Après la série d'articles d'analyse
plutôt sérieux auxquels vous avez eu droit (et qui vous ont intéressé à
en croire les commentaires), voici l'occasion de se vider la tête avec
un dossier bien régressif. L'idée est ici de deviser autour de quelques
clichés typiques de l'univers du jeu vidéo aperçus au détour de telle ou telle production. Pas question d'être exhaustif ou analytique, il
s'agit simplement de se divertir un peu. Bonne lecture à tous
(contrairement à ce que l'on pourrait croire, terminez l'intro d'un
dossier consacré aux clichés du jeu vidéo par une amorce d'écriture
clichée témoigne d'un vrai talent d'investigation).

Cliché n°1 : Le héros qui dort tout habillé

Si beaucoup de besoins courants de tout être humain ne sont pas forcément
représentés dans le jeu vidéo (manger, aller au toilette), on peut dire
que le sommeil est omniprésent. Que ce soit dans un RPG pour regagner
des HP, ou simplement dans un jeu scénarisé pour faire avancer
l'histoire, les héros de jeu vidéo sont de gros dormeurs. Pourtant, qui
se souvient avoir déjà vu son avatar en pyjama ? Certes, Arthur, le
héros de Ghouls and Ghosts apparaît régulièrement en caleçon durant la
partie, mais seulement quand il subit trop de dégâts et jamais avec
l'intention de dormir. Non, nos courageux personnages fétiches préfèrent conserver leur habits durant leur sommeil. Car partir sauver le monde,
oui, affronter mille dangers, oui, mais risquer un rhume lors d'une
fraiche nuit d'été, plutôt mourir ! Au rayon « je préfèrerais me retrouver à poil qu'en pyjama » citons le champion toute catégorie : Ryo Hazuki dans la saga Shenmue.
Le jeu de Yu Suzuki se prêtait pourtant volontiers au réalisme et à la
retranscription cohérente de la vie de tous les jours. Mais Ryo ne
lâchera jamais sa veste en cuir, son jean et son pansement fétiche.
Question d'honneur. La médaille de bronze revient à Desmond Miles
d'Assassin's Creed, qui passe plus de 7 jours au sein du laboratoire
Abstergo sans jamais se changer ni ôter ses fringues pour pioncer. Il
doit y avoir un traumatisme là dessous...

Cliché n°2 : La perte des pouvoirs après le début du jeu

Certainement le coup de Jarnac le plus utilisé dans l'univers du jeu vidéo : faire
commencer le joueur aux commandes d'un avatar super puissant. L'occasion de tester plusieurs mouvements et de se sentir au-dessus de la mêlée.
Le jeu me plait immédiatement et je l'achète. Pourtant, arrivé au bout
de la première heure de jeu, le même schéma se reproduit sans cesse : un événement lambda intervient et prive le héros de toutes ses
possibilités. Au rayon « je peux plus, j'ai piscine », une
belle égalité entre Samus Aran de Metroid et Kratos de God of War. La
première n'a vraiment pas de chance et tombe régulièrement sur des
orages magnétiques ou des singes voleurs de slips qui lui piquent
purement et simplement les gadgets de sa super combinaison futuriste. Le rayon laser, le missile, la morph-ball, rien n'échappe à ses pillards
sans foi ni loi. Maudit orage ! Pour Kratos, c'est plus simple : dans
les premières minutes de chacune de ses aventures, il se fait dérouiller par Zeus, le maitre de l'Olympe, capable de manier la foudre (d'où les
orages magnétiques rencontrés par Samus). Et à chaque fois, le Spartiate se retrouve dépourvu, avec une barre de vie vidée de moitié et la perte de tous ses pouvoirs obtenus à coups de décapitation. Dur !

Cliché n°3 : L'escorte d'un être faible

La sensation de puissance est l'une des caractéristique ressentie en
parcourant un jeu. Ivre de puissance, le joueur massacre ses ennemis
sans vergogne. Pour ne pas risquer le phénomène de la grosse tête, nos
amis développeurs n'ont rien trouvé de mieux que de nous coller des
missions d'escorte. Et pas question de protéger un être humain lambda
évidemment. On va toujours vous chercher la personne la plus faible /
blessée / peu dégourdie de l'humanité. Au rayon « tu m'as trop soulé », les nominés sont : Yorda de ICO pour sa rapidité fulgurante et sa
capacité de défense, Emma Emmerich de Metal Gear Solid 2 pour sa
propension à abattre tous les cafards à sa portée et ses incroyables
performances en apnée et enfin Eileen de Silent Hill 4 pour sa condition de sportive professionnelle et son déhanché caliente à base de plâtre
intégral. A vous de choisir...

