Votre attention s'il vous plaît, ce billet pourrait contenir quelques spoilers sur Dark Souls. Je vous aurait prévenus petits galopins.

 

 

  Il n'aura échappé à personne, au vu de mes derniers statuts, que je suis tombé amoureux de Dark Souls, que je mets sur un piédestal au sommet de ce qu'on appelait jusqu'à il y a peu de temps la next-gen. En effet, rarement un jeu ne m'avait autant pris aux tripes et fait voyager. Pour vous faire une idée, j'éprouve autant d'amour pour ce jeu que lorsque je jouais à Final Fantasy 6. Dark Souls, on en parle beaucoup, surtout au moment ou le second volet fait son apparition. Et surtout, Dark Souls a toujours été nimbé de mystère, de légendes racontées par ci par là, si bien que le jeu devient un concept aux yeux des ceux qui n'y ont jamais touché.

 

« Dark Souls ? C'est pas le jeu super ultra dur quasiment impossible à finir ? »

« Dark Souls, c'est pas le jeu ou on doit farmer 25 heures, pour botter les fesses du premier boss ? »

« Dark Souls, c'est zero scénario, mais uniquement du hardcore gaming ! »

 

    Et finalement, ce qui caractérise Dark Souls, aux yeux du profane, c'est simplement cette difficulté, cette difficulté qu'on désigne d'insurmontable, au point que moi-même appréhendais de toucher à la bête. Et je m'y lançai comme un Johnny Knoxville du Pad. « Salut les gars c'est Crito Knoxville pour Jackass et aujourd'hui, je suis hardcore je vais jouer à l'injouable ». Et pourtant, quelle grave erreur et quelle cruelle injustice de ne voir en Dark Souls qu'un simple challenge, un simple jeu dur.

 

Dark Souls vu par un néophyte 

 

    Car Dark Souls est à des lieues d'être « OMAGAHD IMPOSSIBRU ». Dans Dark Soul, on meurt, on meurt même beaucoup. On est poursuivi par l'Ankou qui se plaît à nous frotter les fesses de la lame rouillée et usée de sa faux. Bien sûr, morts à répétition égale très souvent ragequit de nos jour. On fracasse la manette en beuglant de hargne contre des développeurs sadiques, insultant leurs mères et toute leur descendance sur des générations. Mais pas sur Dark Souls. Le jeu est dur, c'est vrai, mais à aucun moment il n'est injuste. Pour peu que l'on soit attentif, pour peu que l'on s'immerge dans cet univers, alors oui, il devient très simple de progresser dans Dark Souls. Nous évoluons dans un univers hostile, mais cohérent, et Dark Souls ne punit pas sans raison, il punit la stupidité, la précipitation, l'orgueil.

 

Anor Londo, ses rues pavées, sa cathédrale, ses  méchants Paladins géants qui se soignent à volonté... 

 

    L'univers de Dark Souls, parlons-en, car on n'en parle que trop peu, obnubilés que nous sommes par sa prétendue difficulté légendaire. Lordran, le monde que l'on explore est un endroit mort, rempli d'édifices en ruines, à la beauté noire. Lordran et ses mille démons planqués dans des égouts poisseux, sa sombre forêt de Noiresouche qui baigne dans une atmosphère de conte ténébreux, un monde dans lequel la splendeur d'Anor Londo la cité d'or côtoie le désolé Hameau du Crépuscule et ses ponts de bric et de broc au-dessus de son marais infesté et toxique. Lordran est un monde qui n'est plus. La flamme de sa vie est en train de vaciller, et vous, vous êtes un parasite dans ce monde qui n'a pas besoin de vous, qui semble ne demander qu'à finir sa vie seul...

 

           

 Voilà, l'intro vous donne des infos, ensuite débrouillez-vous...

