Mon bureau en période de partiels...

Tout le monde sait ce qu'est un médecin. Pourtant, peu de gens connaissent les études qu'il faut subir pour le devenir ! Il me semblait donc important, pour partir sur de bonnes bases, de vous les décrire une bonne fois pour toutes, vu le nombre d'idées reçues que j'ai entendu à ce sujet. De plus, grâce à moi, vous pourrez toujours donner un aperçu de vos connaissances infinies lors de votre prochain passage dans un salon de thé (ou un tennis club, ne soyons pas sectaires) ! Donc, lisez, c'est gratuit.

•    L1 Santé - PAES (Première Année des Etudes de Santé) :

Anciennement appelée PCEM1 (Premier Cycle des Etudes Médicales 1), c'est l'année post-bac, où a lieu la fameuse sélection. Celle-ci se découpe en semestres, chacun sanctionné par un concours ; le classement final se fait sur le cumul des résultats des deux semestres. En cas d'échec, un seul redoublement est possible. Niveau apprentissage : biochimie, biophysique, embryologie, anatomie, immunologie... Jusqu'à une période récente, chaque faculté avait une certaine latitude dans ses enseignements, mais cela ne sera plus le cas dès septembre, le programme devenant national.

Fatalement, c'est une période assez meurtrière : environ 13% des étudiants seront admis dans l'année supérieure (le nombre précis de postes par faculté, le fameux numérus clausus est publié tous les ans dans le Journal Officiel). Cependant, il faut savoir que cette année ne sert pas seulement à sélectionner les futurs étudiants en médecine : des postes pour odontologie, maïeutique et kinésithérapie sont aussi disponibles. La réforme entrant en vigueur cette rentrée intégrera même des postes de pharmaciens dans les portes de sortie possibles.

De là à penser que cette année va devenir un fourre-tout bordélique qui va impacter sur la saturation des facultés, et, par la même occasion, sur la qualité de la formation des années supérieures... Mais cela est une autre histoire.

•    Premier Cycle des Etudes Médicales 2 et Deuxième Cycle des Etudes médicales 1 (PCEM2 et DCEM1) :

Passée la joie de l'entrée véritable dans les études de médecine, pas grand-chose à dire de ces années-là... Les matières restent assez théoriques. Nous avons tendance à faire un peu relâche afin de théoriser sur le sens de la fête, il est vrai, mais rien qui fasse de nous de mauvais étudiants, du moins je pense. Cependant, les professeurs, ne supportant plus cela, se sont mis à corser assez inutilement le tout. Résultat : des redoublements (dont j'ai été victime en PCEM2) qui apportent un bénéfice pédagogique proche du néant absolu, si ce n'est moins.

Le moment le plus notable reste le premier véritable contact avec le monde hospitalier par le biais des stages. Tout heureux qu'on est d'étrenner nos blouses propres et rutilants sthétoscopes, on gêne souvent plus qu'autre chose, on est toujours dans les pattes d'un supérieur mais on observe et on s'imprègne de l'ambiance ! Et avec un peu de chance, on apprend, un peu.

Pour l'anecdote, ce sont les années où la vie amoureuse inter-étudiante est la plus intense... Avec toutes les histoires dont j'ai été témoin, j'ai assez de matière pour faire une bonne série sentimentale. Et moi ? Comment ça, et moi ? Je suis narrateur, pas acteur. Bon, allez, fin de l'aparté !

•    Deuxième Cycle des études médicales 2, 3 et 4 (DCEM2, 3, 4) :

Le début des choses sérieuses. Les pauvres étudiants en médecine se muent en étudiants hospitaliers (ou, de façon désuète, encore appelés externes) : ils sont salariés du groupe hospitalier, rattaché à leur faculté, où ils effectuent leur stage cinq matinées par semaine. Ils ont aussi des gardes et des astreintes à faire, le tout pour une rémunération symbolique. C'est aussi le début des responsabilités, avec l'assurance à payer chaque année, dans le cas où on tuerait quelqu'un par mégarde... Mais j'oubliais ! Et leur rôle dans tout ça, quel est-il ? Je laisse le décret du 8 octobre 1970 parler pour moi :

« Ils exécutent les tâches qui leur sont confiées par le médecin, chirurgien, spécialiste ou biologiste responsable du service dans lequel ils sont affectés, à l'occasion des visites et consultations externes, des examens cliniques, radiologiques et biologiques, des soins et des interventions. Ils peuvent exécuter des actes médicaux de pratique courante ; ils sont chargés de la tenue des observations et sont associés aux services de garde. Ils participent aux entretiens portant sur les dossiers des malades et suivent les enseignements dispensés à l'hôpital. »


Et là tout est dit ! Ou pas. Car qu'est-ce qui rend ces années difficiles ? La préparation d'un autre concours, encore, l'Examen Classant National, ou l'ECN.

Qu'est-ce que l'ECN ? Pour parler simplement, c'est un concours réunissant tous les étudiants en médecine de France d'une même promotion, portant sur un programme national, pour savoir qui va faire quoi et où, sachant que les postes de spécialité par région sont limités (et accessoirement, cette épreuve est l'élément principal de la compétition officieuse entre les différentes facultés). Par exemple, un bien classé prendra radiologie à Nice, alors qu'un mal classé, n'ayant plus le choix, prendra un poste restant de médecin généraliste à Amiens. A noter que le déficit en généralistes est en partie dû au nombre croissant d'étudiants qui préfèrent retenter le concours, laissant des postes non pourvus. Pour des raisons diverses et variées, telles que la rémunération en berne par rapport aux collègues spécialistes, le risque d'atterrir dans un désert médical pour finir en burn out, le futur conjoint qui se retrouve à mille lieues du futur lieu d'exercice... Mais cela est encore un autre problème...

•    Troisième cycle des études médicales (ou plus simplement Internat) :

Après autant de sueurs et larmes, que reste-t-il à faire ? J'avoue mal connaitre ce qu'il y a au-delà de la montagne, je vais donc me contenter du peu que je sais.
L'interne, avant de devenir un véritable docteur, à un certain nombre de semestres à valider, dans des services différents, mais néanmoins liés à la spécialité qu'il a choisi. L'internat de généraliste dure 3 ans, celui de spécialiste 4 ans au minimum. Malgré son statut d'étudiant, l'interne a quasiment toutes les responsabilités d'un médecin, comme par exemple le droit de prescription. La France est d'ailleurs un des seuls pays à considérer ses internes comme étant des étudiants. La rémunération est liée à l'ancienneté semestrielle.
Une fois ces semestres validés et la thèse soutenue avec succès, un coup de serment sur le buste du vieil Hippocrate, et hop ! Le doctorat (plus précisément, le diplôme d'Etat de Docteur en Médecine) tant convoité est en poche. Ouf, c'était long...

Et ainsi s'achève ma présentation succincte de mes études. J'espère que tout ceci vous aura éclairé un peu (n'hésitez pas à m'interroger dans les commentaires si une étape vous échappe), et que lorsqu'une connaissance aura réussi son concours d'entrée, vous ne lui direz pas : « ah, bah c'est bon, t'as fait le plus dur ! »...

P.S. : à noter que la réforme de la PAES est liée à la mise en application du schéma Licence/Master/Doctorat. Pour quel intérêt ? L'harmonisation européenne et la possibilité d'équivalences pour ceux qui veulent s'arrêter en cours de route, pour accéder aux maîtrises d'autres disciplines.

P.S.2 : Je préfère la Dreamcast, hahahahaha !... Hm, désolé.