Quelques jours avant la sortie de Driver San Francisco, retour sur une série bien connue des amateurs de course poursuite. Je ne traite ici que les versions consoles (PSOne et PS2 le cas échéant) de Driver, Driver 2, Driv3r, et enfin Driver Parallel Line.

Commençons cette rétrospective par Driver premier du nom. Sorti en 1998, le jeu fait le bonheur des amateurs de grosse cylindrées et d'action, puisqu'on y incarne Tanner, un policier infiltré dans la mafia, spécialisé dans la conduite musclée. C'est à travers quatre grandes villes américaines différentes que vous allez pourchasser... ou vous faire pourchasser, selon la situation. Il s'agit dans l'ordre de Miami, San Fransisco, Los Angeles, et enfin New York.

Driver premier du nom: indémodable?

Le principal leitmotiv de ce jeu, c'est la conduite. Vos voitures ont la fâcheuse tendance à déraper au moindre virage sec, on peut aussi s'amuser en trombe en faisant crisper les pneus. Rouler comme un voyou à travers les rues ou les ruelles va attirer l'attention des policiers. S'ensuit très régulièrement durant vos missions des courses poursuites entre vous et les forces de l'ordre. Pour les semer, les manœuvres les plus dangereuses sont nécessaires: rouler en sens inverse, slalomer entre les voitures, emprunter les ruelles; c'est tout un art de réussir les missions qui vont sont confiées. Pour le joueur, le gameplay offre un bon équilibre entre arcade et simulation. En effet, les vitesses atteintes ne sont pas extraordinaires, les collisions bien gérées, et l'IA est très motivée.

En matière de modes de jeux, il y a de quoi faire: les missions principales, les épreuves de conduites, la ballade libre... on retiendra l'excellentissime mode Survie, qui consiste (comme son nom l'indique) à survivre aux assauts de flics totalement enragés, extrêmement rapides et kamikazes. Mine de rien, ces différents modes de jeu sont très utiles. Il est important de connaître la ville, l'emprunt de raccourci permet de gagner du temps (les missions sont chronométrées) et il faut savoir résister aux assauts de vos adversaires; la difficulté dans ce jeu est très soutenue, le chronomètre et les objectifs demandés demandent pas mal de concentration.

Reste enfin à parler de l'aspect cinématographique du jeu. C'est dans ce jeu qu'apparait un éditeur de replay très sympathique, très utile pour qui veut revoir ses capacités de pilotage sous un angle particulier. Cet aspect "réalisateur de cinéma" se justifie par... le cinéma, justement, qui a gratifié les spectateurs de courses poursuites à couper le souffle, tel que la célèbre course poursuite de Bullit, avec Steve McQueen. Ce n'est pas un hasard si l'action du jeu se déroule dans les années '70. N'oublions pas, enfin, que le jeu nous gratifie de cinématiques qui sont du plus bel effet pour l'époque, de même que la BO.

Ce que l'on obtient au final, c'est un jeu très divertissant, offrant une bonne dose de challenge et qui a satisfait beaucoup d'amateurs de jeu de course.

 

Jusque là, Driver était parfait. Mais avec le succès, Driver ne pouvait pas rester sans suite. C'est pourtant en 2000, à partir de Driver 2 (sous-titré Back on the Street en Europe) que la toute récente série semble perdre un peu de son aura.

Vous comprenez ce que ça signifie d'avoir "la tête au carré" dans un jeu vidéo, désormais.

Mais ce n'est pas parce que la série a brusquement changé d'identité. Bien au contraire, il reprend tout ce qui fait le charme du premier épisode, en y apportant une nouveauté de première importance: la possibilité pour Tanner de sortir de sa voiture et de se balader là où bon lui semble. Conséquence: on peut "se servir" en montant dans une autre voiture. C'était l'un des rares reproches fait au premier épisode: être entouré de véhicules, mais avoir l'air bête car ne pouvant pas s'en servir.

