Trois semaines après, j'ai toujours du mal à tirer un bilan clair de cette nuit.

Ce qui est sûr, c'est que l'apprentissage sur le plan théorique fut quasi-nul : en sémiologie, à part le sempiternel « toi plaie, moi coudre », rien de bien nouveau sous le soleil. Sur le plan de la pratique, à part faire des points de manière stakhanoviste, peu de choses ont été ajoutées à mon bagage, bien que ce simple ajout soit appréciable.

Cela n'empêche qu'en une nuit, j'ai l'impression d'avoir accumulé des semaines d'expérience. En quoi ?

 

  • Dans le traitement des dossiers. Parce qu'il serait trop simple de soigner et de se retourner une fois terminé. Même pour les entrées triviales, il y a un interrogatoire à mener, un dossier informatique à remplir, des données à entrer. J'ai aussi un rôle de santé publique à assurer, et comme tout travail administratif, cela s'apprend.

 

  • Dans la gestion des patients. Il faut dire qu'étant en chirurgie, mes interactions avec ces derniers sont limitées à leur plus simple expression (les anesthésistes, eux, leur donnent des claques pour les réveiller, au moins...). Avoir l'occasion d'être à leur contact toute une nuit, c'est révolutionnaire pour moi. Avoir un discours simple, synthétique mais rassurant n'est pas inné, mais j'ai eu l'impression d'apprendre cela très vite, de m'améliorer à chaque interaction.
    Et aussi le fait de les enchaîner sans trop de pause. Au bout d'un certain temps, j'ai eu du mal à me remémorer les cas, à ne pas mélanger les pathologies de l'un avec celles de l'autre. Cela demande une véritable compartimentation mentale que je n'ai pas encore.
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  • Et enfin, dans mon investissement auprès de ceux que je soigne. Devant certaines situations (dont une ce soir-là), on a envie de sortir de son rôle, d'aller plus loin, de littéralement sauver son patient. Ces cas-là sont les plus durs. Parce que dans ces circonstances, on attend simplement de moi que je fasse mon travail le mieux possible. Et c'est frustrant. Je passerai peut-être plus facilement outre quand j'aurai plus de bouteille, mais en attendant...

 

Donc, voilà, je pense avoir fait le tour de cette première garde. J'essaierai de garder le schéma journal/bilan, car je me rends compte que j'ai vraiment beaucoup gagné à revenir dessus plus en profondeur. Bien qu'en novembre, ayant trois gardes, ça risque de faire un peu beaucoup...

Merci de votre attention, et n'hésitez pas à me donner vos impressions ou suggestions !

P.S. : Lubie personnelle, j'ai décidé d'associer un beat de J Dilla à chaque bilan de garde ! Celui qui me vient logiquement en tête pour ce #1,

 

Si vous avez l'oreille, et que vous suivez un peu, vous comprendrez pourquoi.