Witcher 2 a été délicat à aborder. J'avais bien tenté le premier à l'époque, mais l'introduction ennuyeuse et vraiment pas accrocheuse, suivi d'un système de combat vraiment approximatif m'avait grandement refroidi. Mais les éloges sur ce second opus m'ont convaincu et m'ont poussé à investir dans la version 360 (le PC m'attirant de moins en moins en terme de confort et d'accessibilité). La première heure a été poussive. Le didacticiel vous propulse on ne sait pas trop où, et vous apprend les rudiments du gameplay à travers des mini-quêtes qui permettent d'enchaîner tous les éléments rapidement. On est placé dans une sorte d'arène où on vous explique les rudiments du système de combat plutôt complexe et on vous laisse vous débrouiller avec la tonne de chose à faire. Evidemment je me fais exploser et mon niveau conseillé est "facile". Ahem...

Peur de rien, je fais tout de même le jeu en Normal. Le jeu se divise en trois actes et un prologue qui permet d'installer l'univers du jeu et le point de départ de l'intrigue. Premier point fort, justement, l'histoire. Le scénario du jeu est assez délicieux à suivre, avec multiples personnages, complots et rebondissements en tout genre. On sent que les développeurs ont pris plaisir à écrire (ou adapter suivant les romans, je ne connais pas le taux de similarité avec les bouquins) l'histoire de Geralt de Riv. Les dialogues sont savoureux et les personnages tous plus intéressants les uns que les autres. Je regrette par contre que les sous-titres des dialogues ne proposent pas aussi le nom du personnage. Vu le nombre de protagoniste, j'ai parfois été un peu perdu lorsque je ne connaissais pas encore les personnages. Mais c'est peu comparé à la qualité d'écriture du titre. Surtout que comparé à un Mass Effect par exemple, les décisions prisent ont énormément d'influence sur le déroulement du jeu. A titre d'exemple, un simple choix d'allié dans l'Acte 1 sera définitif et changera du tout au tout les décors et les principales quêtes abordées dans les actes suivants. Un choix qui donne vraiment envie de refaire le jeu avec différents choix, surtout que beaucoup de personnages seront beaucoup plus approfondis suivant certains choix. Pour le coup, Witcher 2 tient à son titre de jeu de rôle et le fait diablement bien.

L'univers décrié dans Witcher 2 est aussi diablement passionnant. Les royaumes se mettent sur la tronche et en discutant avec les nombreux PNJ on en apprend beaucoup sur les tensions politiques qui agitent l'histoire de ce second opus. L'univers est sale, les personnages n'hésitent pas à jurer comme il faut et le jeu se montre sans pitié. Le sexe y est d'ailleurs bien présent, sans avoir besoin de choquer mais se justifie aisément dans l'univers décrit. Techniquement, le jeu se défend plutôt pas mal. D'ailleurs, j'ai eu l'impression qu'installer le jeu sur le disque dur améliore les graphismes, à confirmer. Certains paysages fonctionnent plutôt bien, notamment dans l'acte 2 avec les décors sauvages ou la ville de Vergen. On voit parfois la pauvreté de certaines textures, mais rien d'alarmant. Mention spéciale aux costumes des personnages, plutôt bien détaillés. Les villes ne sont pas en reste: Folstam est joliment rendu, et Vergen surprend par sa construction et son placement sur les rochers. Je pesterais pas mal contre les légères zones de chargement, assez courtes lorsqu'on entre dans une maison ou dans une zone de la ville, mais vite lourdes lorsqu'on doit faire pas mal d'allers-retours pour les quêtes qui le demandent.

D'ailleurs, j'arriverais à un gros point noir du jeu, qui m'a par contre complètement sorti du jeu: l'orientation et le level design. Chaque quête est indiqué par un point sur la mini-carte en jeu, et sur une carte plus détaillée dans le menu. Première abberation, aucune indication de l'endroit exacte. A plusieurs fois, je me suis trompé d'endroit parce que l'indicateur montrait un point qui se trouvait dans un bâtiment sans forcément indiquer lequel, et sans indiquer la hauteur par rapport au personnage. Autre problème, le gros manque de repères et de facilité d'accès. J'ai souvenir d'une quête où j'ai mis plus d'une demi-heure à chercher comment atteindre un endroit en fouillant LA sortie de la ville qui me permettait d'y accéder, et finalement trouver dans un recoin la fameuse porte indiqué nulle part. L'indicateur ne montre que la direction en ligne droite, et la carte du menu n'est vraiment pas toujours lisible en ce qui concerne les chemins que l'on peut emprunter. Et le level design parfois incompréhensible des zones urbaines n'aide pas...

