessins qui illustrent ce billet sont tirés d'un cours de la Faculté de Médecine de Bobigny.