Enfin, voici venir la dernière
partie de l'interview de Julien Chièze. L'occasion pour moi de revenir
sur ce moment. Il faut savoir que l'entretien a été réalisé par
téléphone et qu'il s'agissait d'une grande première pour moi. Prendre
des notes, trouver un dispositif d'enregistrement correcte, savoir être
réactif, autant de détails pas si anodin. Surtout quand la malchance
vous joue des tours : plus de batterie de téléphone, coupures multiples, éclatage de forfait. C'est pourquoi je voulais en profiter pour
remercier encore une fois Julien, d'abord pour sa disponibilité et son
honnêteté dans ses réponses, mais aussi pour sa patience et sa
gentillesse envers son interviewer.


4 - La presse aujourd'hui

Une question toute
bête, et certainement naïve : pourquoi les sites français de jeu vidéo
ne se regroupent pas afin de parler d'une voix commune lorsqu'un éditeur tente de faire pression sur l'un d'entre eux ? Pour parler
concrètement, si un éditeur menace de ne plus investir dans un site au
niveau de la pub, pourquoi ne pas mettre en place un boycott général de
cet éditeur sur l'ensemble du web français spécialisé ?

Tu fais référence à
l'affaire entre Sony et Gamekult (NDLR : Gamekult avait « mal »
accueilli Heavy Rain en lui donnant la note de 6/10. En réponse à cela,
Sony a gelé sa prise de publicité sur le site et à décider d'arrêter de
fournir ses jeux et le matériel nécessaire au travail de Gamekult) ?

Oui.

Il faut savoir quelque
chose d'assez triste. Sur le web tu as deux états d'esprit. D'abord les
sites anglo-saxons, qui n'hésitent à relayer une info exclusive d'un
site concurrent, en citant la source. Ils se disent qu'en leur envoyant
du trafic, on leur renverra la pareille dans le cas inverse. C'est un
cercle vertueux. Il y a un respect des exclus et une solidarité de
l'info.

En France, c'est tout
l'inverse. Personne ne parle de ton exclu. Pire, si un forum ricain te
cite, les autres sites français vont rapporter la source américaine !
Chez Gameblog, on n'hésite pas à relayer ce que fait la concurrence, si
ça nous parait intéressant. Récemment, on a par exemple relayé une
interview intéressante parue chez Gamekult, une autre de JeuxActu. Peu de gens le font. Dans le milieu français, les journalistes sont fermés sur eux-mêmes, même si nous savons qu'ils regardent ce qui se fait ailleurs. Et si humainement parlant, on se connait et on s'apprécie dans la vraie vie, nos sites
ont énormément de mal à être solidaire.

Alors effectivement quand
il y a eu le souci entre Sony et Gamekult, il n'y a pas eu de solidarité particulière. C'est un débat très compliqué car il y a deux choses à
distinguer. Personnellement, je trouve justifié que Sony supprime sa pub Heavy Rain (même si depuis, on a pu voir d'autres pubs pour les télés
Sony sur le site). Si leur jeu se fait défoncer, je peux le comprendre.
Je vais pas donner des milliers d'euros pour promouvoir un produit qui
se fait critiquer négativement par cette même entité. Ensuite, Sony a
décidé d'arrêter de fournir temporairement le matériel nécessaire à
Gamekult pour qu'ils puissent travailler. Là, ça me choque. Gamekult a
tout à fait la liberté de ne pas aimer Heavy Rain et de le dire. C'est
la base du journalisme. Du moment que tu restes courtois, tu peux dire
ce que tu veux. Pourquoi ça a dégénéré ? Quand Sony appelle Gamekult et
qu'ils s'expliquent entre eux, ça reste dans la sphère privée. Mais si
plus tard, tu vois des traces de cette discussion sur Twitter ou autre,
ça déborde dans le domaine public. Je comprends alors que Sony puisse se braquer et que cela ait envenimé les choses.

