Les plus jeunes des joueurs d'aujourd'hui ne connaissent peut-être pas Alex Kidd. Peut-être tout au mieux ce nom les renvoie à un personnage jouable dans Sonic & Sega All Star Racing Transformed ? Et pourtant pour toute une génération de joueurs - principalement en France et en Espagne - Alex Kidd est un monument. Et pour cause : son premier jeu Alex Kidd in Miracle World a longtemps été intégré directement dans les Master System 2. Malheureusement, après plusieurs jeux sur Master System et Megadrive, le petit Alex s'est rapidement fait remplacer par Sega au rang de mascotte par un petit hérisson bleu que tout le monde connait. Depuis, les fans de la première heure réclament à cor et à cri sans succès le retour de l'enfant prodige. Et c'est donc avec une grande joie qu'ils ont célébré l'arrivée d'un Alex Kidd In Miracle World DX par Merge Games et JankenTeam en collaboration avec Sega (et distribué par Just For Games) sur nos consoles actuelles. Pensez-donc, un remake de l'épisode phare qui a bercé (et traumatisé) toute une enfance. Mais que vaut donc ce remake ?

Le ciseau bat le papier

Il ne le sait pas encore à ce stade-là de l'histoire, mais notre petit Alex est en fait le prince du royaume de Radaxian. Il n'est donc pas étonnant que le destin l'ai choisi pour sauver son royaume des griffes du terrible Janken Le Grand. Comme très souvent à cette époque (le jeu d'origine date de 1986) le scénario est surtout un prétexte à mettre en scène un jeu de plateforme haut en couleurs. L'univers d'Alex Kidd In Miracle World est inspiré de Dragon Ball (historiquement, le jeu a été commencé comme une adaptation officielle du manga) avec un univers mignon tout plein. Alex sait se battre avec son petit poing dans toutes les situations, que ce soit sur terre, ou dans l'eau. Tel un Vin Diesel des temps Jadis il enfourche également tout véhicule qui passe à sa portée (Moto, Hélicoptère...). Mais son arme la plus légendaire c'est son habilité au Janken (alias Papier Caillou Ciseau) qui va lui permettre de terrasser les odieux boss qui se mettront en travers de sa route. Régulièrement, de petites échoppes permettent de dépenser l'argent durement gagné en divers objets plus ou moins importants à usage unique (à utiliser avec très grande modération donc). La difficulté du jeu est extrême et peu de joueurs à l'époque en ont vu le bout. Chaque ennemi frôlé et c'est la mort assurée. Les vies sont distribuées au compte-goutte, et en obtenir de nouvelles demande généralement une grosse prise de risque. Voilà pour le petit récapitulatif du jeu que tout le monde connait (ou en tout cas devrait connaitre) dans les grandes lignes. 

Le papier bat le caillou

Intéressons-nous donc maintenant a cette version DX du jeu. Alex Kidd in Miracle World DX est une version extrêmement fidèle du jeu sur le plan des mécaniques et du level design. Il mise avant tout sur la couche de peinture qui vise à le rendre plus actuel. Sur ce plan-là, on peut dire que c'est réussi. Si le style graphique s'éloigne un peu du jeu d'origine, il est surtout beaucoup plus détaillé et extrêmement soigné. On se rapproche du travail effectué par Lizard Cube sur le remake de Wonder Boy The Dragon's Trap. Les fonds d'écrans monochrome laissent place à de très jolis décors légèrement floutés pour ne pas gêner de trop la lisibilité du jeu. Chaque brique, personnage ou objet du jeu a été redesigné. On sent que le travail a été fait avec soin. Malheureusement, il manque le degré de finition justement du jeu de Lizard Cube. En effet, certains sprites n'ont pas la même taille que ceux du jeu d'origine alors que les hitbox sont restées les mêmes. Il en résulte parfois des problèmes de collision assez gênants et souvent frustrants. Alex Kidd In Miracle World était connu pour sa difficulté, mais voilà que le remake en rejoute une petite couche avec ce parti prit. Vu qu'il est possible de passer à tout moment du remake à une version fidèle du jeu de 1986, ces différences sautent parfois aux yeux. D'ailleurs, pour certains passages un peu pénibles, il est conseillé de passer en mode retro. Autre aspect allant dans le sens d'une difficulté accrue : tous les joueurs d'époque le savaient, en cas de game over, une petite manipulation cachée à l'écran titre permettait de reprendre au dernier niveau visité moyennant une petite somme d'argent. Un continue déguisé en somme (c'était assez courant à l'époque chez Sega). A ma connaissance, cette possibilité est tout simplement absente de ce remake (même dans le mode original qui se débloque une fois cette relecture du jeu terminée). Bien conscients que l'extrême difficulté du titre poserait problème à bon nombre de joueurs de 2021, la Jankenteam a proposé une option vies illimitées. Voilà qui aide grandement le titre qui regorge de checkpoints. Mais cela casse malheureusement aussi le jeu dans la mesure ou chaque sou récolté resté acquis définitivement après la mort. Il est ainsi possible de farmer une zone riche en argent pour se faire un petit pécule, et ainsi ne plus être tributaire de cet argent de la partie. Les petits sacs d'or  malicieusement placés qui nécessitent normalement une prise de risque pour être récoltés peuvent donc être tout simplement évités.

