Artwork réalisé par Steelfreemc

Cet article fait suite à une première partie partie visible ici : Partie 1

 

 

Samedi 3 août 1996.

La fin de semaine fut longue. Le jeu était sorti le jeudi 1er août et il me fallait aller à Micromania et je ne pouvais pas avant ce samedi-là. A cette époque, je jouais tout le temps avec un pote, il n'avait pas pu venir avec moi mais lorsque je suis arrivé chez lui en héros avec la boîte du jeu sous le bras, il s'est installé comme une atmosphère presque religieuse. On l'avait tellement attendu et il était là. 

Il faut savoir qu'à l'époque, on sortait tout juste du carcan des jeux 2D. Ce qui aujourd'hui apparaît comme une bouillie de pixels était à l'époque somptueux.

Et là tout va très vite. Mon pote me presse car il doit partir accompagner son beauf pour son entraînement de running et il veut vite voir le jeu tourner avant de partir. On enfourne le CD, le jeu se lance, on apprécie... Puis vient cette intro supra kitsch. Mais on est tellement excités qu'on ne relève même pas le niveau de ringardise des acteurs lol

On a peine le temps de passer le 1er zombie, vous savez la scène cultissime : 

que déjà mon pote doit partir. Faut quand même savoir que je suis chez lui, et il doit partir. Vais-je l'attendre, patienter pendant qu'il n'est pas là ? Nooooon, bien sûr que non 

Bon, rien de dramatique, j'étais tellement absorbé que je crois que quand il était revenu, je n'avais pas passé les chiens encore lol Et puis cette scène avait été spoilée dans la vidéo promo, donc je n'ai jamais vraiment été surpris par cette scène pourtant anthologique.

Mon pote étant là et bien là, nous pouvions entamer la plus longue session JV de notre vie, un peu forcés, il faut bien l'admettre, vous allez comprendre pourquoi.

On savait qu'en attaquant à jouer à 18h, on en aurait pour la nuit certainement. On avait de la chance, sa mère était très permissive et on ne serait sûrement pas dérangés pendant notre run.

Le gros problème apparut assez tôt finalement, lorsque l'on trouva les premiers rubans machines. Force était de constater que sans carte mémoire, il serait compliqué de sauvegarder !

Et en fin de compte, je crois que cet handicap nous a permis d'encore plus apprécier le jeu, car nous étions vraiment sous pression, la moindre erreur et c'était le game over, brutal et  sans appel. Pas de sauvegarde 3 écrans plus tôt pour retenter sa chance.

Ce fut éprouvant nerveusement. D'autant que si nous jouions tout le temps ensemble avec mon pote, sur les jeux solo, il n'y a que moi qui jouait, il préférait regarder. Je traînais une pression monstre sur mon dos.

Au collège, une connaissance à nous avait pu acheter le jeu le jour de la sortie et nous avait spoilé sur quelques points du jeu avant que l'on eu le temps de le faire taire lol Il nous avait notamment parlé de "petits nains verts" quand on reviendrait dans le manoir.

Des petits nains verts ?? What the fuck ?

Pas impressionés plus que ça, lorsque l'on revint au manoir après avoir terrassé la plante 42, nous étions impatients de voir à quoi ressemblerait ces bestioles. Et, après une cut scene effroyable, nous sommes tombés sur ça :

Des nains verts quoi ! Rien à voir bordel.

Evidemment, les hunters furent la cause de notre 2e mort (la 1ère arriva pendant le combat contre la plante 42, car on avait essayé de la combattre sans appliquer le produit chimique sur ses racines). 

Les runs s'enchaînaient, le temps défilait et nous ne nous arrêtions que brièvement pour manger. Mais alors que le temps passait dangereusement, nous arrivions au dimanche 18h. Et il était l'heure de partir car nous avions une réunion à notre club de natation pour la reprise de la saison fin août. Vu notre avancement dans le jeu (nous étions juste avant de resortir du manoir et d'aller dans les galeries), il était hors de question de quitter.

On laissa alors la console en pause, en priant qu'il n'y ai pas de coupure d'électricité...

Quatres heures plus tard, on revint, fébriles au moment d'entrer dans la chambre : la console tournait toujours, ouf !

On put continuer la partie, mais comble d'ironie, après 10 minutes de jeu, à peine entrés dans les galeries (vous savez derrière la cascade), nous nous sommes fait expédier ad patres par le premier hunter... tout ça pour ça !

Cette dernière mort fut assez éprouvante nerveusement et je me souviens que nous avons été à deux doigts d'arrêter, la fatigue se faisant sentir. Mais pris d'orgueil, après s'être remobilisés, on relança une 5e partie !

Le 5e run fut le bon et nous parvînmes enfin à la fin du jeu. Enfin la fin du jeu, pas tout à fait...

On avait atteint le labo, celle où l'on rencontre Tyran dans sa capsule. On sentait évidemment la fin approcher et le combat de boss, nous nous étions préparés prsychologiquement. Mais pas logistiquement.

artwork réalisé par mr-boom

Je m'en souviens encore parfaitement. Le nombre de munitions exact que nous avions avant d'attaquer ce combat : 90 balles de beretta, 8 cartouches de fusil, 5 balles de magnum et 3 cartouches acides de bazooka. 

Mais cela n'aura pas suffit, et nous sommes restés près d'une heure je crois bien à tenter de le finir au couteau, sans succès...

Quelle frustration à ce moment-là, devoir éteindre alors que l'on est à la fin, si proche du but, après une si longue session. J'ai fini par mettre pause, dépité, et nous avons bien du restés 3 minutes sans parler, peinant à trouver le courage d'éteindre la console.

Nous étions lundi 5 août, 15h.

 Allait-on recommencer une 6e fois ? Echouer si près du but alors qu'en fin de compte ce n'était qu'en raison d'une donnée que nous ne maîtrisions pas, donnait un arrière-goût amer en bouche. Mais recommencer encore, sans carte mémoire, après 41h de jeu quasi non stop, non décidément ce n'était pas nos cordes. J'éteignis la console.

... n'est que le prélude à un autre.

C'est une phrase qui sera reprise pour la promo de Resident Evil 2 deux ans plus tard.

Mais nous, c'est bien avant que nous allions remettre ça. Dès le lendemain, nous sommes allés acheter une carte mémoire. Et autant vous dire que le jeu nous a paru de suite beaucoup moins titanesque. Cinq heures plus tard, Brad Vickers nous lançait un énorme lance-roquettes pour mettre un terme à l'expérience Tyran T-002.

On pu apprécier l'auto-destruction du manoir depuis l'hélico et savourer cette fin tant espérée.

Par la suite, nous finirons le jeu un nombre assez conséquent de fois, au point de tout débloquer, de connaître chaque réplique par coeur, même encore aujourd'hui, je suis capable de réciter des trames entières de dialogues.

Bref, ce fut le début d'une longue passion pour cette série qui connut de folles embardées avec les opus suivants mais qui, à mon grand malheur s'est progressivement casualisée pour finir par perdre complètement son ADN avec RE6, alors que le 5 était déjà une bien belle bafouille de la part de Capcom.

Si j'ai le temps, je prendrais peut-être la plume pour raconter mes expériences sur les autres RE les plus marquants, mais pour ça, il faut un public. Partager sa passion sans intéraction c'est un peu comme parler à une boîte de raviolis :) Donc n'hésitez pas à commenter, à partager, critiquer, poser des questions, le but est de communiquer et s'enrichir mutuellement.

Merci aux courageux qui auront lu l'intégralité de cet article en deux parties, vous faîtes mon bonheur ;)

See you around...