Petit billet particulier, et qui arrive peu après avoir testé la démo de Final Fantasy XIII-2. Enormément déçu par le volet original, en tentant de le faire une première fois sans succès, puis en reprenant ma partie, en vain, cette suite est pour beaucoup de critiques, mieux que son aîné et gomment la plupart des défauts. J'ai voulu y croire, j'ai voulu penser que la saga était revenu sur les rails et me ferait replonger dans une aventure extraordinaire comme j'ai aimé il y a maintenant quelques années. Peine perdue, j'ai éteint au bout de vingt minutes. Parce que les combats sont chiants, parce que les musiques sont affreuses, parce que l'univers ne m'attire pas,  ne m'émerveille pas, sans âme, sans personnalité.

Alors j'ai pensé d'abord: "bon, le Final Fantasy IX est sorti quand t'étais encore une jeune personne innocente, des étoiles plein les yeux, tu es sûrement passé à autre chose?". Je pense que ça joue aussi. Cette espèce d'évolution de goûts que l'on a un jour ou l'autre, qui fait que les jeux qu'on aimaient avant ne procurent pas le même plaisir. Mes goûts ont évolués, je ne cherche plus à attendre une dizaine d'heures pour rentrer dans un univers, je n'ai plus le temps, je préfère le plaisir immédiat, le jeu qui vous plonge au coeur de son gameplay et dans son histoire passionnante. Paradoxalement, un Call of Duty ou Battlefield me dégoûte de plus en plus, mais un Uncharted est exactement ce que je recherche: l'impression d'être projeté dans une histoire dès les premières secondes et me faire happer par les personnages.

Final Fantasy XIII est loin d'y être parvenu, alors que pourtant les premières minutes en mettent plein les yeux. Ebouriffant, assez joli, ça envoie quand même pas mal. Mais l'un des gros défauts des RPGs japonais de cette génération, c'est le chara design. FFXIII en est le parfait exemple: aucun défaut de visage, aucune caractéristique physique qui permet vraiment de les différencier instantanément, tous les personnages sont beaux, lisses et vide de tout caractère. On tente le personnage à la Squall avec Lighting, femme indépendante très fermée qui ne jure que par le sauvetage de sa soeur, mais ça ne cache pas l'exaspérante Vanille ou autre personnage qui n'a pas véritablement conscience de la portée de ce qui se passe autour d'eux. Les personnages et l'histoire sont très légers, et je n'ai pas l'impression que la complexité est de mise, que ce soit sur les relations entre les personnages ou encore l'histoire. Et je ne parle pas du gros manque de liberté de FFXIII, où on nous présente un univers comme étant complexe et vaste, et on se contente de rester dans les couloirs. Alors, certains fans me diront qu'ils faut attendre les 30 premières heures pour atteindre une partie plus libre et plus vaste, mais pourquoi attendre autant de temps pour arriver au plus intéressant?

Autre différence avec les RPGs d'antan, la technique et l'artistique. On ne pourra pas reprocher à FFXIII d'être artistiquement moche, quoique ça dépendra du goût de chacun. Cette génération aura permis la démocratisation de moteur de jeu. L'Unreal Engine est peut-être le plus utilisé, et les développeurs japonais en profitent pour habiller leurs RPGs. Sauf que j'ai la désagréable impression que les studios l'utilisent de façon un peu trop expéditive, et rendent une copie beaucoup moins originale que par le passé. Les jeux se rapprochent dangeureusement d'autres genres, et j'ai l'impression qu'ils sortent beaucoup moins du lot qu'autrefois. Plus de 2D, que de la 3D temps réel avec des textures plus ou moins haute déf. Star Ocean, Resonance of Fate ou autre NieR, la grosse majorité des jeux bénéficient d'un moteur commun et n'arrivent plus à sortir du lot artistiquement. Même si certains comme Eternal Sonata tentent la cate du cell-shading, ça ne les empêche pas d'avoir des défauts.

Où sont passés les merveilleux tableaux des Chrono Cross? Où sont passés les heures à travers les écrans de Lindblum à écouter les habitants parler de ce qui se passer en ville? Où est passée la poésie d'un Valkyrie Profile? Les studios de RPGs japonais ont du mal à créer autant l'évènement sur un RPG que par le passé, parce qu'ils tentent des choses, n'arrivent plus à créer de l'original et de véritables histoires qui passionnent. Peut-être est-ce un gros manque d'inspiration, peut-être le fait d'avoir des temps de développement plus court, ou juste de la fénéantise, toujours est-il que très peu de RPGs ont marqué cette génération de consoles. Tout juste peut-on parler d'un Lost Odyssey, le seul qui m'aura véritablement passionné, même si je me suis arrêté pour le moment au début du disque 2, ou encore d'un Xenoblade sur Wii, qui aura marqué les joueurs pour son retour aux sources. Toujours est-il que ces jeux ont en point commun de privilégier ce que les joueurs ont aimé dans les RPGs d'antan: un système de combat classique mais beaucoup plus tactiques qui se gèrent beaucoup plus sur la gestion de son temps et de ses actions, une liberté d'exploration, des villes vivantes et des personnages et une histoire intéressante.

Alors certes, les RPGs japonais ne sont pas exempts de clichés, même ceux d'autrefois, toujours est-il que l'époque béni de la PsOne a quand même sorti une tripotée de RPGs cultes qui sont largement au-dessus de cette génération. Et ils réussissent chacun à avoir leur patte, leur personnalité, parce que les machines de l'époque étaient moins puissante et que pour sortir du lot, il fallait se retrousser les manches pour créer des choses qui définissaient son univers. De la belle 2D pour Valkyrie Profile en scrolling, du précalculés pour Final Fantasy ou encore de la 2D plus manga pour du Star Ocean. Même des jeux en 3D comme Vagrant Story ou Skies of Arcadia sortaient du lot avec une ambiance et une atmosphère bien à eux. Même sur la génération suivante on avait droit à des petites perles, comme ce Baten Kaitos absolument sublime, qui est peut-être le dernier RPG japonais qui m'aura marqué. Baten Kaitos alliait une plastique impeccable dans un univers somptueux avec une histoire vraiment excellente. Chose que je ne retrouve définitivement pas dans cette génération.

Pour moi, cette génération de RPGs japonais s'est fait supplanté par les RPGs dits "occidentaux". Les Mass Effect, les Fable, Alpha Protocol, Fallout ou autre ont su sortir leur épingle du jeu en proposant des expériences plus originales et plus intéressantes que leurs consoeurs japonais. Certes, je ne retrouverais pas la magie d'un FFIX, avec son univers magie et merveilleux, mais tout évolue un jour, moi y compris, et malheureusement, l'ère du RPG japonais n'est définitivement plus dans son âge d'or.