Après un premier épisode très chouette et un second plus en demi-teinte mais qui se révélait tout de même divertissant, Shane Black a le devoir de continuer sur la lancée et surtout de survenir après le carton Avengers, qui se révélait un excellent film de purs super-héros. On se retrouve donc avec un Tony Stark en mode trauma post-Avengers et un Mandarin campé par Ben Kingsley qui se révèle aussi froid qu'implacable. Evidemment, les problèmes d'angoisse de Tony auront des effets directs sur sa copine Pepper Potts.

Autant y aller franco, cet Iron Man 3 est une grosse déception. Le film remporte les suffrages un peu partout, ce que je peux comprendre sur pas mal de points, mais nul doute qu'il possède d'évidentes maladresses, surtout au niveau du scénario, qui rend la bobine pas toujours excellente. En premier lieu ce mélange entre sérieux et comique. Dans les deux autres, ce qui marchait du tonnerre, c'était l'auto-dérision, les petits gags bien disséminés, avec parcimonie, et surtout un sens du timing qui fonctionnait vraiment bien. Dans ce troisième épisode, le changement de tons est beaucoup plus perceptible. On passe de quelque chose de sérieux et sombre à un gag digne d'un épisode de Tex Avery. Pendant tout le film, les ruptures de tons s'opère, mais sans jamais être aussi fluide que dans les premiers films. Ce qui fait qu'au bout d'un moment, on se retrouve perdu et on ne sait plus comment aborder le film: on passe d'une noirceur presque flippante qui fait penser au Dark Knight (les interventions à la télé du Mandarin, les crises d'angoisse de Tony, l'attentat au Chinese Theater) à des gags grands guignolesques qui ont l'air sortis d'un autre film (les pièces d'armure qui le font valdinguer, les gags pendant les grosses scènes d'action qui ruinent toute la classe de la séquence). Bref, les deux premiers films savaient mieux gérer ces ruptures de tons pour dégoupiller une situation, ici, on se retrouve avec des extrêmes bien plus lourds qui portent vraiment préjudice au film.

Mais la palme revient au twist du film (attention au spoil): la fameuse révélation du Mandarin. Alors que toute la promo était centré sur le fait que le Mandarin était un homme impitoyable, prêt à tout pour faire trembler l'Amérique (ce qui est confirmé dans la première partie du film), on se rend compte que l'homme n'était qu'un acteur pour cacher le véritable méchant. Dans l'absolu, je n'ai rien contre, je trouve ça au contraire plutôt malin et couillu, tout en abordant des thèmes comme la manipulation des médias, l'installation de la terreur, le concept de l'épouvantail. Sauf que Shane Black veut encore une fois renforcée cette image en faisant de l'acteur un débile assuré, qui se félicite de sa performance aux chiottes devant des bimbos dénudées, ou qui chante avec une bière devant un match de foot. Plus lourd, c'est impossible, et là où on voyait le Mandarin exécuter un gars en direct à la télé vingt minutes plus tôt, on se retrouve face à ça, qui a l'air de sortir de nulle part, d'un vrai spectacle de guignol. Il n'y a pas de fil qui permet de lier cette grosse rupture, et pendant le film, je me demandais pourquoi avoir été aussi too much? Quel est l'intérêt, à part apporter une touche comique qui aurait pu être BEAUCOUP plus subtile que ce que je suis en train de voir?

A partir de ce moment, j'avais décroché. Même la dernière scène d'action censé être spectaculaire ne m'a pas emballé plus que ça, surtout que le véritablé méchant, Guy Pearce, aussi charismatique qu'il soit, ne possède franchement pas d'enjeux très clairs: le mec a été abandonné sur le toit d'un hôtel treize ans plus tôt, et pour avoir été délaissé, il veut mettre le monde à ses pieds. C'est un poil léger comme motivation. Et je ne parle pas de la botaniste joué par la charmante Rebecca Hall qui n'apporte rien au film, et de la mini-intrigue avec le vice-président qui ne sert à rien. Bref, beaucoup de grosses maladresses dans le film qui ressemblent plus à un puzzle mal assemblé qu'à un film qui marche véritablement de bout en bout. J'ai été tellement blasé par les révélations de l'histoire que le dernier tiers m'est passé complètement à côté, alors que toute la partie FX est toujours aussi impressionnante, et que Downey Jr. est toujours aussi impeccable en Tony Stark. Ce troisième épisode est donc clairement à part, mais franchement pas dans le bon sens. A force de vouloir apporter des gags qui sont franchement pas tous réussis (les meilleurs restent dans les dialogues) tout en créant un danger très post-11 septembre, Shane Black se fourvoie dans une direction qui prend les deux extrémités de la saga (à savoir contexte sérieux et ambiance rock'n roll) et les étend des deux côtés, jusqu'à franchir la limite qui tranforme le film en une sorte de truc informe qui ne prend aucun parti pris à 100% mais bel et bien deux. Et c'en est un de trop. J'attends la suite d'un oeil averti, parce qu'après une baisse de qualité du second épisode, je ne peux pas dire que ça se soit arrangé.