Qu'est-ce que j'ai attendu ce film. Les bandes-annonces montraient des images de dingues, un visuel de folie et une réalisation bien léchée. C'est assez drôle, parce que Snyder ne m'a jamais réellement attiré que par son visuel. Même mon goût pour 300 est assez mitigé, et les Watchmen est une excellente adaptation, bien qu'avec des ajouts de petites scènes trop gratuites et inutiles.

J'étais donc bien excité par ce petit Sucker Punch. Même si les critiques ne me rassuraient pas. Mais après la sortie de la salle, je ne peux que les comprendre: ce "film" est un incompréhensible défouloir, une sorte de mix de cinématiques de jeu géant, parfois vulgaire et souvent épileptique et une histoire qui ne sait décidemment pas où mettre les pieds. D'ailleurs, en ce qui concerne le scénario, je ne suis pas du genre à jouer les paranos à ce niveau, mais Warner a l'air d'apprécier fortement les histoires à la "Inception", parce que Sucker Punch en est clairement une, beaucoup moins bien maîtrisée...

En fait le gros souci que j'ai eu, c'est d'avoir eu l'impression d'être pris dans un piège. La séquence d'introduction est juste magnifique, peut-être la plus réussie du film (alors qu'ironiquement, c'est celle où il y a le moins de FX), accompagné par un remix de "Sweet Dreams" de toute beauté ravivant une curieuse impression nostalgique, et la fin revient sur cette impression, mais enfoncé par tout ce qui s'est passé avant. Et entre les deux, on découvre un univers décousue, incohérent et magnifique visuellement. Le concept de l'imagination des mondes du personnage principal est mal géré, et pour apprécier le film, il faut accepter ce concept dès le début, sous peine de passer son temps à se demander ce qui se passe réellement. On a donc la demoiselle qui s'imagine l'asile comme un cabaret géant, et qui s'imagine propulsé dans d'autres univers fantastiques avec ses copines pour latter du méchant. Un rêve imbriqué dans un autre rêve...

Et c'est le gros point noir du film: le fait d'avoir beaucoup trop segmenter le film. Et après le générique, on a la désagréable impression que Snyder a juste voulu mettre des grosses scènes d'action dans des univers qu'il apprécie, et qu'il a cherché à savoir comment les lier sans se préoccuper du pourquoi du comment. Même s'il essaye de trouver une sorte d'enchaînement à tout ça, ça ne marche pas. Il faut reconnaître que visuellement, les affrontements sont impressionnants, le visuel est magnifique (quoique pas franchement original), et certains séquences sont excellentes (la séquence dans le train), mais c'est trop, c'est du Snyder parodiant du Snyder, les retours dans les différents imaginaires cassent l'immersion et on se retrouve à se demander si on est dans un film ou dans un clip.

A y réfléchir, c'est peut-être le film qui correspond le mieux à Snyder et à ses univers geeks. Les femmes ont un rôle réellement important dans le film, et utilisent cette féminité pour attirer le public cible (le geek) afin de l'assouvir de séquences d'action déjantés. Ce qui est encore plus étrange, c'est que le réalisateur en joue: toutes les scènes d'actions sont la résultante des danses de BabyDoll, qu'on ne verra jamais danser et qui sont principalement appréciés par un public masculin qui tombent en transe devant elle. Comme si la danse de BabyDoll était simplement ces séquences d'actions, et que les hommes du film représente le public de la salle, en transe devant ces séquences de dingues, et qui se retrouvent repus à la fin de chaque danse. Mais cet argument ne tient pas dans le contexte où il est placé.

Cet esprit féministe subtil ou non n'interviendra que pour signaler que le geek ne veut apprécier que les séquences d'actions qu'il est venu voir, tout en prétextant derrière que le plus important, c'est de se battre soi-même. Un peu bâtard quand on voit le ridicule de l'ensemble du scénario, où une fille qui n'a à priori pas de goûts particulier, se retrouve sans raison à imaginer des samouraïs armés de gatling et des dragons enragés, tout ça à cause d'un drame familiale véritablement noire qui vole en éclat au moment où elle s'imagine dans le cabaret. Une volonté de bien faire que l'on ressent faiblement mais écroulé sous des tonnes de fan-service classe mais parfois indigeste. On se demande même si le film n'a pas bénéficié de deux scénaristes aux visions complètement différentes.

Parce que durant tout le film, j'ai eu l'impression d'assister à un clip musical accompagné d'images choc et visuellement bluffantes. Une sorte de Fantasia moderne à la sauce Snyder. Une comédie musicale survitaminée sans queue ni tête. J'ai aimé en tant que clip (et encore), j'ai détesté en tant que film. J'espère sincèrement que c'était la limite de son délire, parce que le prochain comme ça, je dirais non.

(Par contre, je suis amoureux de Sweet Pea)