L'autre charme de Driver 2, c'est aussi les villes que l'on explore. On peut en effet sortir des États-Unis (avec Chicago et Las Vegas) et aller se balader à La Havane et Rio de Janeiro. Un changement de paysages qui fait le plus grand bien. En outre, les villes sont mieux construites, car elles ne proposent plus systématiquement des virages à angle droit. C'est tout de même une petite nouveauté très agréable, les villes du premier Driver donnent trop l'impression d'être tracées à la règle.

On retrouve également les modes de jeu du premier opus, dont le mode Survie qu'on affectionne tant! Dans le mode histoire, nous retrouvons Tanner et son fidèle ami Tobias Jones, tentant d'arrêter Jericho.

Soyons clair : le principal reproche que l'on peut faire au jeu, c'est sur le plan de la technique. Comportant certains bugs, défauts d'affichage et étant trop sujet aux ralentissement (sur PSOne en tout cas), le jeu n'est pas aussi fiable que son ainé. Pas spécialement plus jouable, ni meilleur techniquement, pas forcément plus long à finir, il n'empêche que Driver 2 reste un bon opus dans l'univers des Driver. Malgré quelques défaillances techniques, le jeu a au moins le mérite de ne pas être hors sujet...

 

... contrairement à Driv3r (comprendre: Driver 3), probablement l'épisode le plus contesté de la série. Il est sorti à une époque (2004) où les GTA cartonnaient (San Andreas sortira à la fin de cette année). La tentation pour les développeurs était irrésistible: rapprocher Driver de son rival, Grand Theft Auto.

Après le "Shoote dans l'bébé" voici "Shoote dans l'bâtiment!".

Hélas, les développeurs ont eu la fausse bonne idée d'intégrer l'utilisation des armes dans ce jeu. Même si certains apprécieront l'idée, il ne faut pas oublier que Tanner, c'est avant tout un pilote, pas quelqu'un qui peut se permettre de shooter sur d'innocentes personnes. L'influence GTA se fait fortement sentir, comme en atteste la chasse aux Timmy. Ceux qui ont joué à Driv3r doivent savoir de quoi je parle...

Le jeu dispose tout de même de qualités intéressantes, à commencer par les trois nouvelles villes à explorer. Si les fans de Driver connaissent bien Miami (ici dans une version revue et corrigée) on apprécie la bonne bouffée d'air frais qu'ont apportées les villes de Nice et Istanbul. C'est un réel plaisir de rouler à fond les ballons sur la Baie des Anges ou près de Sainte-Sophie. Dans l'ensemble, les villes sont bien construites et assez agréables à parcourir, la physique des voitures est encore assez proche des premiers épisodes. Cerise sur le gâteau, on peut désormais conduire des motos et des bateaux, mais ces véhicules ne sont pas très passionnants à conduire. Mais dès qu'il s'agit de quitter votre véhicule, c'est là où on se rends compte que le jeu manque cruellement de finition. La maniabilité de Tanner est problématique, l'utilisation des armes l'est tout autant. L'IA n'arrange rien, elle est très défectueuse.

Ce constat tombe mal, car très souvent durant vos missions, il va falloir changer de véhicules et abattre les voyous. Le rythme des missions s'en retrouvent alors affecté : généralement, une mission dans Driv3r se construit sur le schéma suivant : rejoindre le lieu de la mission, dégommer les méchants (si possible, étant donné la maniabilité très approximative et la physique particulière des armes), et fuir. Même si il y a des variantes, ça n'aide pas à faire une bonne opinion sur le déroulement du jeu. Reste que les développeurs ont eu le bon goût de garder la plupart des modes de jeu qui ont fait le succès des épisodes précédents. Mais comment apprécier pleinement les modes de jeux offerts lorsque la réalisation ne suit pas?

C'est là le principal couac de Driv3r : il donne l'impression d'un jeu pas fini et bâclé. Bugs en tout genre, IA déplorable, cet épisode est le vilain petit canard de la famille. Très désagréable à jouer, pas forcément à découvrir.