Cliché n°4 : L'eau qui tue

Les développeurs de jeux vidéo sont de grands enfants. Et lorsqu'on est
petiot, que déteste-t-on plus que la fin des informations le dimanche
soir préambule à un aller direct pour le lit en attendant le lundi matin ? Prendre une bonne douche. Heureusement pour nous, cette révulsion de
l'eau disparaît bien vite avec l'âge. Mais on ne peut pas en dire autant pour nos héros. Au rayon « tu sais nager ? Oui, jusqu'au menton » faites place à l'incroyable Yoshi. Le dragon / dinosaure peut avaler
ses ennemis et les recracher sous forme d'œufs. Il peut aussi pédaler
dans l'air pour accroitre sa capacité de saut. Il peut même se
transformer en hélicoptère dans Yoshi's Island ou vous filer 99 vies
dans Mario 64. La seule chose dont il est incapable, c'est nager. Super
Mario Sunshine se prêtait pourtant admirablement à l'ambiance farniente
sur l'île de Delfino. Il suffit qu'un Mario chevauchant un Yoshi ne
touche une surface aqueuse pour voir la monture disparaître
instantanément. Pas sûr que l'animal carbure aux JO. Dans un style
carrément moins sexy (oui, j'adore les dinosaures), je me permet des
petites dédicaces à Altair d'Assassin's Creed, Batman de Arkham Asylum
et les héros de GTA avant le IV. Merci messieurs.

Cliché n°5 : La phase sous-marine inutile et relou

Qu'est plus difficile que n'importe quelle phase sur terre ? Réponse : la plus simple des séquences sous-marine. De tout temps, nous avons été abreuvé de ces moments crispants, plaçant l'action 20 000 lieues sous les mers, où notre héros paraît plus pataud que jamais. A chaque fois, même s'il
ne s'agit que d'un seul niveau, on sait qu'on va criser, s'énerver et ne pas prendre de plaisir. Si ce n'est pas la maniabilité qui est à jeter, c'est la visibilité qui est nulle. Si ce n'est pas l'inertie qui gêne,
c'est seulement parce que la portion de niveau immergée n'a aucun
intérêt. Au rayon « Bloup, bloup, grrrrrrr », Devil May Cry
proposera sa séquence sous-marine en vue subjective, Tortues Ninja sur
NES son niveau sous l'eau (une frustration personnelle), Bioshock 2
offrira des respirations (!) le long de couloirs teintés d'H2O, certes
sublimes, mais chiants. Allez, voici un contre-exemple, parce que je
suis de bonne humeur : MGS 3 Snake Eater. Un bonheur.

Cliché n°6 : Retraverser des niveaux déjà parcourus

Les codeurs ont toujours été des feignants. Après cette attaque purement
gratuite, extrapolons un peu : les développeurs d'aujourd'hui sont les
codeurs d'autrefois. Ainsi pas étonnant de tomber sur une bande de
petits malins prêts à tout pour ne pas se crever à la tâche. Comment
rentabiliser les décors créés et allonger ainsi la durée de vie sans
pour autant quitter le travail à 23h et louper la redif d'Ushuaia ? Il
suffit de faire retraverser au joueur les niveaux qu'il a déjà terminé.
Au rayon « malin, mais un peu flag », les exemples abondent.
Mais comme moi aussi j'ai la flemme de trop chercher dans ma mémoire, je vous propose ceux qui me viennent immédiatement à l'esprit : Devil May
Cry 4 où une fois la quête de Nero interrompue, on nous demande de jouer Dante et de refaire le jeu à l'envers en se farcissant une fois encore
les boss déjà rencontrés. Silent Hill 4 s'impose aussi au panthéon,
puisqu'il faudra se retaper tous les environnements parcourus
jusqu'alors, mais accompagné par une boiteuse (qui a mal à la jambe
hein, je ne parle pas d'une fan de discothèque). Ou comment mixer deux
des pires clichés du jeu vidéo dans un seul jeu. Heureusement que le
héros n'avait pas une animation rigide. Ah si ? OK. Peut-être allez vous lire entre les lignes et vous rendre compte que ce SH4 m'a grandement
déçu malgré ses qualités. Citons pour finir Muramasa, le beat them all
2D disponible sur Wii. Là encore, les développeurs s'acharnent à nous
faire traverser le Japon en long, en large et en travers pour parvenir à nos fins. Heureusement que le jeu est sublime, sinon j'aurais râlé.

