On va s’éclater !

Voilà bien longtemps que Bomberman n’avait pas pointé le bout de ses engins explosifs. A tel point que les plus jeunes d’entre vous ne comprennent peut-être pas l’engouement pour cette série pourtant ô combien merveilleuse. Autant dire que lorsque Konami – qui plus est un éditeur n’ayant plus beaucoup de relations avec Nintendo depuis quelques années - a annoncé un nouvel Opus pour la toute nouvelle Switch, les vieux de la vieille ont forcément eu un petit haussement de sourcils en mode « WTF ! ».

Mais d’abord il convient de rappeler ce qu’est Bomberman. Sorti pour la première fois en 1983 puis rapidement devenu une mascotte emblématique d’HudsonSoft et porte étendard de la PC-Engine, c’est véritablement lors de sa sortie sur Super Nes en 1993 que le phénomène nous touche nous autres occidentaux que nous sommes. Et quel phénomène mes amis ! Fini les jeux en solitaires ou simplement coopératifs. On entrait de plein pied dans le Partygame avec un titre permettant à toute une bande de potes de se balancer des bombes dans le coin de la tronche, rythmés par les rires des uns et les cris de frustration des autres. Alors oui, la série s’est aussi aventurée parfois dans des escapades en solitaires (en particulier dans l’excellent Bomberman Tournament sur GBA), mais soyons clairs net et précis, c’est en multi que la série prend tout son sens. Cela a toujours été le cas et ce nouvel opus Switch ne déroge pas à la règle.

 

Revenons donc à nos moutons. Ce Super BomberMan R ne tente pas de réinventer la roue et nous propose ici un jeu qui reste dans les canons de la série. En naviguant dans les menus, on s’aperçoit rapidement que les modes de jeux n’abondent pas et restent bien classiques. En dehors d’une boutique permettant d’acheter des accessoires pour customiser ses personnages et de nouvelles cartes pour le multijoueur, on retrouve donc trois grandes sections : Un mode histoire, des batailles en local et des batailles en ligne. A noter que le jeu propose un petit manuel en ligne, mais ce dernier manque clairement de détails sur le plus important comme la description des bonus/malus ou les particularités des cartes. Les habitués retrouveront rapidement leurs repères, mais pour les éventuels nouveaux venus, ce sera donc l’apprentissage sur le terrain.

Gros morceau mis en avant par Konami, le mode histoire est relativement conséquent pour un jeu de la série. Jouable seul ou en coopération avec un ami (le partage des Joycons étant ici fort bienvenu) en local, le mode se compose d’une cinquantaine de niveaux (un peu moins en fait vu que les boss doubles comptent pour deux niveaux chacun) répartis en 5 planètes avec chacune son lot de particularités. Quelques longues cinématiques viennent s’intercaler de temps en temps, mais rien de bien passionnant. Elles ont au moins le mérite de contextualiser un peu l’action. L’histoire n’ayant pas grande importance résumons simplement : un grand méchant veut dominer le monde et installe ses armées sur 5 planètes en signe d’avertissement. La famille Bomberman se met en marche pour lui filer une bonne raclée qui va sentir le souffre. Très classique dans son approche, ce mode rappellera quelques souvenirs aux nostalgiques de Dynablaster sur Gameboy/NES. Globalement il faudra débarrasser un niveau de ses ennemis avant d’atteindre la sortie. Quelques objectifs un peu différents viendront de temps à autre relancer un peu l’intérêt, comme de survivre un certain temps, actionner des interrupteurs ou d’escorter des civils à la sortie. Pas de quoi changer vraiment la formule qui consiste à poser des bombes de plus en plus puissantes pour que le souffle de l’explosion entraîne les malheureux ennemis dans une mort atroce. Ce mode histoire a la mérite d’exister et de proposer plus de consistance au jeu, mais soyons honnêtes, il y a de fortes chances pour que vous ne le relanciez pas une fois terminé si ce n’est pour grappiller quelques piécettes pour la boutique. En effet, outre une répétitivité à toute épreuve, ce mode de jeu est aussi gangréné par une caméra étrangement mal placée qui pose quelques soucis de perspectives. Il ne sera pas rare de mourir bêtement à cause d’un ennemi caché derrière un élément en hauteur. Ce problème de caméra est d’autant plus flagrant à deux joueurs, d’autant plus que deux poseurs de bombes en même temps, c’est aussi plus d’explosions à anticiper. Bref, après quelques heures de jeu, vous passerez rapidement sur le gros morceau du jeu et son véritable intérêt : le mode bataille.