Pour être franc, à cette
même période on a même appelé Gamekult. Mais il y avait eu une vieille
histoire, où on s'était fait allumer sur le Twitter de Poischich (NDLR : Gaël Fouquet, le rédacteur en chef de Gamekult) à propos de l'exclu
Uncharted 2. Il sous-entendait que cette exclusivité avait obscurci
notre objectivité. C'est fort comme phrase. C'est lourd de sens. Et
honnêtement je trouve ça un peu dégueulasse. Il se trouve que Sony a
choisi de filer l'exclu du test à un site de chaque territoire. Nous, on connait les mecs de chez Naughty Dog et on s'entend bien avec eux. Ils
se trouvent qu'ils ont demandé à ce que nous ayons l'exclu française.
Nous, on avait rien demandé, mais évidemment, on n'allait pas refuser.
Pourquoi ? Tout simplement car il n'y avait aucune contre-partie demandé en retour. On nous a jamais demandé de bien noter le jeu... jamais
proposé de l'argent où autre. D'ailleurs j'en profite pour souligner que ça n'est JAMAIS arrivé. Même si on nous le proposait, on refuserait
catégoriquement. D'ailleurs il faut savoir que ce n'est pas nous,
l'équipe éditoriale, qui gère la pub, c'est une régie indépendante qui
s'en occupe et on les paie pour ça. Après, Gameblog est désormais un
site important de jeux vidéo, il est donc normal que les éditeurs y
achètent des pubs. Bref, Gamekult nous avait publiquement sali en balançant des pics
répétés sur Twitter. On avait rien dit. Et puis ça recommence avec Heavy Rain, du genre « Cinq étoiles sur Gameblog, on s'y attendait pas... ».
Gaël nous connait. Il sait qu'on n'est pas acheté. On n'a jamais cédé
aux pressions des éditeurs, même du temps de Joypad, et on ne le fera
jamais. De toute manière, si un site le fait, il se tue à moyen terme,
parce que si ça se sait, c'est fini, tu flingues ta réputation.

Par contre, si un jeu nous
plait, on ne va pas s'interdire de lui mettre une bonne note, même s'il
s'agit d'une exclu. On a eu d'autres exclus, qui ont fait moins de
battage et pour lesquelles on a pas été tendre, comme RE Darkside
Chronicles par exemple. A ce niveau, on est assez inattaquable. Du coup, je répète que je trouve choquant que Sony ne veuille plus envoyer des
jeux à Gamekult. Mais on sait très bien que tout sera rentré dans
l'ordre un mois après, même avant. Après, est-ce que Gameblog aurait du
faire une news pour soutenir Gamekult ? Franchement, peut-être. On ne
l'a pas fait. Probablement car ce ne concerne pas nos lecteurs, que
c'est de la tambouille interne un peu triste. Mais attention, on ne
s'est pas frotté les mains de bonheur pour autant. Ça nous a peiné... mais ça nous peine tout autant quand on essaye de nous salir dans notre dos. C'est assez injuste. On s'est expliqué depuis. Tout va bien, là non
plus ce n'est pas bien grave. Il n'y a pas de guerre entre Gamekult et
Gameblog. Ni avec quiconque d'ailleurs. Nous n'avons pas la même
sensibilité, c'est tout. Mais nous les respectons. D'ailleurs on essaye
régulièrement de les inviter dans nos podcasts. On a hâte qu'ils
acceptent (sourire).

Après, faut-il boycotter
Sony ? Tous ensembles ? On fait quoi ? On arrête de tester leurs jeux ?
Mais au final, ce sont les joueurs que tu prends en otage. D'autant que
je le répète, ce genre de problèmes est réglé le mois d'après. La grande majorité ne sont pas au courant de cette histoire et ils attendent les
avis sur le jeu. On ne veut pas prendre nos lecteurs en otage ou brandir notre carte de presse tels des chevaliers blancs. On se concentre avant tout sur nos lecteurs et on veut leur donner le meilleur. Pour eux.

 

Ton avis sur le marché de la presse aujourd'hui ? Ton analyse de la désaffection des
gens envers le support papier ? Yellow Media ? Internet ? Ton
inapproprié ?

Il y a beaucoup de choses
vraies dans ce que tu dis. La seule que je supprimerai c'est Yellow
Media. Je pense que ça n'a rien à voir. Les lecteurs ne savent pas quel
groupe de presse édite quel magazine. Et quand les anciens de Joypad se
barrent, au final ça n'intéresse pas grand monde. Ça peut jouer un peu,
sur l'affect de quelques lecteurs, mais pas plus. La grande majorité des lecteurs s'intéressent au contenu, point barre. Après, c'est certains
que les journalistes donne un ton au contenu. C'est notre crédo en tout
cas.

