Sorti il y a bientôt 2 ans sur PC, Wooden Sen’SeY  profite du calme de l’été pour arriver sur l’eshop de la WiiU. Toujours développée par les Lyonnais d’Upper Byte, cette version U inclût tous les ajouts de la version Steam (nouveaux menus, mode contre-la-montre et corrections de bugs) et ajoute quelques singularités propres à la console de Nintendo (support de tous les types de manettes, utilisation du gyroscope et off-TV).

Wooden Sen’SeY est un jeu de plateformes et d’action qui rappellera aux plus anciens l’ambiance de certains Goemons, notamment celui sorti en Europe sur Super Nintendo, sous le nom de The Legend of Mystical Ninja. Goro, un chef de village ninja bourru, se lance à la poursuite d’un gredin qui lui a dérobé son stock de SeY, sa boisson préférée.

Feeling, nothing more than feeling…

Un bon jeu de plateformes, qu’il lorgne vers l’action ou le saut d’obstacles millimétré, est avant tout pour moi une question de feeling. Il y a le poids du personnage, sa physique, la réactivité des contrôles quand on déclenche un saut ou encore le timing que demande une série d’actions (par exemple, rebondir sur un ennemi pour attraper une liane au vol et atterrir sur une plateforme). Un bon feeling peut me faire oublier un level design quelconque et me faire passer la pilule d’une difficulté absente comme trop importante.

Je suis tombé amoureux de Donkey Kong Country Returns, de Super Meat Boy ou de Shovel Knight en moins de 2 minutes, juste sur leur prise en main, sur ce feeling que procure immédiatement une série de sauts ou d’actions.

Sur les premières minutes de jeu, j’ai trouvé le feeling de Wooden Sen’SeY mauvais, avec son gameplay à deux vitesses, nerveux sur le simili double saut et mou dans l’utilisation du grappin.

https://images.nintendolife.com/news/2013/10/video_wooden_sensey_gets_acrobatic_in_new_trailer/attachment/0/original.jpg

Le studio Upper Byte a fait des choix de contrôles surprenants et pas toujours judicieux. La double hache, l’objet à tout faire du jeu, partage des caractéristiques communes avec la canne de Duck Tales ou la pelle de Shovel Knight, puisqu’elle permet à Goro de frapper vers le sol, soit pour lui donner une impulsion supplémentaire, soit pour causer des dégâts. Mais plutôt que d’utiliser un « bas » simple ou un « bas + bouton de saut », il faut presser Y après le saut (B) pour réaliser cette action. Ou comment faire compliquer quand on pouvait faire simple… D’autant qu’on ne peut pas rebondir plusieurs fois sans enclencher un nouveau saut. Lors d’une série de plateformes, il faudra donc refaire un saut pour utiliser à nouveau la double hache vers le bas. Une idée comme une autre, qu’on aurait validé si le level design était pensé pour. Mais ce n’est pas vraiment le cas ici, surtout dans les niveaux les plus avancés.

Pourtant, cette utilisation de la double hache donne un côté nerveux au gameplay de Wooden SenSeY, malheureusement vite balayé par le peu d’intérêt du corps-à-corps et surtout par la mollesse du grappin. En pressant un des 4 boutons de tranche du Gamepad, la double hache de Goro se transforme en une chaîne nébulaire capable de s’accrocher aux différentes plateformes. Un grappin ajoute souvent du punch et de la vitesse à un jeu d’action plateforme, mais celui de Goro se révèle particulièrement court, ce qui rend le déplacement particulièrement aléatoire et les chutes nombreuses. Une fois fixé au dessous d’une plateforme, le grappin permet à Goro de se balancer, mais avec une lenteur digne d’un paresseux, qui casse franchement le rythme du jeu. Evitez d’ailleurs le contrôle au gyroscope par défaut, une vraie calamité, pour préférer le contrôle au stick.

 Japan meets nawak !

Visuellement, Wooden Sen’SeY montre un certain caractère avec sa DA surprenante, entre steampunk et Japon médiéval. Certaines textures sont un peu faibles et les ennemis peu originaux, mais l’ensemble est coloré et varié. Les premiers niveaux sont classiques mais on se retrouvera vite dans des fonds marins, sur le pont d’un navire (avec une représentation visuelle pour simuler le roulis plutôt intéressante) ou dans un niveau tout en ombres chinoises et soleil couchant.

https://www.e-neko.com/wp-content/uploads/2013/08/WoodenSenSeY_14.png

L’accompagnement musical est également réussi, même si parfois un peu répétitif. Des thèmes d’inspiration japonaise se mélangent à des beats électro ou à des guitares rock. On y croise même des ambiances plus angoissantes comme ces thèmes magnifiques des niveaux Danse avec les Poulpes ou Perdu dans les profondeurs, avec piano strident, percussions martiales et guitares endiablées.

 Un ennemi qui vous veut du bien…

Si l’aventure principale de Wooden Sen’SeY est courte (comptez 3-4h pour terminer les 10 niveaux), elle se révèle particulièrement corsée à partir du niveau 5, avec des passages qui mettront vos nerfs à rude épreuve pour culminer jusqu’à l’absurde dans le premier segment de la confrontation finale.

Chaque niveau comporte son lot de challenges et d’objectifs : gourdes de SeY à récupérer, lampions noirs à éliminer et temps à battre. De quoi prolonger encore un peu l’aventure.

https://www.e-neko.com/wp-content/uploads/2013/08/WoodenSenSeY_03.png

Plus intéressant, le Contre-la-montre, qui offre 30 niveaux inédits, plus courts que ceux du mode scénario et surtout mieux pensés en termes de level design, est une franche réussite. Ces niveaux, qu’on parcourt en quelques secondes mais dont on cherchera longtemps à optimiser le chrono (un leaderboard mondial ou par amis est disponible) mettent bien mieux en avant les choix de gameplay particuliers de Wooden Sen’SeY, à travers une disposition des plateformes et des différents éléments certes totalement fantaisistes mais pensés pour le challenge.

J’ai beau pesté contre certains choix de gameplay, contre quelques ratés dans les contrôles (le grappin !) ou contre un level design pas toujours en accord avec la physique du personnage, les premiers niveaux du mode Contre-la-montre m’ont captivé. Mieux, ils m’ont servi de nouvel entraînement et m’ont donné envie de relancer le scénario principal !

C’est tout le paradoxe de ce Wooden Sen’SeY, jeu bancal et revêche, qui alterne constamment chaud et froid, balade de santé et trip hardcore, gameplay nerveux et mollesse sans nom, plaisir et frustration. S’il est difficile de lui passer certains errements dans son gameplay, on lui reconnaîtra une vraie personnalité, un panache même. Les choix surprenants d’Upper Byte ne sont pas toujours payants et pourraient même décourager plus d’un joueur mais ils confèrent à Wooden Sen’SeY une originalité et un intérêt, qui ne se révèlent malheureusementque trop sur le tard.

                                                                                                                                                                  par sopor