 

    Dans Dark Souls, le scénario ne vient pas à vous, et il se passe un long moment avant que vous ne sachiez quel est votre but. Tout ce que vous savez au début, c'est que vous vous êtes évadé, sous la forme d'une carcasse immonde, d'un asile dans lequel vous croupissiez, sans autre espoir que celui de dégénérer et de devenir un de ces zombies débiles et décadent qu vous avez massacré lors de votre fuite. Les informations sur la quête principale sont parcellaires, et celles des personnages secondaires l'est encore plus. Car Lordran est un monde qui ne se préoccupe absolument pas de vous. Vous pouvez bien crever dans un égout, dévoré par des rats venimeux, ou vaillamment tomber contre un chevalier noir, Lordran n'en a cure, et n'ira pas vous livrer ses secrets sur un plateau. Pourtant, Dark Souls a un scénario, et un scénario brillant. Brillant sur bien des aspects.

 

Je...je ne voulais pas :( 

 

    Narration environnementale, c'est le biais que choisit Dark Souls pour livrer son histoire. Qu'est-ce donc ? C'est très simple, le monde, comme je l'ai signalé plus tôt, vivait avant vous, et son histoire se dévoile avec timidité par le biais d'indices contenus soit dans la description d'objets, soit dans les décors ou les cadavres décomposés, avalés par les marées du temps qui parsèment les routes de Lordran. Et quand bien même ces éléments n'apportent pas de réponses, ils apportent des questions. Pourquoi donc dans une cathédrale une statue de divinité a été détruite ? Pourquoi ce personnage, dédié à une déesse de l'amour a-t-il commis tel méfait ? Et quand Dark Souls vous donne des réponses, celle-ci est toujours terrible, car elle intervient après que l'irréparable a été commis. Pourquoi ce boss m'affronte-t-il ? La réponse dans sa tanière pourrait bien ne pas vous plaire. Qui était cette abomination que j'ai occis ? Peut-être valait-il mieux ne pas le savoir.

 

Je...mais je ne pouvais pas savoir é_è 

 

    Mais alors qui suis-je, moi, le personnage que je joue dans Dark Souls, cette créature qui refuse obstinément de rester morte, et qui au fond, ne fait qu'une seule et unique chose dans ce jeu : tuer, tuer sans avoir de réel but, car on se laisse entraîner dans ce monde, on détruit tout ce qui y vit mais pourquoi ? Bien sûr, le jeu ne nous laisse pas le choix, en tant que joueur, on tue pour avancer, on se bat parce que les ennemis sont agressifs. Mais pourquoi le sont-ils ? « Ce pays est paisible, ses habitants gentils » nous annonce un personnage d'un monde annexe, rempli de zombies toxiques, de rats mutants, d'hommes-corbeaux démoniaques et autres squelettes roués. Paisibles ? Gentils ? Ces créatures assoiffées de sang ? Et si c'était vrai ? Et si nous étions la pourriture qui vient envahir un monde dans le but de gagner de plus en plus de puissance ?

 

           

Ceci est le thème musical d'un Boss fight. 

 

    Car si Dark Souls est doué dans une chose, c'est vous faire ressentir qu'en tant que joueur, vous commettez pas mal de crimes, uniquement car untel est sur votre passage. Et si vous ne sourcillez pas en trucidant un démon taureau difforme ou un dragon à l'allure de Vagin denté, c'est lorsque vous tuez de belles créatures, comme un loup gris géant, ou alors un papillon quasi inoffensif qui n'a rien demandé que vous vous posez de sérieuses questions. Jusqu'où êtes vous prêts à aller dans votre quête de puissance ?

 

Parfois, vous pouvez croire que vous allez rendre service...  

 

  En jouant à Dark Souls, j'ai vraiment l'impression d'être un salopard de la pire espèce. Lorsqu'un territoire n'a plus de secret pour moi, que je sais où sont les ennemis, il m'arrive d'y retourner, et de tous les détruire, juste comme ça. Ils ne m'apportent rien de plus, une fois expédiés. C'est juste de la vengeance, ils m'ont tourmenté quand je débutais le jeu, maintenant, c'est à mon tour de leur faire subir mon courroux. Et pire que ça, même en essayant d'être un type bien dans le jeu, cela ne se termine pas forcément d'heureuse façon. Trahi par un type que j'ai libéré, ayant, par excès de générosité conduit un autre à son trépas, ou alors détruisant, à force de l'aider la confiance en lui d'un noble chevalier, j'ai l'impression en y jouant que mon personnage ne sait faire qu'une chose : apporter la désolation autour de lui, quoi qu'il fasse. En somme, une âme sombre...