Je pense surtout
qu'internet a joué un grand rôle dans le désintérêt des lecteurs envers
les magazines. Déjà en terme de réactivité, quand tu dois compter sur
deux semaines de délai d'impression entre le bouclage et la sortie, ça
pose problème. Mais si le contenu se restreint et que le prix augmente,
face à la gratuité d'internet et sa réactivité, tu n'y réfléchis pas à
deux fois. Ce qui peut sauver les magazines, c'est de proposer autre
chose que ce que l'on trouve sur le net. On ne peut pas battre internet
avec des tests ou des news. De toute manière ce n'est pas une lutte, les deux peuvent exister. Mais il vaut mieux jouer la carte du dossier de
fond, jouer sur du contenu exclusif de haute qualité. Jouer la carte du
magazine-bel objet.

Personnellement, je ne lis
plus de magazines spécialisés jeu vidéo français. Je retente le coup une fois par an en général, histoire de juger sur pièces. Très honnêtement, et je parle pas en tant qu'ex de Joypad mais en tant que lecteur, ces
mags ne m'intéressent plus. Je ne retrouve pas d'esprit d'équipe, la
maquette n'est pas terrible. En revanche, ce qui m'intéresse c'est Pix'n Love. J'apprends encore des trucs sur Mario ou Pacman alors que je suis joueur depuis plus de 20 ans ! Les équipes de Florent Gorges font un
boulot de malade. J'aime aussi Amusement. Je le trouve imparfait et je
pense que certains détails pourraient être améliorés, mais je trouve
l'alternative intéressante. La forme est classe, t'as pas honte d'ouvrir ton magazine. Ils ont des interviews intéressantes avec des regards
croisés d'artistes ou de chanteurs sur divers sujets. Et surtout, le mag coûte 5€ et tu te retrouves avec un pavé dans la main. Ça correspond
plus à ce que je recherche. C'est peut-être dû à mon âge.

 

D'ailleurs,
t'avais bossé pour Amusement au départ non ?

C'est vrai. Je connais bien Abdel (NLDR : Abdel Bounane est le rédacteur en chef d'Amusement et
nous l'avons déjà interviewé dans nos
colonnes). Mais toujours pareil, je manque de temps. Il me rappelle
parfois en me demandant si je peux pas lui écrire un truc et j'espère
qu'un jour, j'aurais l'occasion de participer à nouveau à ce magazine.
Ça me ferait vraiment plaisir. Je suis franc, je t'ai donné mon avis en
tant que lecteur : Amusement je trouve ça imparfait, mais ça prend des
risques, ça ose des choses, et ça j'aime !

Peux-tu nous
raconter les circonstances du rachat de Joypad par Future, maintenant
Yellow Media ?

J'ai été très peiné quand
ça s'est produit, parce que tout fonctionnait très bien et qu'on avait
de bons résultats. On s'entendait tous très bien, ces mags étaient faits avec le cœur. C'est une famille qui a été détruite à ce moment là.
Quand ils sont venus nous voir, au moment du rachat, ils nous ont dit
qu'on les intéressait car on était les numéros 1, qu'il ne fallait pas
s'inquiéter, ils nous laisseraient poursuivre comme on l'entendait, vu
que ça marchait bien. Mais ça n'a pas été le cas. Ils ont tout détruits
au fur et à mesure et ça s'est ressenti sur les ventes. Mais je n'ai pas de rancœur. A titre personnel, cela m'a permis de faire d'autres
choses, d'apprendre à faire de la télé, de la radio, etc. C'est bien de
se remettre en cause et d'apprendre encore et toujours. J'ai vécu huit
ou neuf années incroyables avec ce magazine, mais il fallait passer à
autre chose. Je suis persuadé que si le rachat n'avait pas eu lieu, on
se serait peut-être endormi sur nos lauriers, ou alors on serait tombé
dans la facilité. Et puis, Gameblog n'aurait pas existé.

 

Il me semble
qu'au moment du rachat, tu n'étais pas parti tout de suite, mais que tu
étais resté quelques numéros ? Comment ça s'est passé ?

