Mini drame sur Gameblog. Le nouveau venu, Twister, propose sa première vidéo sous la bannière Gameblog et elle est consacrée à l'histoire de la Playstation 2. Coup de sang d'AHL dont le « fond de commerce » est justement le retour sur ces machines qui ont fait l'histoire du jeu vidéo.


Comme l'avaient suspecté bon nombre de lecteurs, le problème est plus issu à un manque de communication et à une incompréhension qu'à une intention délibérée de mettre les deux concepts en concurrence. Aujourd'hui, le malentendu est dissipé, mais les échanges passionnés qui firent suite à cet événement ont permis de dégager deux courants plutôt manichéens sur la légitimité des auteurs.

Tu es trop jeune petit

Rapidement, tout le monde y va de son commentaire (moi y compris). Twister n'est pas légitime dans ses propos, d'ailleurs il portait encore des couches (c'est une image, merci de ne pas bondir) à l'époque du sujet qu'il prétend traiter. AHL au contraire, est quelqu'un qui a vécu cela et qui peut donc en parler avec assurance et précision.

Ce sentiment est compréhensible, d'autant qu'il me semble que le noyau dur de Gameblog est attaché au site précisément parce que la rédaction est pour bonne partie issue de la même génération. Un peu comme certaines stations de radios qui continuent à passer les morceaux des années 80 et qui ciblent les trentenaires.


Une génératon qui grandit (d'après un post de Mikado)

De jeunes adultes (ou vieux ados), les Rahan et autres JulienC ont grandit et vécu à peu près les mêmes choses que leur lectorat. Dans ce microcosme qui se couche en lisant IG Mag et s'abonne à NoLife, on a certainement du mal à entendre un « petit jeune » qui voudrait nous raconter ce qui s'est passé lorsque nous avions son âge. Retourne chez ta mère.

Mais alors, les jeunes n'ont pas voix au chapitre ?

Quand le troubadour raconte une histoire

En l'occurrence, puisqu'il s'agit de deux vidéos traitant de faits historiques (la sortie d'une console de jeu) on s'approche justement d'un travail d'historien. De nombreux historiens ont une démarche d'enquête qui s'apparente à du journalisme (recherche de sources, recoupement d'infos) avec le même souci d'impartialité. D'ailleurs, en grec, le mot « histoire » prend le sens « enquête ». Hérodote est d'ailleurs considéré comme le premier d'entre eux (ma lecture douloureuse de « L'enquête » en témoigne).

Qu'est ce qu'un historien ? Au début, ces derniers servaient surtout à coucher sur le papier les récits plus ou moins romancés des dynasties qui les entretenaient. Il était parfois difficile de faire la part des chose entre les faits historiques et la mythologie. Ce n'est que vers la fin du 19ème siècle que les historiens commencent à structurer leur art et à tenter d'y introduire une certaine déontologie.

Difficile de rester neutre en histoire, puisque chaque information a besoin d'être replacée dans son contexte. L'enseignement des faits de la seconde guerre mondiale est à ce titre un des exemples intéressants. En occident, on a très souvent eu coutume de penser que les méchants japonais avaient attaqué les américains parce qu'ils étaient les alliés des méchants allemands. Côté nippon, l'embargo sur les importations de pétrole par les USA devait inévitablement mener à la guerre (c'est en réalité plus compliqué, mais il s'agit d'une grossière illustration). Le problème reste encore plus entier lorsqu'il s'agit de parler de la bombe atomique. A-t-elle permis de sauver des vies ou, au contraire, est-ce une atrocité sans nom qu'il aurait fallu éviter ?

Une histoire de contexte

Le sujet qui nous préoccupe est infiniment moins grave (troubadours que nous sommes), mais le principe reste entier. La narration des faits est emprunte de politique et surtout du contexte dans lequel on se place ou du contexte dans lequel on place le lecteur.

Lorsqu'on réalise ceci, on comprends que le témoignage d'un ancien comme AHL est une arme à double tranchant. Oui, Alain saura nous raconter avec une certaine couleur ce qui s'est passé à la sortie de la Dreamcast. Oui, il saura nous dire combien cette console était formidable. Mais que retiendra l'Histoire si on la dépassionne ? Que les consoles ne s'appelaient plus des « Nitendo », mais des Playstation à cette époque. Qu'avant cela, la Super NES était une console pour les bébés et que la Megadrive, c'était pour les grands.

Evidement nous savons tous que ce n'était pas le cas, mais si vous interrogez le pékin moyen, il aura sans doute ce genre de réponses.

Au contraire, Twister va mettre en route un travail de recherche qui sera vierge de tout préjugé. Son enquête devrait aussi bien trouver des éléments à charge qu'à décharge (que la conclusion soit positive ou négative). En ce sens, son travail d'enquête se rapproche plus de celui de l'historien. Encore faut-il trouver des sources fiables, les compiler et en tirer la substantifique moelle.

C'est ici que cela devient amusant. AHL est une source d'informations incontournable (à mon sens) pour cette période et l'histoire du jeu vidéo.

Pourquoi je préfère AHL

Parce que je n'ai pas forcément envie d'être consensuel, j'ai tout de même choisi mon camp. Le titre du chapitre n'en fait pas mystère, il s'agit d'AHL. Lorsqu'il s'agit de raconter l'histoire avec une histoire, son témoignage direct, ainsi que sa culture du jeu me conviennent parfaitement. De plus, je pense qu'il a également le minimum de recul nécessaire pour replacer les choses dans leur contexte.

Dans le même esprit, lorsqu'un Florent Gorges nous raconte l'histoire de Nintendo, il le fait non seulement avec son expérience et son vécu, mais aussi avec de nombreux témoignages et après moult recherches documentaires. Son travail est celui qui me semble le plus proche de celui d'un historien du jeu vidéo. Il allie à la fois l'expérience et la connaissance des sources.


Saurez vous retrouver Alain sur cette photo ?

Il manque à Twister cette expérience. Son travail, non moins intéressant, ne peut s'appuyer que sur la recherche documentaire. En l'occurrence, puisqu'il s'agissait d'une présentation de la sortie de la PS2 et malgré une belle mise en forme, le résultat est moins en relief et ne fait « que » compiler des images d'époque. La réalisation péchue et le montage dynamique rendant le tout agréable à regarder.

Ma conclusion est elle, plus consensuelle. Twister n'est pas moins légitime. Il offre simplement une autre approche. Nous avons deux contenus différents, pourquoi nous plaindre alors qu'il suffit de choisir celui qui nous conviendra le mieux ? Il n'y a rien en moins (maintenant qu'AHL a confirmé qu'il restait). En revanche, sur les thèmes choisis, il serait peut être intéressant d'éviter qu'il soient directement intercurrents avec les productions d'AHL.

Le bonheur ? C'est simple comme un coup de fil !