Les fans de Yasuhiro Nightow, le papa de Trigun jubilèrent en 2002 quand SEGA présenta son jeu d'action, Gungrave, sur PS2, un jeu bénéficiant du character design racé du créateur de Vash the Stampede. Le jeu était très alléchant, avec ses graphismes en Cell Shading avec une vraie gueule. Mais hélas, il n'était pas à la hauteur de ses ambitions. Lui qui voulait détrôner Devil May Cry, ne fut au final qu'un jeu moyen sans plus. Pas dégueu, mais loin d'être génial Gungrave et sa suite n'allaient pas tarder à plonger dans l'oubli. Mais pourtant, il aurait été dommage de laisser tomber cet univers et ses personnages charismatiques. Mafia, zombie et abominations génétiques sur fond de lutte fratricide ces éléments allaient retrouver une nouvelle jeunesse par l'intermédiaire des studios Madhouse avec l'adaptation animée, une série de vingt six épisodes qui vit le jour en 2003 pour nous parler du héros du jeu, Beyond the Grave, peut-être bien mieux que ne le fit le jeu lui-même.

                      

                          Par contre, la série ne dit pas pourquoi il s'habille comme un cow-boy-croque-mort 

                                       La série se penche énormément sur la jeunesse de Brandon Heat

Dans une ville non nommée, sévit un syndicat du crime répondant au nom de Millenion. Ce syndicat est dirigé par Harry McDowell plus connu sous le nom de Bloody Harry. Avec ses hommes de main et des créatures répugnantes répondant au nom d'Orcman, Harry dirige la ville d'une poigne de fer. Pendant ce temps, la jeune Mika rejoint un mystérieux docteur. Ayant perdue sa mère tuée par Bloody Harry, la jeune fille est à la recherche d'un certain Brandon Heat, qui est à même de la protéger. La jeune fille le retrouve, mais elle est surprise de voir que l'homme ne semble que l'ombre de lui-même. Renommé Beyond the Grave, il est suffisamment fort pour détruire les orcmans et tenir tête à Harry McDowell. Mais ce que la jeune fille ne sait pas, c'est que le destin de Grave est très lié à celui de Harry. S'en suit le plus gros morceau de la série, un flash-back narrant la jeunesse de Brandon Heat et son ascension au sein du syndicat au coté de son meilleur ami : Harry McDowell.

 

                     Les personnages évoluent énormément. Ici, le jeune et encore sympathique Harry McDowell

 

                                         Là, le moins jeune et moins sympathique Bloody Harry...

Il se dégage de Gungrave un véritable charisme. Bien sur le trait de Nightow y est pour beaucoup, mais pas seulement. Il y a dans ce scénario une chose qui fait qu'on y croit, et pourtant, celui-ci n'est pas exempt de défauts, surtout dans les dialogues qui parfois sonnent tellement faux, alors que les meilleurs amis d'enfance s'appellent quasiment tout le temps par leur nom et prénom (genre « Eh, ça va Harry McDowell ? » « Tranquille, et toi Brandon Heat ? La forme ? ») mais en dehors de cela, on y croit vraiment. On a devant soi une histoire racontant l'ascension de deux simple voyous au sein d'un syndicat du crime. La série est empreinte d'un parfum de film de gangster asiatique (comme A bittersweet life) qui est vraiment prenante. Les deux protagonistes évoluent, et changent radicalement au point de perdre chacun une partie de leur âme, et c'est un lent glissement qui s'opère et auquel on assiste. L'intrigue suit les personnages sur plusieurs années et c'est avec plaisir qu'on voit à quel point l'écriture a été soignée pour Brandon et Harry, de voir l'évolution de leur relation amicale, la transformation de l'un en monstre d'ambition au dents longues et l'autre à devenir le zombie Beyond The Grave. Le scénario de la série en est un des points forts, même si la dernière partie, sans être mauvaise (loin de là) n'a pas le même impact que le long flash-back que j'ai trouvé plus pertinent. Pourtant, le final est vraiment très bon, ne se contentant pas d'un simple revenge trip, il est réalisé de fort belle manière et ne laisse pas sur sa fin.

 

                       Les scènes d'action se succèdent et parviennent à ne pas être trop redondantes.

Graphiquement, on retrouve le charisme qui caractérisait Trigun et c'est pas plus mal. Les personnages ont une gueule, et la réalisation est dans une bonne moyenne. Parfois cependant, notamment dans les premiers épisodes, il m'est arrivé de pousser un ricanement de hyène à la vue de certaines expressions faciales pas toujours super maîtrisées, mais rien de bien (gun)grave. L'animation est de plutôt bonne facture, bien qu'il n'y ait rien de spécialement décoiffant. Disons qu'elle remplit parfaitement son office. 

                            

     Le character design est assez classieux, et ces deux personnages secondaires sont parmi les mieux écrits.

.Les doublages en VO sont très bons, bien que comme toujours, je tique un peu en entendant les prononciations de noms bien ricains. Mais là encore rien de catastrophique, d'autant que les acteurs s'en sortent vraiment bien, avec un Brandon taciturne, un Harry dont les différents doubleurs parviennent à retranscrire chacun le degré de ténèbres dans lesquels il s'enfonce. Le reste du casting est aussi réussi, avec des voix qui font bien mafieux pour certains personnages. Ajoutons à cela une OST qui remplit sa part du contrat, avec des thèmes un peu jazzy, et d'autres avec orgue, retranscrivant l'atmosphère tragiquement morbide de certains passages.

          

Un peu de Tarantino, un peu de film de gangster asiatique, un peu de surnaturel, et on obtient un excellent cocktail avec une série vraiment agréable à suivre, étonnante par l'émotion qui s'en dégage surtout vu le support d'origine (un simple shooter) avec des personnages attachants et charismatiques en diable. Gungrave est bien plus recommandable que le jeu dont il est tiré...comme quoi, les adaptations ne sont pas toujours enterrées par leur support d'origine.

                         

                                                   Va voir Gungrave tout de suite ou sinon je tire !