Là, je vais parler en mon
nom, car il s'agit de ressenti personnel. Au début, clairement, beaucoup ont décidé de partir. Ils n'y croyaient pas. Ils pensaient qu'on allait se faire avoir et ils ont préféré partir tout de suite et ne pas voir
le projet mourir à petit feu. Honnêtement, avec le recul, ils n'ont pas
eu tort. Mais moi, mon état d'esprit était différent. Je suis peut-être
un peu naïf, mais j'avais envie d'essayer, d'y croire et j'aime juger
sur pièce en donnant leur chance aux gens, aux choses. Mais bon, tu as
vu que je suis quand même parti... Le truc, c'est qu'avant le rachat, on
bossait sur une nouvelle formule, qui avait été quasiment achevée. Après le rachat, cette nouvelle formule a été poursuivie par Future et je
voulais la voir aboutir, parce que je la trouvais très intéressante. Je
suis parti le lendemain du lancement de cette nouvelle formule. On s'est fait totalement enflé. J'étais en reportage pendant une semaine et à
mon retour, la nouvelle formule était totalement différente de celle
escomptée. Celle qu'on avait préparé, celle dans laquelle je m'étais
fortement investi. C'était même l'inverse. Tout avait été réécrit
derrière. La maquette fracassée. J'étais tellement attaché à Joypad que
j'ai préféré partir. C'était devenu insoutenable. Je ne pouvais plus
participer à quelque chose qui me paraissait être une trahison.

 

Alors après, tu arrives à Consoles + et rebelote : Future rachète aussi cette
publication. Les boules ?

C'est ça. Je me suis
retrouvé dans la même situation un an après. J'étais partagé entre rire
ou pleurer. Le positif, c'est que cela a accéléré la naissance de
Gameblog. Donc pas de rancœur une fois de plus. A trop vouloir bouffer
tout le monde, Future n'y a pas forcément gagné. De ce que je sais en
interne, leurs rédacteurs sont souvent sous pression et certains perdent la passion. On les sent en mode fonctionnaires pour certains. Je ne
parle pas de tout le monde, il reste des gens passionnés là-bas. Mais
bon, on n'est pas là pour faire de l'analyse économique. Quand tu parles de jeu vidéo, il faut que ça reste passionné, que ça se sentent, que ça vibre. Être passionné pour être passionnant, et j'avoue ils n'arrivent
plus globalement à me passionner.

 

5 - Les questions personnelles

Toi qui adopte un
style littéraire assez reconnaissable, préfères-tu le monde de la presse papier, de la presse web ou bien la télé ?

(Il hésite.) Je suis un
grand bavard, tu as pu t'en rendre compte (rires). Mais paradoxalement,
je citerai spontanément la radio comme media que j'affectionne. Celui
qui me plait le moins, c'est peut-être la télé. On y est tellement
dépendant de l'image et de lourdeurs techniques. Mais attention, je
l'aime moins, mais je l'apprécie beaucoup quand même. Pour le jeu vidéo, c'est l'idéal, tout montrer en mouvement. Mais je parlerais alors plus
du media vidéo que du media télé. La télé, comme la presse papier, a des contraintes de temporalité, des horaires fixes à respecter, il faut du
montage, des sorties sur Bêta, etc. Sur le net, tu peux balancer tes
vidéos instantanément. Quasiment en live. C'est l'idéal lors de la
couverture de salons. L'émission Gameblog diffusé sur MCM, ça reste
génial, mais bon, t'as toujours une semaine de décalage par rapport aux
évènements et aujourd'hui, à cause du CSA, on ne peut pas parler des
jeux +18. On va essayer de faire changer ça pour la prochaine saison,
car je suis attaché à cette émission.

Mais pour répondre à ta
question, je classerai l'écrit tout en haut. Parce que j'adore ça.
J'aime jouer avec les mots. C'est mon premier amour et ça s'oublie pas.
Mais attention, ça ne veut pas dire « la presse écrite ». Car je le
confesse, je n'ai pas de nostalgie des magazines. Ensuite, je placerais
la radio. Tu y racontes des histoires sans être « parasité » par
l'image. Tu dois tout décrire avec tes mots, exprimer tes ressentis et
tu peux rentrer dans le fond du truc. Et puis la télé, qui reste
géniale. Mais au delà de tout ça, je place Internet en tête de très loin parce que ça regroupe tout ce qu'on vient de dire. Internet est LE
media numéro un. Tu écris, tu filmes, tu discutes, tu fais tout... et
potentiellement tout de suite. J'en suis vraiment accro. Chaque jours,
je regarde les statistiques du site, je lis plein de trucs dessus, je
suis un vrai geek pour ça.

