Les évènements tragiques que je m'apprête à décrire se sont
déroulés il y a déjà quelques jours. Cependant, il m'aura fallu  une certaine période d'acceptation et de
réflexion avant de pouvoir vous les raconter.  Ainsi, le jeudi 28 avril 2011 restera à jamais
le jour de la fin prématurée de ma chère télévision, instrument privilégié de
mes loisirs, dont l'écran reste depuis désespérément noir.

Ce jeudi là, je rentrais chez moi dans un état d'ébriété certain
après une dégustation de houblon fermenté avec un ami, qui fût d'ailleurs le
partenaire de mes premières nuits blanches vidéoludiques avant d'être celui des
mes nuits de saoulerie. L'esprit embrumé mais guilleret, je me dirigeais donc
vers mon appartement avec un empressement d'autant plus important que je
transportais avec moi le dernier Mortal Kombat, que je comptais bien introduire
amoureusement dans le lecteur DVD de ma X360 dès mon arrivée. Prévenant par
message texte mon colocataire de mon arrivée imminente avec le jeu suscité, je
lui conseillais de faire chauffer à la fois la télévision et son fessier que je
n'allais pas manquer de rosser vertement, à grands coups de Fatalités bien
senties.

C'est en lui recommandant les meilleurs marques de
lubrifiants à usage anal que je faisais une entrée triomphante dans l'appartement,
avec les yeux vibrants de l'excitation du guerrier et les mains tendues du
joueur confirmé (quoique qu'également légèrement tremblantes sous l'effet de la
déshydratation alcoolique). C'est à cet instant précis que le drame me fût
révélé. Avec le regard d'un enfant dont on enlève le jouet en riant juste après
lui avoir offert, mon futur adversaire prononçait la phrase fatidique : "Mec,
je crois qu'il y a un problème avec la télé".

Après les quelques secondes qui me furent nécessaires pour
empêcher mon estomac de renvoyer ma planche de charcuterie du soir sur le mur
de l'entrée, je courrais vers la télécommande pour constater que mon cher écran
plat n'affichait effectivement plus rien qu'une diode bleue rappelant que
malgré l'absence d'image,  il était bien
allumé. Mon premier reflexe fut alors d'observer la carcasse de la chose de
plus prêt. C'est lors de cette inspection que me titilla soudain les narines cette
odeur caractéristique de composant grillé (doux mélange de poil pubien brûlé et
de plastique en feu) qui m'indiquait que le problème ne venait pas d'un simple
mauvais branchement. Après avoir tenté de débrancher et rebrancher l'alimentation,
sans succès évidemment, je m'en allais me coucher dépité d'avoir perdu à la
fois une de mes occupations principales et une occasion de rappeler à mon colocataire
à quel point la pénétration anale vidéoludique répétée pouvait être
douloureuse.

Bizarrement, j'y pensais peu le lendemain matin, peut-être
par un détachement du monde matériel tout bouddhique qui grandissait en moins ou
plus probablement par le contrecoup de l'ingurgitation répétée de bière à
laquelle mon colocataire et moi avons procédé pour nous consoler. Ce bien sûr
au détriment du repos que nos corps fatigués réclamaient. De même, mon weekend
fut principalement occupé à l'élimination systématique des peu de neurones
valides me restant et la pensée de ma défunte télévision s'éloignait. Même le
dimanche cette image me fût épargnée car, agonisant dans mon lit, je me
contentais pour mon loisir de l'écran de mon ordinateur personnel.

Mais, ce répit émotionnel ne devait pas durer bien
longtemps. En rentrant hier  d'une
harassante journée de labeur, la prise de conscience de l'absence de tout divertissement
télévisuel disponible me heurta de plein fouet et avec une violence
incommensurable. J'allais devoir partager un repas entier avec mon colocataire
et ami sans aucun autre vecteur de discussion que nos expériences de la journée
et sans émission abrutissante pour combler les vides de conversation. C'est
donc la peur au ventre que je préparais nos deux côtes de porc poêlées,
accompagnées d'une fricassée de champignons de Paris et d'une salade de mâche
nantaise, fort rafraichissante en ce mois d'avril particulièrement chaud.

C'est après avoir servi nos deux assiettes et après avoir
entamé la dégustation de cet appétissant repas que le miracle se produisit.
Nous engageâmes une discussion animée, intéressante et distrayante, partageant
avec humour nos différentes frasques du weekend passé. Je me rendais alors compte
du caractère terriblement superflu de la télévision et ma peine quant à sa
perte en fut profondément allégée. Pourtant, la frustration de ne pas pouvoir
allumer ma console de jeu reste vivace et je suis depuis déchiré entre ces deux
sentiments opposés.

Que dois-je donc faire ? Apprendre à vivre sans cet
instrument qui finalement accélère la mort de la communication entre être
humains ? Tenter la réparation de la dernière chance et revenir à ma
routine quotidienne qui suffisait amplement à mon bonheur ? Ou bien
acheter une nouvelle télévision LED, plus grande, avec plus de contraste et une
meilleure résolution pour profiter d'une expérience visuelle encore plus impressionnante
et qui flatterait à la fois mon ego de gamer et mon ego d'hôte présentant son
nouveau joujou à ses invités ?

Je ne sais plus et vous demande donc, par vos salvateurs
commentaires de me venir en aide dans ma quête de réponses !

Merci,

Arthur

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