Aujourd'hui, j'ai une envie irrésistible de partager avec vous mon amour pour "Vagabond". Ce manga fait partie d'une courte liste d'œuvres dont la première parution date de presque vingt ans et qui ne sont toujours pas terminées aujourd'hui. Tiré du roman "Musashi" de Eiji Yoshikawa, Vagabond est un manga de type Seinen et s'adresse donc à un publique plus mature que le traditionnel Shônen. Son créateur n'est autre que Takehiko Inoue, véritable virtuose du dessin reconnu dans le monde entier et mangaka très expérimenté.

"Vagabond" prend place en 1600, la bataille de Sekigahara vient de se terminer et le Shogun Tokugawa prend le pouvoir. Takezo Shinmen, jeune et fougueux combattant, fils d'un grand samurai, rentre chez lui, dans son village natal de Myamoto. Malheureusement pour lui, ayant déserté le village, il est rejeté immédiatement à son retour et pourchassé. Il va donc choisir de fuir et essayer de devenir le meilleur bretteur qui soit, sans rival. Pour ce faire, il choisit le pseudonyme de Myamoto Musashi(anagramme de son nom associé à son village) et commence un voyage initiatique où sa perception du monde et de lui-même va profondément changer.

Ce qui frappe d'entrée quand vous ouvrez le premier tome, c'est le dessin. Le Japon y est fidèlement retranscrit, avec des décors extrêmement détaillés. Inoue a fait un véritable travail de recherche pour que le lecteur découvre de manière réaliste cette époque, la culture du pays, les enjeux sociaux...  Dans la même lignée, chaque personnage bénéficie d'un soin extrême. Je ne crois pas avoir déjà lu un autre manga où les protagonistes sont aussi expressifs, où chaque coup de crayons donne vie aux différentes cases qui composent chaque tome. Certains combats sont absolument mémorables, avec une tension et un esthétisme presque poétique et hypnotique. C'est, selon moi, la grande force de cet œuvre, être capable de transmettre des émotions par le dessin et sans forcément intégrer beaucoup de lignes de dialogue. Vous vous surprendrez parfois à simplement contempler des chapitres entiers avec au final très peu de lecture. 

 

Evidemment, "Vagabond" n'est pas qu'un esthétisme, c'est aussi un voyage, celui de Takezo. Le personnage évolue énormément à mesure que l'histoire avance et chaque combat ou rencontre qu'il fera va l'amener à réfléchir, prendre conscience du monde qui l'entoure. De véritable bête sanguinaire, Takezo va peu à peu s'ouvrir au monde, à l'amour, l'art et apprécier la vie sous un angle inédit pour lui. Le récit est simplement captivant car à l'instar du dessin, il s'en dégage des émotions et une forme de poésie véritablement grisante. L'écriture des dialogues est à l'image du reste, très soignée et colle parfaitement à l'esprit du manga mais aussi au roman dont il est tiré. On pourra peut-être concéder que certains tomes, notamment les derniers, sont un ton en dessous les autres et peuvent parfois trainer en longueur. 

 

Au moment de conclure, je ne peux que vous dire de foncer tête baissé sur ce manga. Certes, il ne plaira probablement pas à tout le monde, l'œuvre étant tout de même assez mature, mais l'émotion que véhicule sa lecture mérite vraiment qu'on s'y attarde. Evidemment, j'ai pris le parti de ne pas trop développer l'histoire pour éviter tout gros spoiler, mais sachez que le tout est très riche.