Loin des standards des films mainstream ayant une couverture énorme de de salle de cinéma français, j'ai pu voir au hasard d'un petit cinéma indépendant nantais un film dont j'en avais absolument pas entendu parlé et sortie juste la semaine dernière. Avant de me taper Lego : The Movie d'ici quelques jours dont les retours sont déjà encourageants depuis sa sortie américaine, je me permets d'écrire une critique sur un film, assez surprenant par rapport à son pitch de base.

The Book Thief en V.O ou La Voleuse de Livres en version française est une adaptation du roman de l'Australien Markus Zusak par le réalisateur Brian Percival, il relate l'histoire d'une adolescente au nom de Liesel (Sophie Nélisse) pendant la Seconde Guerre mondiale, en Allemagne. Adoptée par une famille habitant une petite ville près de Munich, son quotidien est bouleversé lorsqu'un Juif se réfugie sous l'escalier de la cave. Oui le pitch de base pue l'archétype de la planque de juif sous la domination nazi, pourtant le traitement du livre d'après ce que j'ai lu dans les reviews est assez original. Malheureusement,ça sera le seul moment où j'écrirai sur le bouquin vu que je ne l'ai pas lu. Dès le début du film on a l'impression que Liesel prête quelques liens de parenté avec la gruche de l'anime Les Malheurs de Sophie. Non pas que le narrateur de son histoire soit la mort elle-même, ce qui je trouve chie la loose, mais elle a une tendance a accumulé les ennuis en 15 minutes de film que je résumerais en quelques mots clés google : Frère mort ,abandonné, adopté, belle-mère peu soucieuse, brimade à l'école, illettré

En résumé, nous avons le plot le plus dépressif au monde avec les aventures d'une fille qui est l'incarnation en chair et en sang de VieDeMerde.fr, en bonus, elle cumule toutes ces tares à un an du début de la guerre, chapeau l'artiste. Bien sûr dans ce monde merveilleux, elle va apprendre à vivre dans ce village avec l'aide de son père adoptif (Geoffrey Rush) qui va lui apprendre le goût de la lecture, sa belle-mère "cold hard bitch" (Emily Watson) au grand cœur et de Max, l'ami juif de la famille qui se cache dans la maison familiale Avec tout ça en une demi-heure, je n'avais qu'une envie, c'était d'arrêter le film, puis finalement, bien, il est plutôt bon.

En prenant l'angle du peuple allemand durant la domination nazie le film reste sincère dans la démarche de montrer des événements qui viennent bouleverser la vie qui était paisible de ce village allemand, entre les interventions pour fouiller le sous-sol des soldats nazis, les largages de bombes des Anglais le feu pour détruire toute oeuvre culturelle étrangère, il y a de l'idée et la tension qui pèse sur le peuple allemand qui ne coopère pas avec le système hitlérien est plutôt bien mis en scène. Après bien sûr, on ne peut pas échapper aux archétypes de la famine, la pauvreté, les hommes qui doivent partir en guerre et l'histoire de Max qui reste caché dans la cave pendant des mois. Finalement malgré l'accumulation de cliché, l'enthousiasme et la joie de vivre qui émane des deux rôles principaux Liesel & Rudy, les deux adolescents sauvent le film de la platitude et de la léthargie ambiante du film. Exemple, Liesel m'a bien emmerdé pendant la première heure du film , puis au fur et à mesure, elle réussit un tour de force en rendant son personnage charmante et pleine de vie. L'équipe de tournage peut les remercier grâce à ces deux acteurs qui avaient tout à prouver, ils donnent au film un grain plus convaincant et dégage l'oeuvre de la lignée des nombreux films qui traite de la guerre du moustachu le plus pimp de l'histoire de l'humanité après Mario.

Les tares de cette oeuvre par contre sont plus handicapantes déjà le film est beaucoup trop long, on s'ennuie sévèrement, je dirai même qu'on se fait presque chier sur 45 minutes, généralement ce sont les scènes avec les deux nobles du village qui ne servent à rien. Le fond du film aussi aurait mérité un traitement plus lourd, un peu plus de consistances autour de tout le patouin "les mots contre la barbarie humaine", les propos manquent de punch et afflue beaucoup l'ennui ambiant que provoque le film sur ces deux heures de film. Même si John Williams (Star Wars, Jurassic Park) est nominé au Oscar pour la musique de ce film, il ne se foule pas des masses, on ne trouve pas de thème particulier ni de symphonie marquante. Aussi surprenant et impressionnant qu'il soit présent dans l'équipe du processus de création, il aurait pu faire un poil mieux.

On ne peut avoir d'aversion totale pour ce film, même s’il peut paraître mou et chiant pour certains et que je comprends parfaitement. La Voleuse de livre a le mérite de traiter la vie des allemands durant la guerre loin de ce qu'on avait l'habitude de voir sur le sujet, Brian Percival en adaptant ce roman a le mérite d'avoir su tourner un film convaincant, sans transcender le genre, il propose un drame sur une période noire de l'histoire en restant nature et optimiste sans artifice putassier.