Un nouveau rendez-vous que je risque de réitérer à l'avenir : la critique cinéma. Je suis loin d'être un fin spécialiste avec moult références sur le genre mais c'est avec plaisir que je vous proposerai cette rubrique cinéphile.

C’est le premier film que je vois de Jia Zhang Ke, ce réalisateur chinois qui monte depuis plus de 10 ans. Considéré désormais comme un habitué des festivals européens et surtout du festival de Cannes, il rend visite à la France une première fois en 2002 avec son film Plaisirs Inconnus. Depuis lors, il réitère régulièrement sa participation avec 24 City en 2008 puis I Wish I Knew en 2011 et très récemment, remporte le prix du meilleur scénario avec A Touch of Sin.

Ce film est basé sur une composition du scénario à travers quatre individus, nous donnant à voir la peinture protéiforme d’une Chine qui subit le libéralisme, la mondialisation accélérée d’une population qui essaie de s’en sortir. Ce n’est pas sans tendresse que je vais vous expliquer ce qui fait les qualités de ce film.

A Touch of Sin impose déjà une photographie sublime dès les premiers plans. L’exemple frappant du camion de tomates renversé sur une route de montagne, un homme sur un scooter jouant avec l’une d’elle en la faisant sauter dans sa main sur le même champ. Un esthétisme que j’apprécie particulièrement et qu’on retrouve beaucoup dans le cinéma coréen d’aujourd’hui. On peut penser notamment  aux films de Hong-jin Na et notamment à The Murderer qui compose des plans urbains d’un bien beau calibre.

Une autre qualité du film est de verser énormément dans le symbolisme des situations. Chaque histoire s’entremêle par le biais de ses protagonistes qui se rencontre au détour d’une rue, d’un endroit commun et diluent la présence d’indices visuels qui donne une très bonne lecture du scénario. Et c’est justement pour ça que j’invoque le cinéma de Na, puisque l’empreinte de l’urbanisme est partout. Souvent représenté comme des montagnes au loin, les buildings imposent leur vue dans le paysage chinois.

La composition musicale, presque inexistante, apporte son lot d’expressions dans les moments forts et partage l’affiche avec le silence de certaines situations sublimant la beauté d’un instant. Tout parait avoir un sens et c’est ce qui donne cette très belle impression de pouvoir tricoter le film au fur et à mesure sans se perdre dans un noeud scénaristique. On pourra par contre regretter au récit de s’étirer sur la seconde partie du film avec un soin apporté à la psychologie des personnages et des situations moins percutantes qu’au début du film. Et pour autant, croyez moi, elles valent le détour.

Une image m’a aussi beaucoup touché dans ce film, et je finirai par ce point, c’est la métaphore que donne à voir Zhang Ke entre l’humain et l’animal. Cette « touche de péché » qui transforme l’état d’être humain en une chose brutale. Si l’homme, dans sa profonde détresse ne laisserai pas parler la bête qui est en lui pour trouver une échappatoire à une vie de misère.

Je suis reparti le coeur lourd de la salle de cinéma mais c’est définitivement un beau film que compose Jia Zhang Ke sur la rupture sociale, la violence du quotidien qui parfois laisse éclater l’irréparable. Et c’est avec plaisir que je vais désormais suivre son avancé dans le monde du cinéma.