Désolé pour la qualité médiocre des images, c'est pas évident de trouver des photos de bonne qualité sur les travaux de Wenda.

Parfois, des artistes sont associés à un matériau, en sont indissociables. Calder et le métal, Yamamoto et le sel, Flanvin et les néons par exemple. Gu Wenda, lui, travaille avec des cheveux. Oui, c'est particulier, et personnellement, je n'adhère pas à tout. Mais bon, peut être que vous, ça vous plaira.

Gu Wenda est chinois autant qu'il est américain. Il a émigré en 1987 avec un visa d'étudiant, à 32 ans. Il habite aujourd'hui à Brooklyn Height, avec sa femme Kathryn Scott. Wenda à trois ateliers, un à Williamsburg, les deux autres en Chine, à Xi'an et Shangai. Comme pour tous les artistes chinois il est nécessaire de s'attarder sur leur passé. Son grand père, acteur de théâtre, l'a formé très tôt à l'importance de la littérature et du langage. Mais la révolution culturelle arrive, et ce dernier est déporté. Il meurt loin des siens, tout comme les grands parents maternels de Wenda. L'artiste va devenir garde rouge. Et va, étrangement, retenir des choses positives de la Révolution Culturelle. Comme la volonté de changer l'attitude du peuple par rapport au langage et à l'art, de simplifier la calligraphie en gros caractère et la volonté de créer une société nouvelle.

 

 

 

 

Mis dans un école de sculpture sur bois, il s'ennuie, et passe son temps à peindre. Au début des années 80, je me souviens des soirées, ou l'ambiance était chaude et les mecs... Oh wait, c'est IAM qui me revient en tête.

Au début des années 80, donc, Wenda invente des idéogrammes. Ils sont peints comme des idéogrammes chinois, ont l'aspect des idéogrammes chinois, mais ce n'en sont pas. Ils ne veulent rien dire. Ils s'affichent, libre de tout sens. Et Wenda s'invente son propre langage. Les gardes rouges l'ont fait, pourquoi pas lui?

En 1986, il tente de montrer de très grandes peintures d'idéogrammes. La veille du vernissage, des gardes rouges débarquent, et ne pouvant lire, accusent Wenda de faire une oeuvre engagée, et il ne pourra pas exposer.

Alors, pourquoi les cheveux?

Hautement symbolique, ce matériau est utilisé par Wenda dans une perspective humaniste et multiraciale, souvent mal interprétée. Les cheveux sont collectés chez des coiffeurs, et le nom des boutiques est toujours précisé, ainsi que la date des prélèvements.

 

 

Ces cheveux, Wenda les jette dans l'espace, en forme de tapisserie légère, arachnéenne, créât, avec la lumière, des monuments et des atmosphères quasi mystiques, et étrangement très esthétiques. Dans chacun des pays ou il intervient, Wenda utilise des cheveux locaux. Sa première exposition, en Pologne, fut fermée au bout de 24h, les juifs du pays voyant en cette oeuvre un rappel à l'Holocauste et aux camps de concentration. Puis Wenda internationalise le propos, il exposera à Lyon, en 2000 par exemple, avec pour but final la terre du melting pot, New York. En Israël, pour les mêmes raisons qu'en Pologne, on l'accueille avec des cris et des contestations.

Wenda « peint avec des gènes humains ». Il peint un langage universel avec les cheveux de toute l'humanité, si différente soit elle, comme une chaine, et pendant dix ans. Gu Wenda est spectaculaire toujours. Et les réactions tumultueuses qu'il engendre à chaque exposition montrent bien la force de son travail.