Dumb & Dumber De constituait la somme de mes espérances les plus folles et de toutes mes peurs: entre aboutissement d'un fantasme d'adolescent (celui de revoir Jim Carrey et Jeff Daniels enfiler une nouvelle fois leur panoplie de crétins congénitaux) et peur d'assister à la profanation d'une relique sacrée (comment surpasser un film que, 20 ans après, je continue de porter aux nues en tant que sommet de l'humour "con"?), c'est avec une certaine fébrilité que je m'apprêtais à découvrir la suite des aventures de Lloyd et Harry. Alors, verdict?

Dumb & Dumber De passe le plus clair de son temps à rendre hommage à son prédécesseur. C'est ce qui en fait sa force, mais aussi sa limite: on fait sans cesse référence à l'original sans jamais le transcender, on y reste très fidèle mais on ne sort plus vraiment des sentiers battus. Cela en fait-il un mauvais film pour autant? En aucun cas. Les frères Farrelly restent dans leur registre en tirant à la boulet rouge sur les "minorités" et autres handicapés, les gags sont toujours aussi potaches et font mouche pour la plupart. C'est donc avec un plaisir non feint que l'on retrouve Lloyd et Harry, même si a contrario, les nouveaux personnages n'apportent pas grand chose et ne permettent pas de revisiter la recette.

En fin de compte, la contradiction décrite en préambule habite le film tout du long: Dumb & Dumber De, c'est l'histoire d'un pari impossible (surpasser l'original), d'un héritage trop "lourd", au sens propre comme figuré; c'est ce pote que l'on n'a pas revu depuis 20 ans avec qui on va passer la nuit à boire des coups en ressassant les souvenirs d'antan, plutôt que s'en créer de nouveaux. Au réveil, subsisteront uniquement quelques joyeuses réminiscences de blagues graveleuses ou "scato" noyées au milieu d'effluves d'alcool... Tout bien réfléchi, ce n'est déjà pas si mal.