Je ne suis pas un acharné des séries, mais parfois, j'ai le temps de m'arrêter sur une ou deux d'entre elles. J'ai récemment découvert Person of Interest qui, sans être un chef d'œuvre, a occupé mes débuts de soirées matrimoniales.

Le Pitch

Suite aux attentats du 11 septembre, une machine très performante a été développée. Après quelques années de recherche, elle est enfin au point. Cette machine, ou ce système permet de détecter les complots terroristes ou les événements dangereux de grande ampleur en analysant l'ensemble des données fournies par les caméras de surveillance du monde entier.

Cependant, elle ne fait pas que cela. Elle est aussi capable de détecter les crimes au quotidien. Ainsi, elle va prévenir d'un homicide ou d'un risque d'homicide imminent. Le problème, c'est que la police ne peut pas être partout et traiter toutes les affaires. Le gouvernement décide donc de considérer ces événements comme « non pertinents ». La liste de numéros non pertinents est ainsi détruite toutes les 24 heures pour ne laisser place qu'aux évènements jugés importants.

C'est trop pour le concepteur de la machine qui ne peut supporter que tous ces crimes restent impunis ou puissent se produire. Il décide d'agir et engage un ancien soldat des forces spéciales et ex agent de la CIA pour aider tous ces gens.

Le problème, c'est que d'une part la machine ne communique que les numéros de sécurité sociale des mis en cause et que d'autre part, on ne sait jamais à l'avance si ce sont des victimes ou des criminels. La machine analyse les comportements et annonce un risque. C'est tout. Il y a donc toujours un élément de suspens et une phase de recherche.

Le pitch officiel est un peu ringard à mon sens. Pour vous en convaincre, je vous laisse avec le texte de l'introduction de chaque épisode. Jugez par vous mêmes :

 On vous surveille. Le gouvernement possède un dispositif secret. Une machine. Elle vous espionne jour et nuit, sans relâche. Je le sais, parce que c'est moi qui l'ai créée. Je l'avais conçue pour prévenir des actes de terrorisme. Mais la machine voit tout. Tous les crimes impliquant des citoyens ordinaires, tels que vous. Des crimes dont le gouvernement se désintéresse. Alors, j'ai décidé d'agir à sa place. Mais il me fallait un associé. Quelqu'un capable d'intervenir sur le terrain. Traqués par les autorités, nous travaillons dans l'ombre. Jamais vous ne nous trouverez. Mais victime ou criminel, si votre numéro apparaît, nous, nous vous trouverons.

Les personnages

Le héros

John Reese est un ancien soldat d'élite. Ses états de service l'ont vite mis en lumière pour effectuer des missions secrètes pour la CIA. Il va apprendre le boulot avec une équipière impitoyable et le devenir lui aussi. Ses attributions vont au delà des limites légales ; assassinats, filatures, manipulations. Il navigue dans des eaux très troubles pour la sécurité de la nation.

Sa rencontre avec une femme change tout.

Quand vous trouvez la personne qui donne un sens à votre vie. Vous devenez quelqu'un de différent. Quelqu'un de meilleur. Mais quand cette personne vous est enelvée... Qu'est ce que vous devenez ?

Mais comme pour tous les héros, son bonheur est impossible à atteindre. Il passera une partie de sa vie à errer avant de reprendre pied grâce à Finch. Ses capacités opérationnelles hors du commun le rendent très efficace en combat à mains nue et il est également expert en maniement des armes. Il n'aurait par exemple jamais raté d'un tir de précision. Autant sur son aspect physique que via ses attitudes, je suis presque persuadé que la production a utilisé le personnage de XIII comme référence. Mâchoire carrée, regard perçant calme olympien. S'il fallait une incarnation au héros de BD, Jim Caviezel est un candidat très ressemblant. Le personnage de John Reese est également un modèle de sang froid. Expression neutre et calculatrice pendant les scènes d'action et un ton de voix lui aussi maîtrisé qui est doublée de fort belle manière par Jean Pierre Mickaël. Une de mes voix préférées et aussi une des plus connues (Brad Pitt, Keanu Reeves, Ben Affleck).

Le cerveau

Halord Finch est quant à lui un informaticien de génie asocial et très secret. Peu à l'aise avec les gens, comme tout geek qui se respecte, il a consacré une bonne partie de sa vie à développer « la machine ». Un système qui analyse non seulement les informations fournies par des caméras de surveillance, mais les recoupe avec des conversations téléphoniques et tous les documents informatique à sa disposition.

Il souffre d'une infirmité qui reste un mystère. D'après son attitude, vraisemblablement d'un grave problème osseux qui a du nécessiter une arthrodèse (soudure) de colonne cervicale. Il boîte également, ce qui suggère qu'il a été victime d'un accident.

Son passé est justement drapé de mystère. On en découvrira plus au fil des 23 épisodes de la première. Rongé par les conséquences de son invention, il semble vouloir se racheter. Il y a de grandes chance pour que son infirmité soit en relation avec cette invention. Il reste cependant un personnage d'une grande sensibilité et d'une énorme générosité. Multimilliardaire il dispose de ressources illimités, mais n'en fait pas grand cas. Il préfère se mettre au service des autres.