Deux cas de figure ici selon que vous ayez une bande d’amis sous la main (et autant de manettes que de joueurs) ou non. Dans le premier cas de figure, direction le mode local jouable jusqu’à huit joueurs sur une seule switch avec quatre paires de Joycons, mais aussi avec des Controller Pro pour les plus chanceux. A noter qu’il est aussi possible de jouer à ce mode avec quatre Switch connectées entre elles (2 joueurs par Switch), mais qu’il faudra du coup autant de cartouches de jeu que de consoles. Bref, chaque joueur sélectionne son personnage et son accessoire, le créateur de la partie définit les règles et la carte et c’est parti pour quelques minutes de folie. Pas de caméra folle ici puisque la vue est classiquement au-dessus du terrain de jeu. Heureusement d’ailleurs vu qu’en mode bataille il y a rapidement plus de zones entrain d’exploser que de zones de sécurité, la visibilité étant juste cruciale. Les commandes ne répondent pas tout à fait aussi bien que sur les vieilles versions, mais ça reste jouable. A noter qu’un patch est prévu pour corriger le tir, améliorant au passage le netcode en ligne.

Pour ceux qui ne connaissent pas, rappelons juste qu’il s’agit d’être le dernier survivant pour gagner la manche, et que les manches s’enchaînent rapidement - d’autant plus si la mort subite est activée vu que le terrain de jeu se réduira drastiquement lors de la dernière minute de jeu. Pour botter des fesses, il faudra être très réactif pour être le premier à attraper les bonus cachés dans les décors destructibles, faute de quoi votre arsenal fera rapidement de la peine à voir comparativement à celui de vos adversaires. Heureusement, chaque fois qu’un joueur meurt, toutes ses options sont disséminées sur le terrain de jeu, et il sera possible (et même fortement conseillé) de jouer au charognard pour en récupérer un maximum. Histoire que ceux tombés au champ d’honneur n’attendent pas bêtement la fin de la manche, ils auront la possibilité de vous lancer de petites bombes à partir des rebords de la carte. Si jamais ils vous tuent, ils reviennent à votre place dans la partie, ce qui – disons-le tout de suite - est assez motivant. Niveau bonus, cet opus fait dans le très classique avec les améliorations de vitesse, de nombre de bombes, de taille de déflagration, quelques maladies par-ci par-là et de rares bonus type coup de pied ou de poing. On aurait apprécié plus de folie et surtout le retour des dinosaures de la version Megadrive. A noter que si vous n’avez pas assez d’amis sous le coude, il est possible de les remplacer par des CPU ou de limiter la partie à quatre participants. Attention, si vous choisissez d’intégrer des CPU dans la partie, ils ne vous feront clairement pas de cadeau et seront rarement pris en défaut. Il est particulièrement dommage que le jeu ne permette pas de leur sélectionner un niveau de jeu pour s’adapter aux joueurs. De plus si les seuls survivants de la partie sont des CPU, il faudra généralement attendre jusqu’à la mort subite pour espérer voir un gagnant pour la manche. Dans le cas où vous êtes un ermite sans amis (ou que vos amis ont le mauvais goût de ne pas aimer Bomberman), le mode en ligne sera votre fief. Des quelques parties essayées, le lag n’était pas présent, mais certains joueurs se sont plaints de rencontrer des parties tout bonnement injouables. Pensez donc bien à régler dans les options la recherche de joueurs par région de jeu, pour éviter de tomber contre des américains ou des asiatiques. Rappelons de plus que le netcode devrait être amélioré par le prochain patch. Enfin, rappelons qu’en plus des cartes de base, la boutique permet d’en acheter de nouvelles, mais qu’il faudra de très (trop ?) nombreuses parties pour pouvoir tout débloquer.

Mon avis à moi

Super Bomberman R n’est clairement pas un jeu parfait. Mais malgré un solo pas extraordinaire et un manque d’ambition certain, Bomberman reste Bomberman. Avec une poignée d’amis sous la main et tout le matériel nécessaire, le jeu vous procurera quelques bonnes crises de fous rires dignes de la grande époque 16 bits. Espérons simplement que ce coup d’essai de la part de Konami se transforme à l’avenir avec une suite plus riche en contenu et en option et mieux réglée.

En conclusion, j’achète Super Bomberman R si je suis déjà équipé d’amis et de Joycon !

A qui s’adresse Super Bomberman R?

-        A ceux qui sont nostalgiques des nuits blanches passées sur cette série

-        A ceux qui ont plein d’amis et de Joycons

-        A ceux qui veulent un jeu en ligne sur la Switch

-        A ceux qui attendent un nouveau Bomberman depuis tant d’années

A qui ne s’adresse pas Super Bomberman R?

-        A ceux qui ne jurent que par le solo

-        A ceux qui attendent une suite avec plus d’options

-        A ceux qui n’ont aucun réflexe

-        A ceux qui n’ont pas le temps de jouer à autre chose qu’à Zelda

kelanflyter