 

Entre le film
interactif Heavy Rain, le sand-box GTA, la rollercoaster Uncharted 2, le gameplay Mario ou l'expérience ICO, que recherches-tu dans un jeu vidéo ?

Ouh là, tu me cites plein
de bons jeux ! En fait, je cherche d'abord à être surpris et vivre une
émotion. Mais pas forcément me faire chialer ou me faire peur, ça peut
être simplement lié au gameplay. Il faut que je ressente quelque chose
d'inédit. Et le dernier titre qui m'a fait ça, c'est Flower. Je me suis
pris une vraie baffe dans la gueule. J'ai trouvé ça beau, intéressant,
on te raconte une histoire sans le moindre mot. Chacun va vivre le jeu
comme il l'entend, c'est jouable par tous : les gamers, les enfants, ma
grand-mère. Tu peux juste te lancer une partie de 10 minutes rien que
pour te balader, regarder. C'est l'expérience de 2009 et de loin. Le jeu qui m'aura le plus marqué cette année là. Je prends du plaisir rien que de t'en parler là (rire)...

Après, j'aime qu'on me
raconte des histoires. D'ailleurs j'ai aimé Heavy Rain. Je l'ai trouvé
très imparfait. J'ai souvent été frustré. J'ai trouvé qu'on n'avait pas
assez le choix, ou pas les choix que j'avais imaginé. Mais j'ai adoré
m'impliquer dans l'action. Les choix que je faisais n'étaient pas ceux
du personnage, mais les miens, ceux que j'aurais fait dans la vraie vie, dans la même situation. J'ai souvent hésité aux moments cruciaux en me
prenant la tête à réfléchir. Ma fin m'a même énervé. Elle n'était pas
comme je la voulais, mais bon, c'était la fin de MON histoire. Et j'ai
aimé ça.

Dans l'absolu, je rêverais
que les RPG japonais reprennent du poil de la bête. C'est là où j'ai
connu mes émotions les plus incroyables : Final Fantasy, Secret of Mana, tout ça. Aujourd'hui, franchement, je ne m'y retrouve pas. Ils tournent en rond et ça me fait chier. Peut-être est-ce moi qui ai changé ? Le
seul qui m'a touché dernièrement, c'est Lost Odyssey. La fin du premier
du DVD... J'ai vraiment vécu le truc intensément, j'ai joué le jeu à fond.

Mais globalement, je n'ai
pas de genre de jeux préférés. J'ai pris du plaisir sur un milliard
d'entre eux. Beaucoup de ces titres n'avaient rien à voir. Pas la peine
d'être un mega bockbuster pour me toucher. Ce qui m'intéresse, c'est le
ressenti, ce qu'un jeu va te laisser après la console éteinte, l'envie
qu'il va te donner d'en parler...

 

Pour revenir
sur les RPG, je te sais fan de la saga Final Fantasy. Tu n'as pas
pourtant pas écrit le test de Final Fantasy XIII. J'aimerais connaître
ton avis sur ce titre.

Pas convaincu. J'y ai joué
et j'y ai cru très longtemps. Définitivement, des petites nanas qui
gloussent, ça me fait chier (même si des heures après, on retrouve un
peu plus de fond). Ce ne sont pas les couloirs qui m'ont déçu
(d'ailleurs j'avais beaucoup aimé FF X). J'ai trouvé le système de
combat un peu austère au départ et qu'il mettait du temps à montrer ce
qu'il avait dans le ventre. Que c'est lent et inintéressant au début. Ce jeu ne m'a pas touché. Il ne m'a pas fait vibrer. J'avais envie de
baffer les héros pendant plus de 10 heures. Et puis niveau scénario, le
début est assez obscur. On te parle de Fal'Cie, de L'Cie, on sait plus
qui est quoi. En bref, j'ai trouvé ça très beau, mais très chiant. Et ça me peine de le dire.

 

Dans un autre
genre, et je sais que tu l'as apprécié aussi, j'ai beaucoup aimé le
dernier Silent Hill sur Wii. Et par bien des aspects, je trouve qu'il se rapproche d'Heavy Rain dans le sens où il faut accepter l'expérience
pour entrer dans le jeu.

