"Pour ceux qui n'auraient pas saisi le titre"

Un phénomène culturel au Japon, une étrangeté malsaine pour un français moyen ou un "What the fuck" du point de vue d'un ricain qui zone pépère sur Halo. Hatsune Miku, fille de 16 ans inventée de A à Z via un programme de synthétiseur vocal développé par Yamaha. Cette petite Miku, adolescente aux cheveux bleus, avec ses yeux typés "Manga" et à la voix stridente quasi insupportable, à été crée via le "Vocaloid 2.0" par la société Crypton Future Media. Une vraie poule aux œufs d'or pour cette société. Elle profite d'une popularité quasi exceptionnelle au Japon et paradoxalement d'une poche de fans français. Avec son lot de Goodies, concert holographique, et même les jeux vidéo estampillés "Hatsune Miku". Project Diva F fait pour la première fois profiter le sol européen de sa grâce virtuelle sur les consoles de Sony.

"-Alors Koré, t'as kiffé ? "-Mehh..."

 "Allez viens ! On est bien bien"

D'un autre côté, je l'aurai bien mérité, quand on m'a proposé le jeu à la rédaction, je me suis dit :"ouais pourquoi pas ? Je ne connais pas". Pour la première fois de ma vie, j'emmerde profondément ma curiosité, sincèrement. Me voici face à mon exercice le plus casse-gueule de ma carrière de pigiste amateur, comment rester poli, comment rester humble et pédagogique face à un soft pareil. Autant, Space Channel 5 de Sega était un bon gros délire assumé, avec Ulala et ses combats rythmés face aux aliens, ici la sauce est différente. Hatsune Miku Project Diva F , autant le dire tout de suite, ce jeu est dû pur fan-service, si on n'accroche pas à l'univers ni aux délires très particuliers de cette contre-culture underground nippone, vous allez passer un sale quart d'heure. Ceci dit, le jeu n'est pas mauvais, soyons sincères, ce rythme game a plus d'interaction qu'un David Cage et la musique reste plus inspirée que toutes les merdes qu'on se mange à la radio. Je ne dis pas ça pour caresser les nombreux fans qui vont ne pas hésiter à me flinguer pour chaque pique envoyer à ce jeu. Non aujourd'hui, restons soft, restons cool, ne parlons que de la forme du jeu que du fond...

Non, pas possible, mon éthique me pousse pour vous, ignare de la culture "Vocaloïd" à développer le pourquoi du comment. Même si on déteste ce délire kawaï, ce qui est envisageable pour la plupart de mes lecteurs, surtout ceux qui ont apprécié le faîtes que j'ai sucé le jont de Rockstar pour leur quasi parfait GTA V ou encenser le maître Sakaguchi. Mais revenons plutôt à notre petit groupe virtuel, outre le fait que c'est un domaine qui ne concerne que les vrais Otaku, les hardcores, les badass du cercle, ceux pour qui tomber amoureux d'un avatar virtuel fait partie du quotidien (Si vous souhaitez m'assassiner pour diffamation, adresser vous par MP). Comme je le disais plus tôt, il y a un pourquoi et un comment. Yamaha, société japonaise spécialisée dans l'élaboration de moto (dédicace à mon père) et d'instruments de musique divers et variés se lance dans un projet de développement d'un tout nouveau soft. En 2003, Yamaha élabore le logiciel "Vocaloïd", un software exploitant la technologie de synthèse vocale. A sa sortie l'année suivante, le logiciel propose des banques de voix préenregistrées nommées MEIKO et KAITO. C'est là le début de la communauté des "Vocaloidistes", pendant les balbutiions de cette nouvelle vague d'artistes électroniques, la société Crypton Future Média s'empare du soft pour le brider au grand public japonais. Pendant le développement de leur "Vocaloid 2.0", un des pontons de la société a l'idée fabuleuse de crée un personnage pour représenter leur version et de se détacher du soft épuré et froid de la version Yamaha. Ce gars ou la société entière (seuls les livres d'histoire nous le diront) vient de lancer involontairement un "Cthulhu-Kawai"sur le monde moderne.

"Vocaloid, before it was cool"

 

"Merci Saki, merci pour tout."

"Hatsune Miku", 16 ans, chanteuse, adore les MMORPG, voue un culte pour les poireaux et adore faire des concerts avec ses amis comme Megurine ou Kagamine. Portrait d'une adolescente tout droit sortie des gonds d'un Disney Japonnais, son design si particulier, mais paradoxalement très quelconque, on le doit à un Mangaka de métier et de passion, KEI. Pour l'échantillon vocal de Miku, c'est la chanteuse/actrice Saki Fujita à qui l'on doit nombreux opening d'anime successful japonnais qui contribue au charme et à la voix très aiguë de notre phénomène synthétique de A à Z. Maintenant, l'instant culture ou l'instant "j'ai appris un truc pour pécho". Probablement, niveau musique, vous n'avez jamais entendu un chef-d'oeuvre de la large communauté qui crée les titres de "Miku". Savez-vous que ce putain de chat qui chie des arcs-en-ciel pendant 10 Heures sur Youtube, est un remix de "Nnyanyanyanyanyanyanya" de Miku ? Pardonnez-moi si ce n'est pas le titre exact de la chanson, j'ai dû oublier un "a" ou un "n", bref maintenant vous savez d'où provenait ce Rick Roll'd déjà à la rue, Sooo 2012 quoi ! Après cette petite touche culturelle, passons à la partie la plus ennuyeuse à traiter, le jeu.

