Les années 30, la prohibition. On avait du style aux Etats-Unis à cette époque. Bon, on crevait de faim, sous les coups houleux d'une crise économique qui depuis un certain jeudi de l'année précédente avait pris ses aises, mais on crevait de faim avec style. Feutre sur la tête musique jazzy et ambiance tamisée sont à l'honneur dans l'animé dont je vais vous parler aujourd'hui. Baccano (Boucan dans la langue de Dante Alighieri) prend pour contexte cette période, mais ne vous attendez pas à y voir une version animée de Boardwalk Empire. Baccano, présente dans ce cadre des immortels, de l'alchimie, un train, des psychopathes, des mafieux, des cambrioleurs sympas et des journaleux qui n'ont pas froid au yeux. Baccano, série en treize épisodes, plus trois OAV et signé par les studios Brain's base vit le jour en 2007. Tout comme Durarara!! La série est l'adaptation d'une série de romans de Ryôgo Narita. On y retrouve donc une forte parenté avec Durarara!! Et c'est une très bonne chose.

                               

                  Miria et Isaac sont les personnages qu'on voit dans le plus d'arcs, cela fait-il d'eux les héros ?

 Comme vous le savez, pour narrer une histoire, il vaut mieux avoir un(des) personnage(s) principal(aux) à qui il arrive des péripéties qui le(s) mèneront au dénouement. Bon, là, ça tient de l'évidence la plus simpliste. Baccano se joue bien de cela. La narration de Baccano est éclatée, un peu comme pour Durarara!! Mais de façon bien plus complexe. Il y a plusieurs arcs principaux dans Baccano, et ces divers arcs sont complexes Ces nombreuses histoires s'entremêlent, mais ne se passent pas sur le même plan temporel (l'une d'entre elles est même très éloignée des autres). Pour rendre les choses plus corsées, la structure de la série présente ces arcs de façon chaotique, enchaînant les bonds dans le temps et dans l'espace. Est-ce qu'on s'y perd ? Un peu au début. Est-ce un défaut ? Non ! Car on tient avec Baccano l'un des fleurons de la narration. Un monument d'écriture qui laisse bouche béée. Essayer de résumer l'intrigue est assez difficile, aussi je vais être très bref et incomplet. Baccano raconte plein d'histoires : celle de Isaac et Miria, deux voleurs sympathiques qui se retrouvent mêlés à de nombreuses histoires qui les dépassent, mais qui ne se départissent jamais de leur bonne humeur. Il y a aussi Firo Prochainezo, nouveau venu dans la famille Martillo en 1930, un jeune gangster très fort qui suit les traces de son ami et mentor Maiza Alvaro, et qui rencontre la mystérieuse Ennis qui l'intrigue. En 1931, un train, le Flying Pussyfoot est attaqué par trois factions : les costumes noirs qui veulent rançonner un sénateur afin de faire libérer un certain Huey Laforêt, les costumes blancs menés par Ladd Russo psychopathe notoire envoyé par son oncle de parrain mafieux et le gang de Jacuzzi Splot, un pleurnichard dont la tête est mise à prix et qui tente de dévaliser le train. Et pendant ce temps, un monstre, le « Rail tracer » fait régner la terreur dans ce train qui n'en demandait pas tant. En 1932, Eve Genoard, issue d'une riche famille, remue ciel et terre afin de trouver des indices concernant Dallas, son frère, une petite frappe qui a disparu après avoir cherché un peu trop de noises aux mafieux deux ans auparavant. Vous suivez toujours ? Sachez que je n'ai évoqué qu'une infime partie de l'intrigue.

              

                                 Chane Laforêt est un personnage très intéressant à plus d'un titre

              

                        Le Rail Tracer vient ajouter une dimension "horreur" à la partie sur le Flying Pussyfoot. 

Je le disais plus tôt, le point le plus fort de Baccano est son écriture. La narration est menée de main de maître, comme je le disais plus tôt faisant de la série un véritable exercice narratif. Tous les évènements sont liés, et si l'histoire donne l'impression d'aller dans tous les sens, ce n'est pas le cas. C'est maîtrisé, et on le sent, pour peu qu'on ait pris le pli. Mais la qualité de l'écriture ne concerne pas uniquement son pharaonique scénario. Les personnages bénéficient d'un soin tout particulier qui les rend tous charismatiques. Oui, tous, et ils sont nombreux ces personnages qui apportent leur pierre à un édifice choral dans lequel ils ont tous leur place. Ladd Russo, le psychopathe mafieux est un exemple parlant. Bien que sanguinaire et sans pitié, il est si charismatique qu'on ne peut que s'attacher à lui, il n'a pourtant absolument rien d'héroïque, à aucun moment la série ne nous pousse à ressentir de l'empathie pour lui, mais cela arrive, car le personnage est bien écrit, et ce n'est pas le seul dans ce cas. Les autres, bénéficient du même soin, et même ceux qui ont un rôle mineur ou encore ceux dont on aurait pu craindre qu'ils ne puissent servir que de side kick rigolol. De la qualité que j'vous dis !

    

                   Ladd Russo (en gris) a la tête d'un homme amoureux. Ou qui va tuer des gens. Ou les deux.

   

               Les combats sont vraiment très bien animés. Et Firo le prouve avec des arguments percutants.

Le chara design est très efficace. Les personnages ont une gueule, et si parfois on pourrait reprocher un certain classicisme (le type à lunettes bienfaisant, la fille ténébreuse aux cheveux sombres...) ils sont suffisamment charismatiques pour coller à leurs personnalités. L'animation est très fluide, et c'est un vrai bonheur de visionner les combats. La New-York des années 30 est de plus assez fidèle à l'idée que l'on peut s'en faire. La représentation visuelle de la violence (très présente) est plutôt réaliste sans être écoeurante. Pour vous faire une idée du truc, je qualifierais la violence de gore Tarantinien. Assez « cartoonesque » pour ne pas être choquante mais pas assez pour ne pas être crédible. Ceci dit, Baccano s'adresse clairement à un public adulte averti, certaines scènes de torture étant assez crues. 

 

                                       Nombreux sont les personnages amenés à se rencontrer.

La musique colle parfaitement à l'ambiance générale. Jazz au programme, les musiques sont très agréables et jamais invasives. L'opening Guns n'roses de Paradise Lunch donne le ton. Ajoutons à cela un doublage de très bonne facture et on obtient une ambiance sonore très réussie.

          

Mais qu'est-ce qui ne l'est pas dans Baccano ? Quel panard de commencer l'année sur une si excellente série. Une pure merveille scénaristique, agréable à voir, un vrai plaisir à suivre, je vous le recommande chaudement ce Baccano, mes amis. Les treize épisodes se suivent avec délectation et les trois OAV, bien que pas indispensables en soi, permettent tout de même d'approfondir cet univers si sympa (et apportent quelques réponses à quelques mystères). Je suppose que je n'ai pas besoin d'en dire plus, non ? Baccano c'est le bien, et vous devez vous jeter dessus.

                     

                                                                    Journalisme total biôtch !