Premier jeu de la salve Summer of Arcade, Bastion avait la charge difficile de lancer cette salve de titres qui ont au fil des années gagné ses lettres de noblesses et mis en avant certains titres du Xbox Live qui laissent parfois certaines pépites sur le carreau...

"Ankama-style"

La première chose qui frappe dans Bastion, c'est la patte graphique, cette magnifique 2D qui nous en met plein la vue à chaque tableau, à chaque stage et à chaque monde. D'autant plus que le jeu n'est vraiment pas avare en décors et propose une grosse vingtaine de niveaux, avec très souvent des changements d'ambiances. Le personnage en lui-même et les ennemis sont en 3D cell-shading, peut-être la seule déception, ils ressortent un peu trop par moments à cause d'une animation trop fluide. M'enfin c'est juste une petite broutille, et au final on l'oublie très vite, quand on voit le boulot abattu par les équipes artistiques pour donner vie à ce monde.

On sent clairement l'inspiration des équipes européennes et en particulier Ankama avec ses Wakfu et consors. Le jeu possède la même qualité graphique, avec ses couleurs chatoyantes et sa vue 3D isométrique. Pour autant, pas question de pester, bien au contraire, ils s'en sortent à merveille, et en plaçant quelques petites bonnes idées comme ce décor qui se reconstruit au fur et à mesure de vos pas. Par contre, certains décors sont parfois tellement complexes que la vue isométrique perd le joueur dans sa progression, qui ne sait plus trop où aller (certains éléments accessibles sont superposés et l'impression de perspective devient bizarre).

 

"C'est alors que le Kid se jeta dans le vide, cherchant à échapper à ma voix omniprésente. Triste destin."

La particularité de Bastion est de mettre en avant le rôle de narrateur, qui aura la capacité de commenter tous vos faits et gestes à travers le jeu, non sans un certain cynisme par moments qui décrochera quelques sourires. Vos actions les plus anodines (comme changer d'arme en cours d'un niveau) se verront commentés, souvent avec humour. Ça marche bien, certains pourront trouver ça lourd (et je les comprends), moi j'ai pris ça comme une excellente idée. Surtout qu'ils n'ont pas marché dans la technique de la mise en abyme mais plutôt d'inclure le narrateur comme un personnage que l'on rencontre tôt dans le jeu et qui joue le rôle de guide pour le Kid. Il lui donne sa mission pour sauver le monde de sa destruction: reconstruire le Bastion en partant dans les contrées inconnues pour trouver ce qu'il faut pour le réparer.

Plus encore, le rôle du narrateur ne sera pas simple guide, mais sera partie importante de l'intrigue. Il posera d'ailleurs plusieurs choix au joueur qui aura la possibilité d'avoir plusieurs fins au jeu. En fait, le gros souci du narrateur, c'est qu'il parle en anglais. Bon, ça ne posera aucun problème pour ceux qui comprennent la langue anglaise, mais pour des gens comme moi qui lisent les sous-titres, c'est plus délicat. En effet, dans la première moitié du jeu, on a le temps de voir ce qu'il dit, mais sur la seconde moitié lorsque les ennemis seront bien plus nombreux et qu'on sera occupé à les mater, impossible de pouvoir suivre ce que dit le narrateur. Et c'est un peu dommage. Un doublage français aurait été franchement bienvenu.

 

Epée, arc, lance, fusil, marteau, bazooka... Bazooka ?!?

En termes de gameplay, le jeu est plutôt dynamique. C'est de l'Action RPG pur et dur, et vous pourrez transporter deux armes à la fois, plus une attaque spéciale à choisir. Vous en trouverez pas mal dans le jeu, que vous pourrez améliorer avec les cristaux bleus que vous ramassez sur le chemin. Le héros peut se protéger avec son bouclier, et peut aussi lancer un contre qui blessera l'adversaire s'il se protège au moment de l'impact. Ça sauve la vie bien des fois et est réellement utile si vous le maîtrisez. Il faut aussi rajouter à ça une roulade pour esquiver les attaques, ce qui permet de passer dans le dos des adversaires plus facilement. Le Kid pourra aussi transporter des fioles de soins pour se requinquer ou encore des potions qui déclenchent l'attaque spéciale un nombre limité de fois.

En reconstituant le Bastion, le joueur pourra aussi reconstituer des bâtiments qui serviront à plusieurs choses entre deux niveaux. Placer des liqueurs pour chaque niveau atteint permet d'avoir des caractéristiques spéciales mais vous pourrez aussi améliorer les armes, acheter des objets ou encore remplir des objectifs secondaires pour vos armes afin de récupérer des bonus de cristaux. Un temple servira aussi à placer des idoles qui changeront le comportement des ennemis ou de vous-même afin de gagner des bonus de cristaux (mais qui rendra le jeu plus difficile). Mais de petits défauts apparaissent. Par exemple, lorsque vous récupérez une arme, celle-ci switchera automatiquement avec celle que vous avez. Comme vous n'avez pas la possibilité de changer d'arme dans un niveau (sauf en de rares occasions), c'est assez frustrant de se voir attribuer une arme que l'on ne veut pas forcément, surtout que les dernières font des dégâts mais ne sont pas très pratiques.

Malgré ça, on prend un réel plaisir. On suit l'histoire, pas toujours très claire et très souvent racontée par énigmes, avec intérêt, et le jeu est suffisamment varié dans son gameplay pour ne pas se lasser. Surtout, les niveaux sont agréables à parcourir et ne se contentent pas d'aller d'un point A à un point B. On fait de jolies découvertes et les niveaux bénéficient d'un level design parfois surprenant pour ce type de jeu, ce qui n'est pas pour me déplaire. Quand à la durée de vie, je dirais entre 5 et 6 heures, ce qui est plutôt pas mal pour un jeu Arcade, surtout qu'on peut recommencer l'histoire en New Game +, pour améliorer son personnage ou tenter les niveaux en plaçant des idoles dans le temple.

Joli, coloré, plus riche qu'il n'y paraît, Bastion est un jeu qui révèle ses surprises au fur et à mesure. Un bien beau jeu pour commencer le Summer of Arcade brillamment. Il manque plus qu'un petit mode coop pour le rendre complètement indispensable, mais déja sans ça, tous les fans d'Action RPG vont apprécier l'aventure, si la présence d'un narrateur omniprésent ne les dérange pas.