Hatsune Miku Project Diva F, fêtons joyeusement et sans putasserie, sa première incursion en jeu vidéo sur console de salon. Concrètement, le jeu se pose sur la forme d'un simple rythme-game avec une trentaine de chansons toute plus insupportable les unes que les autres. Une purge auditive dont n'importe quel amoureux de la "Musique" se pendrait avec sa manette sans fil. Si vous êtes fan ou courageux, vous avez la possibilité de pousser le vice en passant sur les quatre types de difficulté (Easy à Extrême). "Hey, mais tu survoles le gameplay du jeu !" Je n'en parle pas vraiment, il est vrai. Grosso modo techniquement, ça ressemble à Guitaroo Man dans son fonctionnement, mais en beaucoup moins fun. Pour progresser sur les clips (3D or not) aux jolies couleurs qui vous pourrissent l'acuité visuelle, un système de rythme assez simpliste est mis en place. Les seules touches que vous allez utilisés durant votre aventure purgatoire sera la touche rond et le stick analogique gauche, attention a ne pas vous trompez de touche, la touche croix et le stick analogique gauche est pour Assassin's Creed. Pour avoir le meilleur grade pour chaque tableau, vous allez devoir être minutieux, les meilleurs points vous sont accordés si l'aiguille qui se colle à la touche est à 12h au moment d'enclencher celle-ci, je ne vous avais pas déjà dit que c'était du fun en barre ? Attention tout de même, il faudra impérativement passer par la case "tutorial". Oui Msieur' Dame, il faut avoir un minimum de skill pour réussir et engranger un maximum de points pour pouvoir les dépenser en costume et babioles en tout genre.

"Mais non, je suis de mauvaise foi, il arrive par erreur que vous devez appuyer sur les autres touches"

"- Koré ! Mais tu as vu ce que tu véhicules comme connerie en deux pages ?"

"- M'en fous, Chuis indépendant. Je dis ce que je veux !"

Cet aspect et concept de jeu de rythme simplissime pour console est la seule valeur pour qu'on puisse l'appeler un jeu vidéo, après c'est un malaise constant que j'ai ressenti pour les a-côtés. L'intérêt pour un fan d'investir 45 € dans ce simple produit de merchandising est la drague, avec un grand "D" comme débilité. Quand j'écris que je me sens vraiment mal à l'aise, ce n'est pas une exagération, c'est un véritable sentiment qui frappe quand on est normalement constitué et bien portant. En quoi on le ressent ? Sur beaucoup de choses, je ne sais même pas par où commencer, si on parlait des différents clips où Miku fait ses petits regards caméra pour draguer le joueur, la possibilité de lui changer ses costumes où de lui offrir des cadeaux pour qu'elle soit heureuse et docile. Tiens en parlant de sentiment de bien-être, vous avez la possibilité d'être dans sa pièce (customisable) avec elle pour pouvoir communiquer comme vous et moi : lui caresser les cheveux comme une jument avec sa crinière étincelante ou lui toucher son petit nez par exemple. Interaction qui renvoie presque aux heures sombres du jeu vidéo japonais, Rapelay ? Ça vous dit quelque chose ? Contrairement à ce soft houleux, au moins dans Hatsune Miku Project Diva F, on a une tonne de fans-art réussie en guise d'écran de chargement. J'ai eu le temps de les mater, des écrans de chargement, Sega a été généreux avec cela.

"Tu finis de manger et après, je te caresse les cheveux."

Ce n'est pas le fait que je me suis dit dès l'introduction du jeu : "mais bordel dans quoi je me suis foutu ? " Ni ma mauvaise foi apparente qui m'oblige à déglinguer ce mauvais goût vidéoludique. Non mes amis, ce phénomène me repousse, me questionne et m'interroge sur le bon fondement de cette culture. Cet engouement pour Hatsune Miku dont fait preuve une large communauté, reflète le même intérêt macabre qu'ont certains pour le "Hentai". Comment peut-on fantasmer sur de l'irréel ? Comment aimer des musiques dont la symphonie est purement synthétique et de mauvais goût ? Comment avoir envie de dépenser le prix d'un jean pour un jeu qui n'en vaut même pas un paquet de clope ? Comment défendre un jeu qui se targue d'être qu'un simple produit de merchandising ? Je dois être trop "Mainstream" pour ces conneries.

 

Chers lecteurs, éclairez-moi, éclairons-nous.