Je suis fan des RPG à l'ancienne. Et bien que je ne boude pas mon plaisir quand je joue à Final Fantasy 8, j'avoue sans honte que Final Fantasy 9 fait partie de mon panthéon des Final Fantasy, en partie car il revendiquait un retour aux sources bienvenu. Certes il est super simple, avec une carte du monde qui est loin d'être une réussite à mon sens (tous les villages ou presque dispatchés sur un seul continent à deux trois exceptions près) et une qualité musicale fluctuante variant entre le très médiocre et le sublime. Mais il faut avouer que musicalement, le sublime envoie du très lourd. Qu'il s'agisse des thèmes musicaux de Beate ou alors du magnifique Eternal Harvest, Nobuo Uematsu s'est démené pour offrir des compositions de haute volée.

                               

                             Attention, si vous lancez cette vidéo vous risquez de vous la repasser plusieurs fois

    "You're not alone" est à l'image de "Eternal Harvest" ce que j'appellerai un petit cadeau musical offert au joueur. En effet ces deux musiques ne sont jouées qu'une seule et unique fois. Ce ne sont pas des thèmes récurrents, ils appartiennent à un seul moment clé qui leur est dédié. L'intensité dramatique de la scène est décuplée, et une nostalgie s'empare du joueur lorsqu'il se rend compte que ces deux thèmes musicaux sont passés et ne reviendront plus, comme les moments au cours desquels ses oreilles furent charmées.

          Le thème qui nous intéresse arrive à un moment poignant de l'aventure. Zidane/Djidane, héros bon vivant et plein d'entrain, à des lieues d'un Clad tourmenté ou d'un Squall tourmenté, découvre la vérité sur ses origines et en est bouleversé. Il est seul face à Garland, épuisé moralement et physiquement. Il est seul. Pour le joueur cela se traduit par un passage au cours duquel il doit affronter des monstres puissants sans le soutien de ses amis. C'est d'ailleurs l'une des rares fois où Zidane est seul, Final Fantasy 9 étant quand même l'un des jeux dans lequel les personnages tissent des liens de complicité les plus forts. Alors que tout semble perdu, ses amis reviennent petit à petit pour lui prêter main forte. Et c'est avec joie qu'on les retrouve, et pas seulement parce qu'on se fait démolir le portrait par des mecs trop forts pour nous. La charge émotionnelle est surpuissante, et la musique n'y est pas étrangère.

          Le morceau commence de façon assez sombre et anxiogène jusqu'à la 14 ème seconde. L'état d'esprit dévasté du héros transparaît à travers ces secondes de doutes. Vient ensuite le moment où il se ressaisit (qui constitue pour moi le coeur de la mélodie.) Celle-ci reste timide, douce et prend plus d'ampleur lorsque la flûte de pan apparaît pour renforcer le coeur du morceau. Plus les secondes avancent moins on entend la ligne anxiogène du début. Enfin, l'arrivée des amis de Zidane est symbolisée par la guitare électrique (ou le synthé je vous avoue que j'ai un doute) et les choeurs qui étouffent la ligne du début (qui est pourtant toujours présente puisqu'on l'entend ressurgir). Le morceau répète ensuite le même shéma. Il y a donc trois mouvements distincts 

- Ligne anxiogène (Garland) qui étouffe le thème

- Zidane reprend courage et lui répond

- Ses amis interviennent pour le rassurer

        Ce morceau n'apparait qu'une seule fois, mais quelle fois mes amis. C'est un de ces morceaux qui fait office de pépite cachée, de moment éphémère. On ne le retrouve plus, il n'y a pas de réorchestration plus tard. C'est une occasion unique de faire corps avec le jeu. Final Fantasy 9 a plus de 10 ans aujourd'hui et reste malheureusement sous évalué. Mais pour quiconque aime les RPG, il représente une bouffée d'air frais. Alors certes ce n'est pas Final Fantasy 6, mais un jeu qui offre des moments de bravoure musicaux aussi poignants ne peut pas vous vouloir de mal, vous ne croyez pas ?

                                                                                Bonus pour caresser les oreilles

                                   

                                            Et un bonus dans le bonus, c'est un peu l'inception des bonus