J'attaque ensuite sur mon second reproche, plus modéré celui-là: le système de combat. J'ai adoré le côté tactique du combat (en normal, parce qu'en facile, il suffit de foncer dans le tas): gérer son endurance pour contre-attaquer ou balancer de la magie, savoir tourner autour de son adversaire et l'observer pour trouver une ouverture. On sent que les développeurs se sont appliqués à créer des joutes vraiment intéressantes et crédibles. Mais le revers de la médaille, c'est que ce système de combat s'applique très mal à des adversaires multiples. Alors, certes, ça fait partie de la tactique et en s'y prenant bien, on arrive à s'en sortir avec classe. Le problème, c'est que Geralt prend son temps, même dans les coups rapides. On a aucune possibilité de passer à un adversaire sur le côté lorsqu'on est encerclé, et le système de visée est incroyablement mal foutu, se lockant tout le temps sur l'ennemi que l'on ne veut pas. Du coup on passe son temps à rouler pour avoir tous ses adversaires devant soi, en ayant aucun angle mort. Geralt manque clairement de flexibilité, et j'aurais aimé quelque chose de plus dynamique, moins rigide.

C'est d'ailleurs le sentiment que j'ai eu au début, qui s'est estompé quand je me suis pris dans l'histoire. Le titre est parfois plombé par un game design d'un autre temps. Des chargements symbolisés par un nombre hallucinants de portes, un pathfinding quasiment absent et d'autres petites choses qui n'ont pas les améliorations modernes des jeux d'aujourd'hui (même si tout n'est pas bon à prendre). Même dans les séquences cinématiques, si beaucoup sont réussis, les phases de dialogues pures en revanche, ne sont pas toujours passionnantes. Je ne parle pas non plus des quelques bugs graphiques, des buissons qui bloquent la progression ou des textures qui apparaissent en pleine cinématique (celle de la fin du prologue m'a été complètement gâché à cause de ça...). C'est loin d'être le seul jeu avec ces problèmes, mais ça se ressent parfois sur le jeu.

Witcher 2 est un jeu avec plusieurs défauts. Pourtant, après la dernière cinématique, je n'avais qu'une envie: la suite. Parce que l'histoire m'a happé et que l'univers m'a charmé. Dans le monde de Witcher, il n'y a pas de mannichéisme. Même si vous pensez faire le bien, les conséquences de vos actes s'en ressentiront très vite. Certaines actions sont récompensés, d'autres non. Mais aucune n'est sans conséquence, et c'est ce qui marche. Le contrôle de l'histoire et de son bon déroulement est entre vos mains et j'ai hâte de tester de nouvelles choses pour découvrir de nouveaux pans de l'aventure. Le jeu met souvent en avant les affinités que vous avez avec vos personnages, et les principales décisions seront surtout imputables au destin de personnages principaux. J'ignore si le jeu propose des fins vraiment différentes, et si ces décisions seront ingérées dans un futur troisième épisode (parce qu'au vu de la séquence post-générique, ça ne fait pas de doute qu'un troisième volet soit en préparation). Mais Witcher 2 implique le joueur juste comme il faut. Geralt est un personnage sans scrupules, et cela permet de prendre des décisions difficiles, mais jamais jusqu'à toucher directement le quidam que vous croiserez. Certaines quêtes auront beaucoup d'embranchements, et c'est parfois un peu dommage que quelques unes s'arrête et doivent demander au joueur de continuer le reste et de laisser les évènements se poursuivrent.

Witcher 2 est diablement intéressant, surtout sur son écriture, son univers et ses personnages, assez inattaquable sur ces points. En revanche, quelques erreurs de game design font plus que tiquer, comme le level design de certains endroits, l'orientation ou encore un système de combat incroyablement riche mais parfois trop rigide et imprécis. Des défauts qui m'ont vraiment sorti du jeu par moments, en se rattrapant par la suite. Mais j'attends beaucoup du troisième épisode, parce que ce Witcher 2 m'a plutôt ensorcelé.