Si aujourd'hui la grande majorité de mon temps de loisir se partage entre deux passions, les jeux-vidéo et les séries télévisées, une passion a toujours une origine. Si celle pour le jeu vidéo est plus floue dans ma mémoire et n'est peut être pas très clairement reliée a un seul et unique titre, celle qui me lie à la série télévisée est beaucoup plus nette. Elle a commencée un dimanche soir sur M6, pour la diffusion du pilote de Code Quantum. Le dimanche 19 septembre 1993 pour être exact. Retour sur une série qui aura fait bien plus que marquer ma jeunesse...

Une diffusion tardive

A l'air du web 2.0, suivre une série pour nous sérievores est devenu si facile qu'on n'est plus obligé d'attendre qu'un diffuseur français se décide à programmer l'œuvre sur ses ondes ; mais au début des années 90 ce n'était pas encore le cas. La première diffusion de Code Quantum sur M6 est donc arrivée lorsque celle-ci venait de livrer son épilogue quelques mois plus tôt sur NBC. C'est après 5 saisons de bons et loyaux services sur la chaine américaine (la série s'arrêtera brutalement en mai 1993 malgré une critique ditirambique, mais j'y reviendrai plus tard), qu'M6 se décide d'acheter les droits de ce qui était déjà devenu une série culte au pays de l'oncle Sam (rien à voir avec Sam Beckett, fils unique).

Jusqu'à cette date, je dois bien l'avouer, aucune série ne m'avait vraiment donné l'envie de suivre assidument au point de toujours faire en sorte d'être au rendez-vous devant la télévision ou de programmer le magnétoscope (mais si souvenez-vous, le gros truc avec des cassettes énormes) en cas d'empêchement. Bien évidemment, comme tout gamin issu de la génération 80, j'étais au rendez vous des Olive et Tom, Chevaliers du zodiaque et autre DBZ, mais pour moi les « animés » ne sont pas à mettre dans le même sac que les séries. Du coup, ma consommation de serie se résumait a du snack, un épisode de MacGyver par si, un épisode de l'agence tout risque par la... Puis vint Code Quantum !

Une histoire accrocheuse

Refermons la parenthèse « mavie.com », et attachons nous maintenant a mettre en lumière le thème du blog : l'histoire ! Code Quantum est une serie de Donald P.Belissario (Galactica, Magnum, Supercopter, JAG, NCIS...), qui met en scène le Docteur Samuel Beckett (Scott Bakula), scientifique de génie travaillant sur une expérience temporelle top secret dans le désert du Nouveau Mexique : le projet Code Quantum (Quantum Leap en VO).  Pressé de fournir des preuves du fonctionnement de son accélérateur temporel au gouvernement américain qui s'impatiente et le menace de lui couper les vivres, Sam Beckett décide contre l'avis général de tester son prototype non abouti.  Suite à un problème technique d'origine inconnue, l'esprit du docteur Beckett se retrouve « transmuté » dans le corps d'inconnus  sans la moindre idée de qui il est, ou pourquoi il est là, d'autant plus qu'il a perdu la mémoire. Condamné à errer dans le temps entre l'année de sa naissance (1953) et le présent, c'est avec l'aide de l'amiral Albert Calavicci dit « Al » (Dean Stockwell), qui lui apparait sous forme d'hologramme et qu'il est le seul à pouvoir voir (a quelques exceptions près), qu'il va tenter de comprendre pourquoi il est la : résoudre les erreurs du passé. Le passé corrigé, Sam est de nouveau transmuté dans le corps d'une personne avec comme seule aide celle d'Al, (guidé par Ziggy, l'ordinateur hybride créé par Sam Beckett), espérant à chaque fois que le prochain saut dans le temps le ramènera chez lui.

Le concept original de la serie lui a permis de revisiter 30 ans de l'histoire américaine, mais aussi de multiplier les possibilités de mise en scène. En effet, Samuel Beckett pouvant être transmuté dans le corps de n'importe qui avec comme seule limite sa date de naissance et la date de son premier sot dans le temps (plutôt pratique comme concept, cela permet d'avoir un Scott Bakula toujours « crédible » et jamais en décalage avec la période temporelle, mais aussi de limité le budget de la serie), les épisodes peuvent tantôt pencher vers le film noir, comme vers le film de guerre, ou encore la comédie musicale en passant par le film sportif. Passant les périodes historiques dans le désordre, Code Quantum avait dès le début le souhait de repousser les limites d'une série classique, en prenant comme toile de fond les émeutes historiques, les luttes raciales, la guerre du Vietnam, la lutte pour les radios libres, l'immigration américaine, ou encore les indiens dans l'Amérique « moderne » (liste non exhaustive). A chaque fois dans un souci de dénoncer l'absurdité des situations, voir même, ne mâchons pas nos mots, « d'éduquer » le public de la série.

Un duo tout simplement parfait!

Acteur peu connu au moment de passer le casting de Code Quantum, Scott Bakula fit tout de suite l'unanimité. Donald P.Bellisario raconte : « Scott Bakula est venu aux auditions. Je ne le connaissais pas du tout. C'était un acteur de théâtre et de comédies musicales, qui avait été nommé aux Tony Awards. Quand il a eu terminé son essai, j'ai dit à mon équipe : c'est le gars qu'il nous faut ! ». Force est de constater que le créateur de Code Quantum avait vu juste puisque 4 ans plus tard, Scott Bakula décroche le Golden Globe du meilleur acteur de série dramatique. Près de 100 personnages différents, la palette d'acteur de Bakula lui permet de jouer aussi bien des rôles de chanteur d'opéra, de femme, de trisomique ou encore même de chimpanzé. La série Code Quantum lui a ouvert énormément de portes puisqu'il est également connu aujourd'hui pour son rôle dans Star Trek Enterprise ou encore Men of Certain Age (sans parler de ses apparitions dans Chuck). Ses multiples talents lui ont même permis de réaliser trois épisodes de Code Quantum lors des deux dernières saisons.