Cliché n°7 : Le sauveur du monde solitaire

Si le cinéma d'action aujourd'hui tend vers l'hyper-réalisme, via des
cadrages caméra à l'épaule et des situations souvent vraisemblables, on
ne pouvait pas en dire autant dans les années 90. A cette époque là, un
soldat bodybuildé pouvait partir seul en guerre contre tout un pays et
en ressortir indemne. D'ailleurs, ce héros portait souvent un nom
finissant par egger ou allone. Mais comme nos jeux vidéo sont encore un peu immatures, ils se contentent de copier ce qu'il s'est fait par le
passé, sans vraiment évoluer. Au rayon « c'est pas ma guerre », Leon S. Kennedy de Resident Evil 4 paraît imbattable. Imaginez vous
bien : la fille du Président des Etats-Unis a été enlevé par une secte
mystérieuse. Les services secrets décident alors de prendre la décision
la plus pertinente à ce moment là : envoyer un seul et unique agent.
Parce que bon, faut leur payer les clubs sandwichs à tous une fois sur
place.

Cliché n°8 : Le boss final en cache d'autres

Voici un cliché qui rejoint étroitement celui des niveaux déjà parcourus, et
qui est en fait son penchant le plus sadique : la réutilisation de tous
les boss du jeu en fin d'aventure. Vous croyiez avoir fini et vous
apprêtiez à affronter votre Nemesis ? Non monsieur, il faut s'échauffer
avant. Au rayon « on s'est pas déjà vu ? », j'invoque Okami,
Zelda Wind Waker ou encore Sin and Punishment sur Wii. Il y en aurez
beaucoup d'autre à citer, mais il s'agit d'un cliché de flemme, donc je
m'adapte encore une fois.

 

Cliché n°9 : La quête du dernier Artefact, forcément éparpillé

La fin de l'aventure guette. Vous avez vaillamment guerroyer pendant de
nombreuses heures. Vous disposez maintenant d'une force herculéenne, de
capacités hors du commun et d'une expérience accrue. Pourtant, il vous
manque toujours l'Artefact, une arme ou un talisman, seul capable de
venir à bout du boss de fin. Malheureusement pour vous, un prédécesseur
n'a rien trouvé de mieux que de le briser en mille morceaux et
d'éparpiller ces derniers aux quatre coins du pays. Au rayon « putain le lourd », Link de Zelda Wind Waker et War de Darksiders se tire la bourre. L'un
pour reconstituer la Triforce et venir à bout de Ganon, le second pour
reforger la Lame ultime, seule capable de venir à bout de..., vous verrez
bien qui. Pourquoi ne pas essayer de tuer le boss sans cet Artefact
ultime ? Parce que le mec qui vous explique la légende et l'utilité
absolue de cet objet mystique a peut-être mal compris l'histoire que lui racontait son grand-père quand il était jeune

Cliché n°10 : L'animation balai dans le cul

On termine en douceur avec ce petit tacle sympathique envers nos héros de
jeu favoris. Capables de toutes les prouesses physiques dès que le
besoin s'en fait sentir (cabrioles diverses, maniement affuté d'armes
quelconques), ils retrouvent pourtant très vite leur condition d'êtres
normaux dès qu'il s'agit de réaliser le mouvement le plus simple qui
soit : la marche. Au rayon « met un pied devant l'autre et fait confiance à la gravité » parlons rapidement de ces héros si classes et charismatiques, mais doté d'une animation rigide dès qu'il faut faire quelques pas. Un vrai balai dans le fondement, des épaules raides, un dos anormalement droit, on ne peut pas dire que la marche ait profité de la puissance de nos
machines. Citer des exemples serait ici trop long. Juste un ou deux
alors : James dans Silent Hill 2 et Lara Croft. Ou la parité dans le jeu vidéo.

Vous l'aurez compris, ce dossier n'a pour seule vocation que de vous distraire, voire de vous rappeler
quelques mauvais souvenirs. La liste de ces clichés et évidemment loin
d'être exhaustive et les quelques exemples donnés sont issus de mon
expérience personnelle. Donc n'hésitez pas à partager vos clichés et à
nous donner d'autres exemples !

Par CouCou

 www.consolesyndrome.com