Kane & Lynch 2, ou la surprise de l'été. Pour plusieurs raisons. D'abord, parce que c'était un jeu que j'attendais avec une impatience inqualifiable: le style choisi (brut et brutal) et des personnages toujours aussi charismatiques. Les trailers me faisaient baver. Ça promettait d'être cinglant comme jamais. Le genre de jeu qui plonge les personnages au fin fond des enfers pour leur en faire baver comme jamais.
Puis vint la démo. Intrigué. J'ai adoré le style: caméra à l'épaule, pas de motion blur, un jeu très crue et violent, des effets de mauvaises lumières. Ça marchait du tonnerre. Mais il y avait un pressentiment. Ce n'était pas parfait, mais je ne savais pas quoi. La jouabilité était mieux que le premier, et sur d'autres points, pas mal de défauts s'étaient arrangés plus ou moins.

Et arriva le jeu. Premier niveau. C'est pas génial. C'est super répétitif, c'est pas extra niveau mise en scène. Mais ça reste assez nerveux. Et Lynch est toujours aussi génial. Mais bordel, pourquoi ne pas avoir fait les labiales pendant le jeu? On aurait dit un jeu pas fini!
Ce premier niveau ne me rassure pas. Mais alors pas du tout. L'histoire avance très très vite (Lynch rejoint Kane, ils entrent dans un immeuble, et c'est parti pour ne pas s'arrêter) et ne donne pas le temps de souffler. En plus de ça, on enchaîne juste les fusillades sans grande mise en scène. J'étais même prêt à arrêter dès la fin du niveau tellement le manque d'ambitions me dégoûtait. Mais je me suis forcé. Et là où la plupart des tests crachaient sur la deuxième partie du jeu, j'ai pris beaucoup plus mon pied au contraire.

Pour plusieurs raisons. Techniquement, on est d'accord que c'est à la ramasse. Malgré tout, j'ai adoré graphiquement, d'abord parce que même si la modélisation et le texturing n'est pas à la hauteur, c'est bourré de détails. Chaque appartement traversé, chaque échoppe croisé regorgent de petits détails: des guirlandes accrochés en guise de lumière, des vidéos cassettes qui tombent au gré des balles, des bureaux qui volent en éclats. C'est quelquefois inégal, mais ça donne un côté crédible à l'univers. Beaucoup affirment que le style crade du jeu fait office de cache-misère, c'est assez faux vu qu'on voit les faiblesses graphiques même avec ce style.
Ensuite parce que certains passages restent vraiment à part et donnent tout le cachet au jeu. Notamment un des niveaux que je trouve assez couillu (et c'est bien le terme) dans le traitement des personnages. Le niveau dans l'immeuble est très joli et fort bien mis en scène, et même la scène de rail gun est assez réussi.

Mais c'est un des gros problèmes du jeu: il est beaucoup trop dense. Tout s'enchaîne ultra rapidement, et on en vient à être dans la peau des personnages: pas le temps de souffler. Peut-être est-ce une volonté de nous imprégner des personnages, mais du coup, ça donne un jeu vraiment court. Pour ma part, en y allant tranquillement mais sportivement, je ne pense pas avoir dépassé les trois heures de jeu, c'est pour dire!

Mais le jeu a quelque chose. Une sorte de cachet qui ne vous lâche pas d'une semelle. Que ceux qui croient que le scénar se résume à une poursuite des ravisseurs de la copine de Lynch se fourvoient, il n'en est rien, même si l'histoire n'est pas aussi riche que le premier. C'est d'ailleurs bien dommage. Malgré ça, j'ai pris mon pied à plusieurs moments. Les pétages de câble de Lynch, les remarques cinglantes de Kane, la véritable plongée en enfer dans un Shangaï crade au possible, ce côté crue et violent du jeu... Ça m'a marqué, mais ça aura mis du temps (alors que le jeu est plutôt court, un comble!).

Pour ceux que ça tente, je le recommance pas tout de suite, mais il est très loin d'être inintéressant, et malgré son gameplay plutôt simpliste et répétitif, le jeu se rattrape grâce à cette ambiance unique qui s'en dégage. Les développeurs ne sont pas allés complètement au bout et manquent d'ambitions.
Allez, messieurs d'IO, mettez le paquet pour le troisième et foutez-nous en dans la tronche! Mais avant, par pitié, un Hitman 5...