Après la défaite japonaise, toutes les associations et les structures érigées pendant la guerre pour s'occuper des arts furent supprimées (l'Association des beaux arts de l'armée de terre et l'association des beaux arts patriotiques notamment). Le salon officiel, interrompu en 1943, repris ses activités sous le nom de Salon des Beaux Arts du Japon. De nombreux groupes se réformèrent également. La reprise des activités s'accompagna indéniablement de nombreux conflits internes dans les groupes, pour avoir plus de liberté, entres autres. Les disciplines oubliées, comme l'architecture, furent incorporées et considérées désormais comme des pratiques artistiques a part entière (Coucou Waldo). Il fut également lancé, du 8 au 18 décembre 1947, le Salon des Indépendants, qui marqua un tournant non négligeable dans le monde de l'art japonais. Il est évidemment dans la lignée de son homologue français qui avait propulsé les impressionnistes sur le devant de la scène. L'artiste était libre de choisir quoi exposer, et le salon, qui perdura jusqu'en 1965, fut la première grand association japonaise a défendre cette idée. Il formula alors un vent de fraicheur sur la scène artistique japonaise, et un grand enthousiasme dans la création. Les mouvements expérimentaux, stoppés après Mavo, reprirent avec plus de volonté, mais nous allons y venir. Le salon deveint vite célèbre, et fut complimenté par de grands noms européens, comme Matisse et Georges Braque. Des artistes étrangers furent également inités a exposer, comme Max Ernst, Jackson Pollock, ou Mark Rohtko.

De nouvelles nouvelles associations d'artistes naquirent un peu partout. Parmi elles, une très célèbre, Jikken Kobo (L'Atelier Expérimental en français). Ils se définissent ainsi.

L'ancienne matière est tombée en ruine, époque de l'atome.

Elle a déposée les armes, elle est revenue en nous

Elle ne tourmentera plus les hommes,

Mais les hommes ne doivent plus avoir honte d'elle

Dépassons la liberté et l'inéluctable dans la création

Répondons présent a la mort de l'histoire

Le groupe était composé de plasticiens, compositeurs, photographes, scénographes, un poète et critique de musique, un concepteur lumière, un graveur, un pianiste et un ingénieur. Actif de 1951 à 1958 à Tokyo, il a axé son travail sur des oeuvres collaboratives, et l'expérimentation de nouveaux formats et manières d'exposer l'art. Voici un petit inventaire de ses membres. Du coté des plasticiens, on trouve Katsuhiro Yamaguchi, Shōzō Kitadai, Hideko Fukushima, Hideo Yamazaki, Naoji Imai, Kiyoji Ohtsuji, Tetsurō Komai, et chez les compositeurs, Tōru Takemitsu, Hiroyoshi Suzuki, Kazuo Fukushima, Jōji Yuasa, Kuniharu Akiyama, Takahiro Sonoda, Keijiro Satō. Les oeuvres de Jikken Kobo ont disparu des mémoires et de l'histoire de l'art, contrairement a Gutai, autre groupe expérimental qui arriva après. Les artistes ont réalisés de multiples représentations mêlant musique, danse, scultptures et jeux de lumières, a la manière de ballets. Ils expérimentèrent sur la lumière, les sculptures faites a partir de matériaux non nobles, l'art cinétique... Si il n'a pas marqué l'histoire, Jikken Kobo est en quelque sorte le précurseur de Gutai, dont on parlera plus tard, d'ou cet article. Les vagues d'expérimentations se succédèrent, avec des oeuvres étranges et parfois peu compréhensibles, il faut bien l'avouer. D'ailleurs, Jikken Kobo ne créait pas des oeuvres, mais des objets, qu'ils définissent comme ceci:

« Un objet est mort quand les gens ne le découvrent pas, mais dans la mesure ou il prend vie dès l'instant ou quelqu'un pose son regard, c'est qu'il est vivant. »

 

 

Jikken Kobo est l'exemple parfait d'un groupe qui pratique un art qui se veut une menace qui pousse l'individu et la société dans ses retranchements, et repousse les limites de l'art, pour reprendre la formule de Michael Lucken.