Note : Cet article est le "remaster" d'un post du 22/07/15, publié suite aux propos de Jim Ryan, président de SCEE, confirmant la continuation de la politique de titres remasterisés sur PS4.

Alors que l'on reprochait à la Wii U son manque d'oeuvres originales (voire d'oeuvres tout court), on constate aujourd'hui un phénomène semblable sur la dernière PlayStation, mais camouflé par la multiplication des titres "PS3 remastered". Après une septième génération caractérisable par l'annualisation des licences, la PS4 est-elle la console du "néoretrogaming" ?

Blockbusted

Le remake de titres de jeu vidéo n'est pas un phénomène nouveau. Ce qui l'est par contre, c'est le faible nombre de nouveautés AAA aux gameplay et aux directions artistiques originales. Le premier objectif d'un blockbuster n'est pas d'être une oeuvre artistique mais le plus rentable possible. Ainsi, le premier facteur à prendre en compte est la complexification technique liée à l'évolution des consoles qui a fait augmenter d'années en années le coût de conception d'un jeu AAA.

Un sou est un sou

Après la crise financière de 1929, les populations étasuniennes aux revenus les plus bas, tourmentées par la baisse de leur niveau de vie, trouvèrent refuge dans la consommation de jeux. Le Monopoly, pour ne citer que lui, fut un retentissant succès et peut être considéré comme un pionnier du jeu industrialisé pour les masses.

La crise financière de 2008 a de nouveau réduit le pouvoir d'achat de ces mêmes classes qui ne peuvent plus se permettre de gaspiller plusieurs dizaines d'euros en achetant un jeu qui pourraient les décevoir, c'est donc pour éviter ce risque que le grand public se tourne vers les marques qu'il connait déjà. Ceci peut en partie expliquer le succès des licences annualisées (Assassin's Creed, Pokémon, Call of Duty, FIFA/PES, etc).

Des nuages dans l'ensoleillement

Depuis quelques années et pour différentes raisons, Sony traverse une crise de rentabilité qui l'a poussé dans ses retranchements, la vente de l'un de ses principaux immeubles de Tokyo en 2013 (pour améliorer un bilan financier) en est un symbole. C'est seulement ce dernier trimestre que Sony a enfin pu présenter un bilan financier positif, notamment porté par les bons résultats de la division PlayStation, après plusieurs trimestres mitigés pendant lesquels ont été mises en place de lourdes opérations de restructuration (baisse des salaires, vente de certaines activités du groupe).

C'est dans cette ambiance de "sauvons des meubles" que l'on peut comprendre la logique de republication de jeux PS3 sur PS4 : les coûts de créations artistiques et d'innovations sont économisés tandis que les risques d'échecs sont amoindris puisque ces produits ont -plus ou moins- déjà fait leurs preuves auprès des joueurs PS3. Le dernier bilan financier démontre la participation efficace de cette politique éditoriale dans le chemin du redressement des comptes de la firme, il n'y a donc aucune raison que Sony l'arrête.

Retour dans le troisième monde

A l'image de l'industrie des blockbusters de cinéma qui a su produire des bénéfices records en exploitant des contenus éditoriaux de l'Âge d'Argent des bandes dessinées de super-héros (1956-1970), Sony pourrait être tenté de déterrer plus profondément les propriétés intellectuelles de l'Âge d'Or PlayStation : Aux alentours de la décennie 1996-2006.

De nombreuses publications pour PS2 et PSP ont déjà bénéficiés d'une remasterisation sur PS3 dans les collections "Classics HD" et "PSP remasters".

Shuhei Yoshida, président de Sony Computer Entertainment Worldwide studios, a récemment réexpliqué que la ressortie des jeux PS3 sur PS4 était dans "l'intérêt des joueurs" qui auparavant possédaient une Wii ou une Xbox 360 (des propos récemment confirmés par Jim Ryan). Il n'est donc pas impossible que le catalogue des succès de la PS2, voire PS1, puissent être réexploités sur PlayStation 4 dans "l'intérêt" des jeunes nouveaux joueurs... Mais aussi des anciens en surfant sur la fibre nostalgique, en témoigne l'extraordinaire engouement pour la future sortie du remake de Final Fantasy VII, publié pour la première fois en 1997 sur la première PlayStation.