Franchement je comprends.
Certains soucis de jouablilité m'ont saoulé et le jeu est imparfait.
Mais je l'ai apprécié. D'ailleurs, je me permets de rappeler que les
notes sur Gameblog sont plus des appréciations. Cinq étoiles
n'équivalent pas à un 20/20. Pour Silent Hill, je lui ai mis 4 étoiles,
mais c'est ce que je dis dans le texte qui importe. J'ai aimé
l'expérience, les réponses chez le psy qui influent sur le jeu. A mes
yeux, c'est clairement le meilleur Silent Hill depuis le 2, qui reste
indétrônable.

 

En tant que
testeur justement, tu préfères critiquer les jeux que tu attends ou te
les garder pour plus tard ?

Je révérais de ne pas
tester les jeux que j'attends. A Gameblog, on fonctionne selon
l'expertise. On sait qui sera le plus apte à tester quel type de jeu.
Donc on n'a pas toujours le choix. Par exemple, je m'occuperai des
Resident Evil ou des Silent Hill. RaHaN va faire God of War. Julo fera
Shenmue, même si c'est pas dit qu'il fasse le trois. Mais tu vois, j'ai
été très content de pas avoir à faire FF XIII. Parce qu'en général, il
faut se dépêcher pour rendre le test à l'heure. Y a des jeux où t'as pas envie de rusher.

Mais dans l'absolu, je ne
suis pas fan des tests. D'ailleurs, je ne suis pas sûr d'être un grand
testeur. Même ce mot m'horrifie. Je ne l'aime pas. Un test, c'est un
contrôle technique. On teste une voiture, un objet... mais on ne peut pas
tester un jeu vidéo, c'est subjectif, ça joue sur le ressenti, sur le
scénario, le gameplay... C'est pour ça qu'on ne met pas de note stricto
sensu à Gameblog. Si je pouvais, je ne ferais aucun test. Je préfère
mille fois écrire des news, participer à des reportages, réaliser une
interview. C'était la même chose au temps de Joypad. Limite, je
préférais écrire après coup sur un jeu. Que je l'ai aimé ou non.

 

Dernière
question pour la route (et la plus importante). L'Olympique de
Marseille, champion de France ?

Imagine ma frustration ! Ça fait 17 ans que j'attends un titre, et le soir de la finale de la Coupe de la Ligue, je suis en reportage à New York. On était dans le bus et
on captait le WiFi. Je suivais le match sur le site de l'Equipe en
rafraichissent la page toutes les 5 secondes. J'étais avec des
supporters de Bordeaux et Paris et je leur ai fais la misère. Mais je
n'ai toujours pas vu la moindre image du match. Je devais aller le voir
au stade en plus !

Mais pour le titre,
franchement, j'y crois. Lyon et Bordeaux vont se fatiguer en Ligue des
Champions (NdCouCou : Bordeaux ne s'était pas encore fait sortir de la
compétition l'époque), Montpellier est en baisse de régime. Il faudra
faire attention à Auxerre par contre, même si personne n'en parle. Aux
marseillais à ne pas déconner et j'espère qu'on ne regrettera pas cette
journée de Ligue 1 où toutes les grosses équipes devant nous ont fait
match nul et où l'OM n'a pas pu faire mieux le jour d'après. Sinon on
prenait un vrai avantage. J'ai envie d'y croire en tout cas. Je suis un
mec assez positif, si t'avais pas encore remarqué (rires). Allez l'OM !
C'est le club de mon cœur et je suis quelqu'un de fidèle !

 

Mais t'es de
Marseille ou quoi ?

Même pas ! J'ai dû y mettre les pieds deux fois. Mais quand j'étais petit, j'étais passionné de
foot. J'étais d'ailleurs pas trop mauvais. Je suivais l'équipe de
Marseille de l'époque. J'avais les maillots, l'écharpe, mais faits
maison ! Après la défaite en finale de Champions League contre l'Etoile
Rouge de Belgrade, je me souviens que j'ai mis une semaine à m'en
remettre. Et mon père ne comprenait pas pourquoi je pleurais. Ah, mes
premières émotions de foot, c'était avec l'OM...

Merci infiniment !

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