Le caillou bat le ciseau

Ne boudons pas trop notre plaisir tout de même car replonger dans le monde d'Alex Kidd reste un plaisir. Outre les décors, les musiques ont également fait l'objet d'un soin particulier. Certes on perd le côté simple et entêtant des musiques d'origine (qu'on retrouve en mode retro), mais la qualité des compositions est indéniable. La narration a été également un tantinet revue. A différents endroits du jeu, des personnages avec lesquelles discuter ont été ajoutés pour contextualiser un peu plus l'action. Une version pixelisée de ces personnages a même été ajoutée au mode Retro (mais pas au mode Original). Plus intéressant encore, quelques petits niveaux ont été ajoutés, principalement en fin de jeu pour rallonger un petit peu la durée de vie. Là encore une version Retro existe. Enfin, les combats de boss ont été revus. Qu'il s'agisse du sanglier sauvage du début ou des seconds affrontements contre les sbires de Janken Le Grand, les affrontements sont un peu plus intelligents, quoi que plus délicats. Aussi, un soin a été apporté pour rendre l'interface du jeu plus pratique. Plus besoin d'appuyer sur le bouton pause de la console pour utiliser un objet par exemple. De petits collectables sont aussi éparpillés dans les niveaux. Une fois le jeu terminé, le mode Original mentionné plus haut se débloque, mais également un nouveau mode boss rush. Malheureusement, ce mode n'est pas très intéressant car en plus de la partie  action des affrontements, il faut aussi gagner les parties de Janken préalables, rendant ce mode un peu répétitif. A la place, nous aurions vraiment souhaité un contenu plus historique comme des artworks à débloquer, des vidéos de making of, un sound test, ou même une option de sélection de stage. Petite option bienvenue toutefois : la possibilité de choisir la nourriture symbolisant la fin de chaque niveau (Hamburger, Onigiri ou Omelette) pour coller à la version que vous aviez connus enfants.

 

Mon avis à moi

Alex Kidd In Miracle World DX est un petit miracle dans le sens qu'il s'agit du retour inespéré d'une franchise qui a marqué un nombre incalculable de joueurs. L'amour qu'on peut donner à un jeu ayant bercé son enfance est indéniable. Et c'est cet affect qui va décider de l'intérêt réel de ce remake à vos yeux. Pensé clairement pour tartiner de nostalgie le joueur d'époque, ce remake ne fait malheureusement pas assez d'efforts pour vraiment moderniser la formule. Pire il arrive à accentuer la difficulté et les frustrations d'époques. Mais si vous l'avez aimé à l'époque, revoir le petit enfant affamé et adepte du Janken n'a pas de prix, surtout que si le jeu est un succès, peut-être qu'une suite pourrait voir le jour.

 

A qui s'adresse Alex Kidd In Miracle World DX ?

- Aux nostalgiques de l'épisode fondateur sur Master System

- Aux curieux désirant connaitre l'engouement pour cette série

 

A qui ne s'adresse pas Alex Kidd In Miracle World DX ?

- A ceux qui s'énervent facilement dans les jeux

- A ceux qui espèrent un contenu conséquent

 

 

 

Johann Barnaud alias Kelanflyter