Quand des jeux marquent l'univers vidéoludique de leur empreinte, nombreux sont ceux qui cherchent à suivre leurs traces pour profiter du nouveau sillon creusé. La plupart sont des pâles copies opportunistes, mais parfois certains tirent leur épingle du jeu en proposant quelque chose d'assez unique. C'est le cas d'Othercide, qui - bien que s'inspirant de grands classiques comme XCom ou Darkest Dungeon - digère le tout et en profite pour ajouter des éléments bien à lui. Focus Home Interactive et LightBulb Crew nous livrent ici une expérience qui ne manque pas de cachet.

 

Cthulhu goes to Sin City !

Avant de parler du titre en lui-même, commençons par tenter de décrire l'ambiance si particulière du titre. Si vous espériez un univers fun et bigarré, il n'y a pas de doute à avoir, vous vous êtes trompés de crèmerie. L'univers du jeu se rapproche des histoires de Lovecraft, remplies de créatures indescriptibles. Visuellement cet univers est représenté dans un style très proche du film Sin City (donc en quasi monochrome avec des touches de rouge bien appuyées). Si le scénario est en retrait, c'est volontairement, pour perdre le joueur, l'entraîner dans un monde dépressif où le voile séparant le réel de l'éthéré est sur le point de se rompre, donnant au mal son ultime victoire. Heureusement, pour tenter de le contrer, la "mère" peut envoyer des "soeurs" pour se battre contre ces infâmes créatures. Inévitablement, les soeurs finiront par mourir, ce qui se traduirait par la fin du monde si la mère n'était pas en mesure de remonter le temps pour réessayer encore et encore.  

Vous l'aurez compris, on parle ici d'un jeu dans lequel vous allez mourir à répétition. Mais contrairement à la plupart des titres du genre à tendance hardcore, la mort n'est pas toujours un mal. En effet, il s'agit même du principal moteur de progression dans le jeu. Les soeurs mortes sont envoyées dans un cimetière dans l'attente d'être ressuscitées avec leur niveau d'origine, et mieux encore, des "traits" de caractéristiques glanés çà et là à force de certains faits d'armes. Evidemment, la résurrection est limitée et il faudra faire attention à l'utiliser avec parcimonie, surtout que les décès sont à foison et pour cause : il est impossible de soigner la moindre blessure de manière traditionnelle dans Othercide. La seule échappatoire pour une soeur à une mort certaine est de sacrifier une autre soeur (d'un niveau égal ou supérieur) pour lui permettre de retrouver sa jeunesse et au passage de bénéficier de la mémoire de la soeur sacrifiée, ce qui lui apportera quelques bonus non négligeables. 

Un tactical pas pour les chochottes.

C'est bien beau de parler des mécaniques du jeu, mais finalement, je n'ai même pas encore dit de quel genre de jeu il s'agissait. Bien sûr, l'allusion à XCOM et à Darkest Dungeon plus haut a dû vous mettre la puce à l'oreille : Il s'agit d'un jeu de tactique en escouade matiné d'une grosse couche de Rogue-like bien hardcore. Sans rentrer dans toutes les mécaniques trop complexes pour être simplement résumées ici (et pour vous laisser la surprise de la découverte), sachez que le jeu est sans pitié, car il veut que vous mourriez, que vous farmiez, que vous mourriez, que vous farmiez et ainsi de suite. N'espérez pas venir à bout du premier boss du premier coup. Non il va venir vous trucider avec une violence inouïe, à tel point que vous vous demanderez ce qu'ont fumé les développeurs de Lightbulb Crew pour croire que vous pourriez réussir ce qui semble être insurmontable. Pourtant à force de mourir et d'engranger des bonus par ci et par là, sans compter votre propre expérience de joueur qui comprend petit à petit les mécanismes de l'IA, croyez-le ou non : il finira par trépasser ce boss. Bon évidemment ce serait trop simple s'il n'y avait qu'un seul boss bien entendu, alors le suivant viendra à son tour vous mettre en pièce et ainsi de suite jusqu'à la conclusion. 

Evidemment, un Tactical de qualité doit son succès à un équilibrage sans faille, ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas (Coucou Falling Skies The Game) ici, rogue-like oblige l'équilibrage est délicat à tenir, d'autant plus quand des ennemis apparaissent à des endroits de la carte qu'on n'avait pas prévus. Ce serait moins gênant si au moins on savait quel genre de bestiole allait nous tomber dessus. Comme les cartes et les configurations d'ennemis sont assez redondantes, au moins on finit par savoir où se placer au mieux, mais une certaine lassitude arrive un peu trop rapidement. On aurait apprécié un peu plus de renouvellement dans les types d'ennemis, les décors, ou encore mieux dans les classes de personnages disponibles.

Quitte à parler de ce qui fâche, parlons également des petits soucis de finitions. Les temps de chargements sont un tantinet longuets, la fluidité n'est pas optimale, surtout en mode portable, on se perd parfois dans des menus peu réactifs et peu intuitifs. Enfin, les textes sont un peu petits en mode portable. Les développeurs doivent le savoir puisqu'ils ont ajouté une option pour de plus gros textes, mais du coup on est clairement dans l'extrême inverse.  

Mon avis à moi

Les bons Tactical ne sont pas monnaie courante, alors c'est certain qu'Othercide tombe à pic. Mais attention, il s'agit d'un jeu clivant. On adore ou on déteste, mais au moins, il ne nous laisse pas indifférent. Si vous recherchez un jeu qui vous donnera du fil à retordre et qui ne vous prend pas par la main, laissez-vous tenter, vous risqueriez de ne plus le lâcher. Pour les autres, peut-être devriez-vous prier pour que l'éditeur décide de publier une démo du jeu sur l'eShop pour vous faire votre propre avis. 

 

A qui s'adresse Othercide ?

- Aux amateurs de sado masochisme

- A ceux qui veulent un Tactical de qualité et qui ont poncé XCOM 2

- A ceux qui aiment les rogue-like avec des boucles de gameplay longues

- A ceux qui ne veulent pas sauter d'un pont

 

A qui ne s'adresse pas Othercide ?

- Aux bigleux

- A ceux qui abandonnent à la moindre frustration

- A ceux qui aiment chouchouter leurs personnages

- Aux fans de la Compagnie Créole : "c'est (pas) bon pour le morale !"

 

 

Johann Barnaud alias Kelanflyter