Les poulets

Le Lieutenant Fusco est un pourri de la police de New-York. Un ripoux presque normal qui trempe dans de petites affaires de corruptions. Divorcé il est très attaché à son fils qu'il accompagne régulièrement à ses entraînements de sport. Tout d'abord un suiveur, il sera pris sous la coupe de John Reese qui le fera chanter. Puis, il prendra goût à faire le bien autour de lui et à devenir un bon flic et surtout un indic fiable pour les deux personnages principaux. On s'attache assez facilement à la personne qui me semble la plus normale et plausible de toute la série.

L'inspecteur Joss Carter, au contraire de Fusco est un modèle de droiture. La loi, c'est elle et elle entends la faire respecter à la lettre. Ancienne interrogatrice dans l'armée, elle met un point d'honneur à toujours respecter les règles. Elle est donc particulièrement échaudée lorsqu'un homme en costume laisse derrière lui des montagnes de blessés ou des cadavres. Elle réalise rapidement que l'homme au costard n'est pas vraiment un criminel et semble plutôt les lui faire tomber tout crus dans le bec. Mais comme il ne respecte pas les règles, elle essaie de le coincer par tous les moyens.

Ce que j'aime

Pour moi, toute la série est portée par un excellent casting. Le jeu des deux protagonistes principaux est juste parfait. En particulier celui de Reese qui, maintenant qu'il a un but, arrive à changer et à se changer. Ce qui n'est pas chose aisée pour une personne entraînée à tuer froidement.

L'autre versant qui me plait beaucoup, c'est la théorie de départ : Une analyse informatique des comportements qui permettent de prévoir ce qui va ou ce qui risque de se passer. Il faut savoir que ce sont des choses en cours d'évaluation et de développement en ce moment. On rejoint ici le thème de Minority Report qui, à l'extrême va permettre d'arrêter des malfaiteurs avant même qu'ils aient perpétré leurs forfaits.

Aujourd'hui, un certain nombre de statisticiens ont réussi à cibler des zones sensibles précises pour orienter des patrouilles de police ou a prédire une augmentation de risques d'accidents. D'ailleurs aux Etats- Unis, on ne parle plus d'accidents de la route depuis longtemps, mais de crash de véhicules motorisés. Chaque "accident" n'est qu'une conjonction de facteurs qui favorisent sa survenue. En conséquence, lorsque ces facteurs sont réunis, pourquoi ne pas mettre les contre mesures utiles au plus proche (la police, une ambulance sur l'autoroute...) ?

Chaque épisode est un nouveau numéro et une nouvelle affaire à résoudre pour John et Harold. Un système très pratique pour une série télévisée. On peut ainsi suivre l'action sans être perdu dans l'histoire. Cette dernière se développe cependant avec comme fil rouge les passés de Reese et Finch. Au fur et à mesure, on peut donc en apprendre plus sur les deux hommes et réaliser que leurs chemins se sont déjà croisés.

D'un côté, nous avons donc des histoires qui se suffisent à elles mêmes et de l'autre la méta histoire des principaux personnages. Bien joué ! Le spectateur est appâté.

La réalisation est efficace, la mise en scène souvent pêchue tout en restant sobre. John est un personnage efficace. Les scènes d'actions sont souvent rapides et brèves. On ne fait pas dans le spectaculaire pour le spectaculaire. C'est un travail qui va générer un sentiment de sérieux et de réalisme dans la série. La photographie y est également pour beaucoup. On travaille souvent sur les clairs obscures et les plans serrés sur les visages éclairés en demi face.

Ce qui me dérange

Le réalisme est tout de même mis à mal par un certain nombre d'incohérences qu'il faudra accepter pour rester fidèle. John est un héros presque indestructible et on finit par ne plus trop craindre pour sa santé, même lorsqu'il se trouve dans les postures les plus périlleuses.

Même si la série fait parfois dans la demi mesure, le postulat de base est tout de même très manichéen. L'ex agent repenti et le milliardaire qui veulent sauver le monde des méchants et faire le bien, j'ai du mal à y croire à mon âge. C'est une utopie, c'est une série, va encore pour cette petite couleuvre.

Sur le même registre, associer un cerveau et un exécutant aux gros bras (même si Reese sort du schéma du gros baraqué) est d'un conformisme éhonté. Le schéma d'un épisode est presque invariablement le même : Le cerveau identifie la cible, récolte des informations en piratant d'un claquement de doigts, l'exécutant effectue des filatures, prends des photos et écoute les conversations des cibles. On mélange tout cela pour équilibrer entre action et réflexion pour jouer sur le spectateur. Les ficelles sont un peu grosses, mais encore une fois, on passe tout de même un bon moment.

Bref, Person of Interest n'est probablement pas une série qui va me marquer des années. A moins que la saison 2 ne s'emballe vraiment (ce qui reste possible). Ceci dit, j'ai envie de la suivre et d'occuper encore mes soirées avec.  Principale difficultée ; il n'est encore disponible qu'à l'import (DVD ou Blu Ray). Toutefois, son prix reste très abordable. Merci mon lecteur DVD dézoné acheté à peu de frais !