Je suis un peu comme ça moi. Dans le perfectionnisme ou le jusqu'au-boutisme. Je ne peux pas m'empêcher de gratter les parois rugueuses et pixellisées d'un jeu vidéo pour qu'il me délivre tous ses secrets.

Aussi loin que je me souvienne, j'ai dû commencer à être comme ça avec Pokemon Rouge. La collection fait parti du gameplay du jeu : Plus on as de petites bêtes, plus on peut exploiter les faiblesses du pokemon adverse. Au final, j'avais 151 pokemon. J'étais heureux. Et comme j'avais des amis pour y jouer, je pouvais montrer ma vitrine avec ostentation. Si je fais un parallèle avec le dernier en date, la version blanche exactement, je l'avais prise avec un ami, là encore pour m'amuser. J'ai fini l'histoire et j'ai arrêté d'y jouer. Alors, entre temps, moult jeux m'ont donné le virus mais, rarement me permettant de clore complètement ma partie.

Pourtant, j'ai continué d'avoir cette attitude vis-à-vis du jeu vidéo. Pas tellement parce que je suis un gros bill qui veut faire péter son skill, (j'étais mauvais à CS 1.6) mais plutôt parce que je connais le plaisir d'exploitation d'un software. Un RPG pour moi, devait tout simplement être retourné pour être apprécié. Je voulais savoir jusqu'où les développeurs étaient allé, un peu comme pour me rassurer que tous les éléments été présent dans la galette et ne pas avoir la surprise de me voir refuser le niveau 100 d'une compétence ou l'objet ultime que les développeurs auraient oublié d'intégrer. Pour les Zelda-like, même principe, je voulais savoir, tout posséder et tout voir. Que l'aventure soit complète. Pareil pour un bon nombre de genres, même les jeux de combat.

J'en  viens à écrire cet article pour une bonne raison car aujourd'hui, je n'ai plus le loisir et peut-être plus l'envie de succomber au dit syndrome. C'est un tournant dans ma vie de gamer. Et je pense qu'il faut pointer un fait de notre divertissement actuel et qui biaise forcement un peu mon plaisir : les trophées, succès ou encore achievements pour les plus anglophones d'entre nous. Par cette invention, j'ai l'impression que la découverte et l'exploitation de mon jeu s'en retrouve amoindri. Même tronqué. J'ai l'impression qu'on me donne ce challenge qu'auparavant je prenais l'initiative de chercher moi-même. Un peu comme si un bras tendu me servait mon jeu sur un plateau ou comme si une enfant de 15 ans me tenait la jambe en me racontant sans interruption comment je devrais procéder. Frustrant non ? Alors, bien sûr j'ai joué le jeu au début, comme tout le monde. Au début. Maintenant j'essaye d'y faire abstraction car, le moindre de mes faits et gestes et propos à un trophée qu'on m'indique clairement à l'écran. Avec un son anti immersif ! Bref.

Hier j'ai fini Skyrim. Je me suis aperçu d'un truc bien finalement. Je n'ai pas tous les succès. Mais par contre, j'ai parcouru le jeu, j'ai fait les quêtes dont je voulais, j'ai cherché les cachettes, des recoins inattendus qui m'ont fait repenser à ce bon vieux syndrome. Et rien que pour ça, je remercie Bethesda.

Pour conclure, je n'ai plus le syndrome 100 %. Il reviendra sûrement de temps en temps, pour me rappeler comment j'en suis arrivé là. Et je lui dirais merci à lui aussi. Désormais, j'ai le syndrome du Thé : Dès la première gorgée, je voyage. Je déguste. Puis, quand son eau tiédit, je le finis d'un trait sans aucun regret. Tout en regardant le fond de la tasse, je me dis qu'il était vraiment bon comme ça.