 

Après cet échec, il fallait revenir sur le droit chemin, sans pour autant abandonner les nouveautés apportées par Driv3r. Dans ces circonstances sort Driver Parallel Lines en 2006. Fini le Tanner "manche à balai" du dernier épisode, qui visiblement avait besoin d'un peu de repos. Le héros, c'est The Kid (TK) petite frappe qui pilote aussi facilement qu'il respire. Se déroulant à la fin des 70' et en 2006 dans la seconde partie du jeu, ce Driver nous fait découvrir New York durant deux périodes différentes.

Le Kid a la classe. L'état de sa voiture, un peu moins.

Bon, rien d'exceptionnel côté scénario, mais c'est pour justifier la principale force du titre: jouer dans la même ville (New York) dans deux époques différentes. Hélas, mis à part les textures et les véhicules qui circulent dans la rue, on ne voit pas vraiment la différence entre les deux villes. Le New York du futur ressemble beaucoup trop au New York du passé, et vice versa.

En terme de gameplay, on reconnaît la conduite "à la Driver". Les pneus crissent, la voiture dérape, dans le plus pur style Driver. Les missions sont plus centrées sur la conduite, c'est indéniable; pourtant, tout porte à croire que les développeurs veulent s'inspirer désespérément de GTA. A en juger par la capacité du Kid à se servir de ses armes pendant qu'il pilote, ce qui fait un peu tâche par rapport aux anciens épisodes, dans lesquels il fallait provoquer des collisions.

En parlant de GTA, ce Driver s'en inspire fortement, puisqu'on évolue dans un monde libre. C'est à nous de nous déplacer sur la carte pour trouver les missions principales ou les épreuves bonus. Il y a un peu de tout: course poursuite, fuite, contre la montre, etc... Mais malheureusement, cet aspect "je vais où je veux, je fais ce que je veux" n'est pas aussi bien restitué que dans GTA.

Il est est presque fini, du temps où il fallait se taper de longues missions à abattre de malheureux pantins. C'est en fin de compte réjouissant de voir que la meilleure arme du Kid, c'est sa capacité à piloter. Mais attention : il y a tout de même des missions (heureusement très peu nombreuses) où il va falloir jouer au shériff. Et, si le gameplay durant les phases à pied ont été simplifiées, il n'en demeure pas moins perfectible. Les évolutions n'ont donc pas spécialement fait oublier les défauts du troisième opus.

Techniquement, le jeu s'en sort bien. La ville de New York est la plus grande qu'on puisse parcourir dans un Driver, mais manque peut-être un peu de charme. Les graphismes sont dans la moyenne, de même que la réalisation des voitures. Rien de révolutionnaire quoi, on s'attendait à un peu mieux, surtout en ce qui concerne la différenciation entre les deux époques.

Il y a tout de même des nouveautés qui méritent d'être signalées: conserver ses voitures dans un garage, les personnaliser... la méthode pour échapper aux flics a également été revue. Reste à parler du soin apporté aux musiques et aux cinématiques, comme souvent de bonne facture.

Il est tout de même dommage de devoir se cantonner à une seule ville. Les précédents Driver ont prouvé qu'offrir plusieurs décors aux courses poursuites permet de varier les plaisirs. Mais ne nous arrêtons pas à ça : Driver Parallel Lines a fait son boulot : faire oublier le désastre qu'a été Driv3r. Mais de là à plaire aux fans des premiers épisodes, c'est un peu juste.

 

Plaire aux fans : telle sera la mission franchement ardue de Driver San Fransisco, sur le point de sortir. Ubi Soft semble nous faire comprendre que cet épisode est un retour aux sources. Tanner est de retour, et pacifique en plus, car il n'a plus d'armes. Mais pour éviter d'avoir affaire à une sorte de remake HD du premier épisode, il fallait innover. L'innovation à un nom : le Shift. Ce trip bizarre permet à Tanner de se retrouver au volant d'un véhicule qui l'entoure. Fini les phases à pied, donc.

Ajoutez une version vaste de San Francisco, des voitures désormais sous licence, et quelques pouvoirs (turbo et coup de bélier) et on a peut-être le Driver qui va satisfaire tout le monde. A moins qu'il n'ai plus grand chose à voir avec un Driver, mais ça, c'est à vous de voir.