Chez moi, on est Sega. Ma première console fut la Master System, ma première expérience portable c'était sur Game Gear, puis mes meilleurs souvenirs sur Megadrive... Avec un père pro-Sega il était difficile de faire autrement. Mais même aujourd'hui je ne regrette pas d'être passé à côté d'une Gameboy ou d'une Super Nintendo. Aujourd'hui, je me fais petit à petit ma collection privée, histoire d'avoir de belles choses à léguer à mes enfants, et de nourrir cette passion dévorante qui m'a amené jusqu'à La Caz' Retro. Et aujourd'hui, 22 ans après, j'ai ma propre Super Nintendo.

Pour une cinquantaine d'euros, je me suis offert une superbe Snes en excellent état, avec deux manettes, et cinq jeux. J'en ai profité pour sortir la petite télé cathodique que j'avais récupérée lors du déménagement de mon frère, sachant que j'en aurais un jour besoin pour mon installation retrogaming. Télé branchée, console reliée avec les câbles d'époque. Je sors la cartouche de Super Mario World, sans omettre de jouer un peu d'harmonica en soufflant sur la carte. Clak! La cartouche est connectée, j'actionne le loquet Marche, et là, un tintement. 

 

S'il y a bien une chose que le retrogaming te remémore, c'est de l'instantanéité du jeu. Pas de logo qu'on ne peut passer, pas de temps de chargement, pas de mise à jour. J'allume ma console, je prends la manette, et je joue. Après quelques réglages de lumière et de contraste sur la télé, je refais connaissance avec un titre mythique que j'ai maintes fois pratiqué, mais jamais possédé. J'ai peine à croire que cette petite cartouche de plastique a seulement deux ans de moins que moi, car le jeu est toujours aussi extraordinaire. C'est à cela qu'on reconnait les grands titres, ils ne vieillissent pas. La "super" manette de la Super Nintendo répond toujours aussi bien, elle n'a pas vieilli non plus. Un plaisir simple, presque instinctif. 

 

 Avec ce titre, j'ai également Street Fighter 2 Turbo, ainsi que Cool Spot (que j'avais déjà sur Megadrive), Alien 3 et Indycar. Il me manque évidemment de grands jeux comme Mario Kart, F-Zero et tant d'autres qui ont fait les beaux jours de la 16bits de Nintendo. Une collection à remplir doucement, tranquillement, sans dépenser des milles et des cents. Je n'ai pas pour autant le luxe de ne prendre que les versions complètes, je m'acommoderais bien d'une version "loose" (la cartouche seule donc). Mais je n'en fais pas pour autant une fixation. Je ne suis pas uniquement retrogameur, j'ai donc un budget à consacrer à des jeux contemporains. Et c'est sans doute là que réside le pur plaisir de jeu. En étant toujours emerveillé par l'histoire de notre média, et en prenant toujours autant de plaisir à jouer à ma chère et tendre Megadrive tout comme je prends un plaisir monstre à redécouvrir la Super Nintendo en me disant "c'est ma mienne"; et bien je prends encore plus de plaisir à jouer sur Playstation 3 ou autre. 

 

Parce que ça m'exaspère toujours autant de voir les joueurs se tirer dessus à propos d'un titre, d'un média qu'il pense tous mieux comprendre que l'autre; j'aime me ressourcer auprès de ce qui fait l'histoire de ce média. Et c'est parce que je m'amuse et m'enrichis d'expériences vieilles de plus de vingt années, que j'ai à mon sens moins de nervosité ou d'agressivité face aux annonces actuelles. Parce que je ne pense pas que c'était mieux avant, et que savoir d'où "je" (en tant que ludophile) viens me fait apprécier d'autant plus où je vais, sans pour autant fermer les yeux sur les dérives que nous rencontrons sur cette génération; et bien je peux dire une chose simple : Je suis né avec un pad dans la main, et je mourrai Sage d'avoir su si tôt qu'un "jouet pour enfants" deviendrait un pan culturel aussi large.