Dean Stockwell de son coté bénéficiait d'une solide réputation au moment du casting. Ayant joué dans un grand nombre de séries (entre autre La 4ème dimension, Mission impossible ou encore Columbo) il a également joué dans Dune pour ne citer que celui-ci. Né à Hollywood (qui a dit prédestiné ?), Dean Stockwell est un enfant star qui a commencé sa carrière d'acteur à l'âge de 7 ans où il joue dans une comédie musicale aux cotés de Franck Sinatra, excusez du peu... Contrairement à la grande majorité des enfants stars, sa carrière ne connaitra pas de creux, et après avoir joué avec Errol Flynn à l'âge de 14 ans, il recevra même deux prix d'interprétation à Cannes à l'âge de 23 et 26 ans. Autant dire que si on y ajoute une nomination aux oscars pour le meilleur second rôle dans « Veuve mais pas trop » en 1988, Dean Stockwell arrive au casting de Code Quantum avec un sacré CV... Donald P.Bellisario raconte : « Il est venu aux auditions, ce qui m'a un peu surpris, car, les auditons sont toujours une épreuve difficile pour les acteurs de sa réputation. Il était parfait pour le rôle. J'ai appris plus tard ce qui le motivait autant. C'était un rôle rêvé pour lui, car il a eu deux enfants autour de la cinquantaine. Avec Code Quantum, il pourrait travailler trois jours par semaine, gagner un peu d'argent et passer le reste du temps avec eux. » Le rôle de Al Calavicci ne mettra pas longtemps à être remarqué puisque dès 1990 il décroche le Golden Globes du meilleur acteur de second rôle dans une série dramatique. Acteur incroyablement complet, Stockwell est aussi exceptionnel dans le registre comique que dans le registre dramatique, le role de Al, personnage dynamique recordman en nombre de mariage mais ayant sa part de démon, lui va donc comme un gant.

L'alchimie entre les deux acteurs fonctionne tout de suite, aussi bien devant que derrière les cameras, ce qui rend d'autant plus crédible leur relation dans la série : Al étant le dernier lien qui relie Sam a « sa réalité » et surtout son meilleur ami depuis des années. Il n'y a pas de secret, lorsque l'on met deux très bons acteurs l'un avec l'autre et qu'en plus le courant passe humainement, cela se ressent en tant que spectateur, et la relation proche des deux personnages n'en est que plus crédible.

Une fin prématurée

Si Code Quantum eut un succès critique très rapidement, les audiences de la série qui tournait aux alentours de 18 à 20% de parts de marché n'étaient pas satisfaisantes pour la chaine. Il faut remettre les choses dans leur contexte, si aujourd'hui avec la multiplication de chaines du câble aux Etats-Unis un tel chiffre fait rêver la moindre chaine, au début des années 90 cette statistique ne place la série qu'à la 42ème place en termes d'audience. Ciblant avant tout la tranche d'âge des 18-49, Code Quantum finira tout de même par atteindre la 4ème place dans cette catégorie en faisant une cible de choix pour les annonceurs.

Cependant au moment de financer la cinquième saison, NBC demande à Bellisario de revoir sa copie pour faire en sorte de rehausser les audiences, lui demandant de faire en sorte que Samuel Beckett rencontre plus de personnages historiques de l'histoire américaine (Marylin Monroe, Lee Harvey Oswald entre autre). La chaine lui demande également que sa série marche un peu plus sur les plates bandes de la science fiction pure pour contrer le succès de séries comme « Star trek, la nouvelle génération ». Si Bellisario s'exécute, à mon sens à tors tant cette dernière saison me semble en dessous du niveau des autres, entre autre a cause d'un coté science fiction trop poussé et rapiécé, les audiences ne semblent toujours pas convaincantes et en cours de saison NBC prévient le scénariste que cette cinquième saison sera surement la dernière et de prévoir le coup dans son épisode final. Jonglant entre le fait de devoir faire un potentiel épilogue convenable mais avec une fin suffisamment ouverte en cas de reconduction, Belissario apprendra quelques semaines plus tard par voie de presse, l'arrêt de la série après 96 épisodes et un épisode final qui fait encore aujourd'hui parti de mon top 3 des plus beaux finishs de série de l'histoire. Sam et Al tirent donc leur révérence après 5 ans de bons et loyaux services, dans une série qui aura révolutionné le genre par sa variété à tous les niveaux...

Outre le fait que Code Quantum est LA série qui m'a donné pour la première fois envie de suivre assidument une série, elle est avant tout une référence télévisuelle. Un concept original surfant sur le succès de Retour vers le futur, un duo d'acteur jouant à la perfection, une palette de situation, de lieu et de genre rarement atteint dans une série, elle est un incontournable pour tout fan de science fiction et sérievore qui se respecte. Certes, visuellement la sérié a pris un coup de vieux puisqu'elle accuse plus de 20 ans au compteur, mais qu'importe... Code Quantum est comme un vieux jeu, pour peu qu'il soit bon, et nostalgie mise à part, peu importe la qualité des graphismes. Comme dirait l'autre: Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse...